Lors d’une conférence de presse tenue avec son homologue malien, le ministre marocain des Affaires étrangères a déclaré que, contrairement à certains, le Maroc n’avait aucune baguette magique pour résoudre la crise malienne. De son côté, Abdoulaye Diop a affirmé que la diplomatie marocaine a la meilleure lecture de la situation de son pays. Après avoir réceptionné des mains de son homologue malien un message de paix adressé au Roi Mohammed VI par le président de la Transition malienne, Assimi Goïta, le ministre marocain a souligné que les relations entre les deux pays reposaient sur une forte dimension humaine et religieuse.
Tout en rappelant les visites royales au Mali de 2013 et 2014 ayant abouti à la signature de 17 accords de coopération, Nasser Bourita a déclaré que la visite du ministre Abdoulaye Diop avait été l’occasion de passer en revue l’état de la coopération et de renforcer les relations bilatérales dans le cadre de plusieurs décisions communes.
Reprise imminente de la coopération bilatérale
«En premier lieu, nous avons convenu de réactiver très prochainement tous les mécanismes de coopération entre nos deux pays, à savoir les commissions mixtes et le dialogue politique, avec des dates et des échéances de rencontre.
Deuxio, nous allons aussi relancer la coopération sectorielle avec un programme de visite des deux côtés.
En troisième lieu, j’ai fait part à mon homologue de la disposition du Maroc à accompagner le programme de développement du Mali dans les secteurs les plus importants comme l’agriculture, l’eau, la santé, l’information et les investissements dans les infrastructures”.
“Le Mali a toujours été un partenaire important du Maroc”
«Le Mali a une place particulière dans la coopération bilatérale, sachant que c’est la troisième destination des investissements marocains en Afrique, et le deuxième bénéficiaire des bourses d’études et de formation qui sont allouées par le Maroc au continent africain. C’est aussi un partenaire commercial important du Maroc dans l’Afrique subsaharienne, avec des axes routiers qui relient nos deux pays, à travers la Mauritanie, et qui permettent d’approvisionner quotidiennement les marchés maliens en produits marocains».
“Notre position de non-ingérence dans les affaires maliennes
a toujours été constante”.
“Notre entretien a permis de réitérer notre position à l’égard de la situation politique actuelle du Mali”.
“En effet, le Maroc a toujours eu une doctrine claire qui consiste à ne pas s’ingérer dans les affaires intérieures des pays voisins ou proches, sachant que de tout temps, nous préférons faire confiance au génie des peuples pour porter un regard lucide sur les évolutions et le développement du pays.”
“Contrairement à certains, nous n’avons aucun agenda au Mali”
“Ainsi, à l’image de notre position de neutralité sur la crise libyenne, le Maroc n’a aucun agenda ni solution magique pour résoudre le dossier malien. Contrairement à certains, nous n’avons ni baguette magique ni même un pourcentage de solution au problème malien car le Maroc préfère faire confiance aux autorités et aux forces vives maliennes pour trouver la meilleure solution à adopter en pareil contexte.
Pour le Maroc, le rôle de la communauté internationale et des partenaires du Mali doit se cantonner à l’accompagnement des priorités définies par les autorités maliennes, et certainement pas de se substituer à elles avec des recettes extérieures dont le Mali serait l’objet et non l’acteur.”
“Personne d’autre que le Mali ne pourra résoudre sa crise actuelle”
“Encore une fois, le Mali doit être l’acteur principal du retour à sa stabilité et au développement de son peuple. C’est la raison pour laquelle le Maroc a toujours été constant dans sa position de ne pas s’ingérer dans les affaires du Mali ou d’utiliser sa crise, comme certains, pour faire avancer un agenda interne.“Pour cela, la communauté internationale doit articuler ses actions autour des axes définis par l’État malien, et c’est dans cette logique que le Maroc s’est toujours abstenu de faire des commentaires ou des appréciations, en préférant le dialogue avec les autorités maliennes. J’ai d’ailleurs rencontré, en 2020, les autorités maliennes pour porter le même message qui consistait à dire que le Mali devait être le seul acteur à définir son cheminement, sans aucune intervention extérieure.”
“Une décennie perdue par des acteurs externes”
“Ainsi, ceux qui veulent vraiment aider le Mali ne doivent pas utiliser ses problèmes internes ou se substituer à ses autorités, mais plutôt l’accompagner pour renforcer son action. Sachant que la stabilité du Mali est un élément clé de la stabilité régionale, le Maroc regrette que certains acteurs de la communauté internationale aient multiplié, lors de la dernière décennie, des réunions, des envoyés spéciaux, des rapports et, enfin, des conférences autour du Mali avec les résultats que l’on connaît. Il est donc plus que jamais temps de changer d’approche et de laisser les Maliens définir leur propre vision, et de ne faire des conférences qu’à partir de cette vision pour accompagner sa mise en œuvre. C’est notre position, car nous n’avons pas un discours pour le Mali et un autre pour l’international ; le Maroc a un seul discours ancré dans une doctrine de non-intervention.
“Votre visite va donc nous permettre de renforcer notre coopération bilatérale et d’accompagner la dynamique de développement du Mali”, a conclu le ministre marocain en ajoutant que la visite marocaine de son homologue était de bon augure pour l’avenir.
“Le Mali est ravi du développement de la coopération avec le Maroc”
Après l’intervention de son hôte, le ministre malien a d’abord tenu à féliciter la reconduction de Nasser Bourita à son poste “pour mener à bien la diplomatie malienne”, avant de corriger son lapsus avec un large sourire, en précisant que c’était la preuve que les deux pays frères étaient très proches.
“Hormis le message adressé à Sa Majesté le Roi que j’ai été chargé de vous remettre, je repars rassuré, grâce à la position du Maroc sur la situation actuelle au Mali. Le Mali a beaucoup apprécié l’appui multiforme du Maroc à notre pays en termes de politique, de coopération et de développement économique. En effet, le Maroc est très dynamique au Mali dans tous les domaines comme l’agriculture l’élevage les banques, la santé et j’en passe.”
“Les assassins des
camionneurs marocains
seront pourchassés et punis”
“Je tiens à présenter mes condoléances au peuple et au Roi du Maroc pour l’ignoble assassinat de vos deux compatriotes sur le sol malien. Cet acte barbare ne manquera pas d’être puni par les autorités maliennes qui ont mis tous les moyens en œuvre pour retrouver les responsables et les juger sévèrement. C’est d’ailleurs l’occasion de dire aux opérateurs marocains que ces actes ne doivent pas nous décourager pour multiplier les échanges commerciaux entre les deux pays.”
“Le Mali ne s’opposera jamais aux intérêts du Maroc au Sahara”
«Sur la question du Sahara, j’ai réitéré notre position constante qui consiste à adhérer pleinement et entièrement au processus mené par l’ONU pour trouver une solution politique pacifique, juste et durable. L’occasion de rappeler à mon frère Nasser que le Mali ne s’opposera jamais aux intérêts du Maroc, comme cela a toujours été le cas depuis l’époque du président Modibo Kéïta et de tous les gouvernements qui lui ont succédé».
“Le Maroc a la meilleure lecture internationale de la crise malienne”
«Concernant la crise que notre pays traverse, nous apprécions énormément les efforts du Maroc qui contribueront à nous sortir de cette crise.Comme l’a précisé à juste titre mon homologue marocain, aujourd’hui, la communauté internationale doit prendre conscience du fait que si la paix est menacée au Mali, c’est l’ensemble de la région qui présente des risques de déstabilisation.
Sachant que le contexte sécuritaire est chargé de menaces pour plusieurs pays de la région, nous nous félicitons du fait que le Maroc ait la meilleure lecture de la situation actuelle».
“Plus aucune certitude sur la tenue d’élections maliennes le 27 février 2022″
“Nous devons donc être mieux compris sur cette question par la communauté internationale, surtout après le désengagement du partenaire français qui a créé un vide sécuritaire que le Mali doit combler. Un problème supplémentaire qui pourrait d’ailleurs nous empêcher de tenir nos élections dans certaines localités du Mali.
En effet, notre grand défi sera de tenir les délais des élections en février 2022″, a conclu le ministre malien en précisant qu’à ce jour il n’y avait aucune certitude qu’elle puisse se tenir le 27 février prochain.
Source Médias 24