Le 15 septembre 2024, l’Alliance des États du Sahel (AES), constituée par les dirigeants militaires du Mali, du Burkina Faso et du Niger, a annoncé le lancement prochain d’un passeport biométrique commun, une étape majeure visant à solidifier leur alliance et à renforcer la coopération régionale. Ce projet marque une avancée significative pour ces nations sahéliennes, qui ont pris leurs distances avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’influence de l’ancienne puissance coloniale, la France.
Le colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne, a déclaré lors d’une allocution télévisée que le nouveau passeport entrerait en circulation dans les jours à venir. « Nous harmonisons les documents de voyage au sein de notre espace commun », a-t-il affirmé, soulignant que cette initiative fait partie d’un projet plus vaste visant à améliorer les infrastructures de transport, de télécommunications et de technologies de l’information entre les trois pays.
Le nouveau passeport de l’AES pourrait devenir un outil crucial dans la lutte contre les menaces transnationales telles que le terrorisme, la contrebande d’armes et le trafic de drogue, qui continuent de déstabiliser la région. Depuis l’éclatement de la violence djihadiste dans le nord du Mali en 2012, les conflits se sont rapidement propagés au Burkina Faso et au Niger, créant une zone de fragilité extrême.
Ce document unifié facilitera la gestion des flux de populations, permettant aux forces de sécurité des trois États de mieux coordonner leurs efforts pour contrôler les déplacements et garantir la sécurité des frontières. Avec l’adoption de ce passeport, l’AES espère mieux sécuriser ses frontières tout en assurant une meilleure traçabilité des individus circulant entre ses territoires.
Au-delà des questions de sécurité, ce passeport commun est également perçu comme un catalyseur de l’intégration économique. En facilitant la circulation des citoyens à travers le Mali, le Niger et le Burkina Faso, les trois États espèrent promouvoir le commerce et les échanges interrégionaux. Ces pays sahéliens, dont les économies sont souvent dépendantes de l’agriculture et des matières premières, pourront renforcer leurs liens économiques tout en bénéficiant d’une plus grande stabilité interne.
L’unité des pays de l’AES pourrait également poser les bases d’une indépendance politique accrue, notamment face aux tensions croissantes avec les puissances occidentales, en particulier la France, dont ils se sont éloignés pour se rapprocher de nouveaux partenaires plus intéressant comme la Russie.
La création de ce passeport intervient un an après la formation de l’Alliance des États du Sahel, qui a été officialisée en septembre 2023. L’alliance s’est consolidée avec l’établissement de la Confédération des États du Sahel en juillet dernier, une entité qui regroupe près de 72 millions de personnes. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sous la direction du Mali pour la première année, cherchent à renforcer leur unité face aux défis régionaux.
Ce projet de passeport commun constitue un symbole fort de leur engagement à s’unir pour relever les défis communs, qu’ils soient sécuritaires, économiques ou politiques. Avec cette initiative, l’AES affirme sa volonté de construire un avenir indépendant et prospère pour ses membres, tout en renforçant la résilience de la région face aux crises.
Par Coulibaly Mamadou