Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Soumeylou Boubèye Maïga, accompagné d’une importante délégation comprenant les Ambassadeurs du Mali en France, en Italie, en Suisse, en Belgique et en Espagne, ainsi que le Chef d’état major général des Armées, le général Gabriel Poudiougou, a effectué les 19 et 20 juillet 2011 à Bruxelles, une visite de travail au siège de la Commission de l’Union Européenne (UE).
Au cours de son séjour dans la capitale de l’Europe, le Chef de la diplomatie malienne a eu des entretiens qualifiés d’utiles et de fructueux avec les hauts responsables de l’Union en charge des questions de développement, de sécurité et de lutte anti-terroriste.
Le premier temps fort de la visite du ministre Soumeylou Boubèye Maïga s’est déroulé mardi dernier au Service Européen d’Action Extérieure (SEAE) où il a été reçu par le Directeur Exécutif de ce qui est considéré comme le bras diplomatique de l’UE. M. Nick Westcott a salué la vision claire du Mali, son action déterminée et son leadership sur les défis sécuritaires auxquels l’espace sahélo-saharien est confronté. Il a marqué sa disponibilité et celle du SEAE à appuyer les efforts de notre pays en vue de lutter efficacement contre le terrorisme et l’insécurité.
Renforcement de la coopération régionale : Le Mali en locomotive
Au cours de la séance de travail avec les responsables du SEAE conduits par M. Manuel Lopez Blanco, le coordonnateur de la Stratégie Sahel de l’UE a exposé les principales composantes de ladite stratégie dont le lancement a eu lieu en mai dernier à Bamako. D’un coût estimé à 50 millions d’euros, la stratégie Sahel, vise, de l’avis du dirigeant européen, à poser les jalons d’un développement endogène intégré, à favoriser l’émergence d’un climat de paix et de sécurité, et à lutter contre l’économie criminelle dans le Nord Mali qui précarise davantage une région sujette à des vulnérabilités.
M. Blanco a salué le rôle de premier plan que joue le Mali dans les dynamiques régionales. A cet égard, il a affirmé que « la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays ayant en commun l’état- major conjoint basé à Tamanrasset a été un saut qualitatif dans la coordination régionale».
Pour sa part, le ministre SBM a expliqué les efforts déployés par le gouvernement du Mali dans la lutte contre le terrorisme au plan national et régional. Il a mis l’accent sur les grandes lignes du Programme spécial pour la paix, la sécurité et le développement du Nord (PSPSDN). Conçu par le gouvernement du Mali comme stratégie nationale, ce programme se veut un instrument de développement durable axé sur une présence rationnelle de l’Etat et sur l’appropriation par les populations, du management du développement local. Il décline les activités à mener à court et à moyen terme au plan économique, social et sécuritaire. M. Soumelou Boubèye Maïga a demandé à ses interlocuteurs de diligenter les financements convenus afin de permettre à l’Etat malien de pouvoir faire face aux situations nouvelles d’urgence.
Soumeylou Boubèye Maïga a également fait le point de la coopération régionale à la lumière des avancées significatives de l’état major conjoint de Tamanrasset (commandé par un officier malien) et des actions conjointes récentes des forces armées maliennes et mauritaniennes dans la forêt du Wagadou (sous commandement malien également). Pour M. Maïga, la dynamique régionale en cours est nécessaire et irréversible au regard de la nature des défis. Elle exige l’inter opérationnalité des forces et la mutualisation de leurs moyens. Dans cette perspective, SBM a annoncé la tenue à Alger, au cours de la première décade de septembre 2011, de la réunion entre les pays du champ (Algérie, Mali-Mauritanie, Niger) et les partenaires extra-régionaux (UE, USA, Canada).
Rencontre avec le COPS : Un dialogue politique de qualité
La réunion de travail entre la délégation du ministre Maïga et le Comité Politique et de Sécurité (COPS) a été, de l’avis des Européens, un moment fort de dialogue politique constructif et responsable. En effet, les échanges ont porté sur la Stratégie Sahel de l’UE dans ses aspects conceptuels et opérationnels. Il ressort des échanges que la cohérence entre la Stratégie Sahel et le PSPSDN confortent l’identité de vues et la convergence des solutions préconisées par le Mali et l’UE sur la question. Au demeurant, les deux parties ont dressé le constat que leurs intérêts sont intimement liés dans le Sahel dans le domaine de la sécurité, surtout que la situation socio-politique du Maghreb déplace la frontière sud de l’Europe vers le Sahel.
L’examen des questions politiques et sécuritaires a été prolongé au cours de l’entretien accordé à M. Pierre Vimont, le Secrétaire exécutif du SEAE, ainsi qu’au coordonnateur de l’UE chargé de la lutte antiterroriste, M. Gilles Kerchove qui a permis au Ministre Maïga de développer la vision, la stratégie et les actions entreprises par le Gouvernement du Mali dans ces domaines.
Quant à la rencontre entre SBM et M. Andri Piebalgs, elle a permis de magnifier l’exemplarité de la coopération Mali-UE dans le domaine des projets structurants tels que les infrastructures. Le Commissaire européen en charge du développement a relevé que notre pays est un partenaire de choix dans la coopération entre l’UE et les ACP. A cet égard, les deux personnalités ont évoqué l’élaboration du 11ème FED dont les perspectives sont autant innovantes que l’enveloppe se veut ambitieuse.
Les échanges sur les projets et programmes de l’UE en cours d’exécution au Mali ont été au cœur des discussions avec la Directrice générale de la Direction du Développement et de la Coopération (DEVCO), aussi connue sous l’appellation « Europaid ». Sa Directrice générale, Mme Francesca Mosca et ses principaux collaborateurs ont mis l’accent sur le lien sécurité et développement avant de se réjouir des résultats positifs obtenus par le Mali en matière de sécurité alimentaire et de décentralisation.
Diligenter une aide d’urgence en faveur des régions du Nord :
Pour sa part, le ministre Maïga a invité ses interlocuteurs à envisager avec diligence l’octroi d’une aide d’urgence en faveur des régions du Nord qui prenne en compte les situations nouvelles telles que l’impact de la crise libyenne et la vulnérabilité accrue de la région aux menaces. Selon le ministre, l’aide ainsi sollicitée exigera du partenaire européen une inversion des critères habituels de rationalité économique.
Elle sera axée sur des actions de solidarité de proximité, de visibilité et de permanence de la puissance publique et de renforcement de la sécurité humaine. La Directrice générale de DEVCO a indiqué que les instances européennes examineront avec bienveillance les requêtes que notre pays s’est engagé à soumettre ainsi que celles en cours d’examen.
Avant de boucler sa mission, le Ministre a rencontré au grand complet le Comité militaire de l’UE pour un échange approfondi des questions de défense et de sécurité. Devant cet aréopage constitué des officiers généraux des états-majors des 27 pays membres de l’Union, le général Poudiougou a fait un exposé sur les grandes lignes du PSPSDN. Quant au ministre des Affaires étrangères, il a décliné les attentes fortes de notre pays qui se résument à la formation du personnel, au renforcement de la coopération dans le domaine du renseignement et à l’appui logistique. Il a informé ses interlocuteurs du lancement prochain par le Chef de l’Etat malien, du deuxième pôle sécurisé de développement à Ménaka, après celui de Ber en mai dernier. Le Ministre des Affaires étrangères a également partagé avec le Comité militaire la vision du Mali de faire de Tessalit un centre d’instruction à vocation régionale, dans le prolongement de l’état major conjoint de Tamnarasset. Enfin, Soumeylou Boubèye Maïga a invité les membres du Comité à effectuer un voyage d’étude dans notre pays pour apprécier les actions en cours.
Une visite mémorable
A l’unisson, les partenaires européens rencontrés par le ministre Maïga ont salué sa démarche originale qui a consisté à se rendre à Bruxelles pour rencontrer les principaux responsables de l’Union en charge des questions de sécurité et de la mise en œuvre des projets communautaires dans notre pays. En outre, ils se sont réjouis du leadership très affirmé du Mali sur la thématique centrale de la sécurité au Sahel, de la visibilité que cela confère à son action diplomatique internationale, et de son rôle catalytique dans la redynamisation de la coopération régionale.
La visite du ministre Maïga, faut-il le rappeler, fait suite à celle effectuée le 7 septembre 2010 au Parlement Européen à Strasbourg par le Président Amadou Toumani Touré et qui a jeté les bases de la structuration nouvelle du dialogue politique que notre pays entretien avec l’UE.
La composition de la délégation du ministre Maïga, élargie aux Ambassadeurs du Mali accrédités auprès des Etats Européens traduit la volonté du Chef de la diplomatie malienne d’instaurer un partage efficient de l’information entre tous les intervenants de l’action diplomatique, d’asseoir une unité de doctrine et de parole, et d’agir sur la complémentarité entre action bilatérale et activité multilatérale de ses services extérieurs.
Le message du Mali a été pleinement compris par les responsables européens qui n’ont pas caché leur satisfaction devant les actions en cours, même si tous reconnaissent l’urgence qu’il ya à améliorer la communication. Nul doute que la présente visite ouvrira un chapitre nouveau dans la coopération exemplaire que le Mali entretien avec l’UE.
Depuis Bruxelles, une correspondance particulière de Cheick Oumar Coulibaly,