L’arrêt brutal de l’USAID va-t-il impacter négativement l’Afrique ?

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C’est désormais une réalité, Donald Trump a brusquement décidé d’arrêter l’aide américaine à tous les programmes étrangers. Cela  va-t-il impacter négativement en priorité les pays africains vivant déjà en crise multidimensionnelle ?  Si la réponse  à cette question  est  difficile et complexe, une chose est certaine, le  président américain s’est  fortement engagé à mener, lors de son mandat actuel,  sa  politique “America  first”. C’est le reste du monde, notamment l’Afrique,  qui doit riposter pour montrer aux USA qu’ils ont aussi dépendants des autres.

 De notre point de vue, c’est une décision souveraine  qui pourrait réveiller  le monde entier, en l’occurrence le  continent africain  qui doit désormais  affirmer  son importance aux  USA. Qui ont aussi fortement besoin des ressources énergétiques et minérales du continent noir. Sans oublier que notre continent occupe  une position géostratégique sans égale sur la planète terre.

 Oui, les conséquences du gel (ou la liquidation) de l’USAID est une réalité. Déjà, ses employés sont en chômage. Et Elon  Musk, nommé à la tête du tout nouveau département américain de l’Efficacité gouvernementale (DOGE), ne cesse de  qualifier  l’agence américaine, qui distribuait  l’aide américaine via des programmes et organisations partenaires, d’« organisation criminelle ». Il va jusqu’à déclarer  mordicus  qu’il  est « temps pour elle de mourir », Alors que  l’aide américaine se déployait depuis des décennies  dans 150 pays sur la planète terre. Et que six  pays africains  figuraient  parmi ses 10 premiers bénéficiaires. Mais  l’Afrique est-elle vraiment  dépendante de l’aide américaine pour la survie de ses populations, notamment  les plus fragiles ? Cette  question pertinente  doit avoir une réponse mieux élaborée.

Par ordre de milliards d’aide au développement US, l’Éthiopie se positionne en tête, suivie par le Soudan du Sud, le Nigeria, l’Ouganda, le Kenya et la République démocratique du Congo. Pour chacun de ces six pays, l’aide américaine constitue plus de la moitié de l’assistance étrangère perçue. Et  selon un rapport de l’OCDE, elle représentait tout simplement un tiers de l’aide publique américaine qui a inondé le continent africain en 2022.

L’aide américaine deviendrait  donc cruciale pour les populations et son  gel soudain aurait, sans nul doute,   des conséquences à très court terme sur des dizaines d’ONG qui travaillent en Afrique et qui  sont  obligés de  stopper leurs projets du jour au lendemain. La suspension de l’aide américaine  va  plonger  des dizaines d’ONG dans une extrême fragilité,  tant elles sont dépendantes de l’USAID. Ce sont des cas de  Solidarité Internationale, par exemple, qui dépendent  à 36 % des aides américaines.

Ainsi l’Éthiopie, confrontée à une des catastrophes humanitaires les plus aiguës  d’Afrique, est le deuxième pays bénéficiaire de l’aide américaine au développement. Selon un  rapport de l’OCDE, 1,45 milliard de dollars ont été versés à l’Éthiopie en 2022.Parce que les États unis sont un soutien de longue date de l’Éthiopie, certainement  en raison de sa position stratégique sur le continent africain. Ce pays serait  dans une situation économique et politique alarmante, conséquence d’une guerre civile qui perdure depuis trois ans. Ce qui fait que  l’aide humanitaire pour  l’Éthiopie est une course contre la montre pour la survie de 20 millions d’habitants, dont des enfants qui souffrent de malnutrition.

Des analystes estiment  même que ce gel  de l’aide américaine va porter un  coup fatal à la lutte contre le sida en Afrique. De sorte que la dernière victime africaine de la suspension de l’aide américaine  n’est pas un pays, mais une maladie : la lutte contre le sida fera les frais de ce décret de Donald Trump. Plus de 20 millions de personnes sont aujourd’hui soignées par les traitements financés par le programme Pepfar, la plus importante initiative de lutte mondiale contre le VIH, mise en place au début des années 2000. L’Afrique étant  le continent le plus touché par le VIH aujourd’hui,  en stoppant ces aides et ces traitements, des milliers de personnes ne pourront plus être soignées.

 Toutefois, même s’il est une réalité que le gel brutal des aides américaines à l’Afrique n’est pas sans conséquence, il n’en demeure pas moins que ce gel  de  l’USAID  va  aussi  contribuer  à déclencher  un électrochoc aux Gouvernements  et populations africains pour qu’ils cessent enfin d’être des éternels assistés. Alors que le continent noir  est potentiellement très riche. Et qu’il  peut bien peser sur la scène internationale  si jamais les africains et leurs autorités optent pour une gouvernance vertueuse, en ne bradant plus nos matières premières aux Gouvernements et compagnies multinationales occidentales. Ce faisant, la manne  financière que les pays africains  obtiendraient  de la vente juste de leurs matières,  dépasserait  de loin la masse financière que leur allouait l’USAID. En ce moment, le continent noir pourrait prendre en charge ses propres besoins sur tous les plans.

La réponse du berger à la bergère

Dans une décision audacieuse et sans précédent, le gouvernement sud-africain aurait  officiellement suspendu toutes les entreprises américaines sur son territoire et aurait  suspendu les exportations de minéraux vers les États-Unis. Cette mesure drastique fait suite à la décision de Donald Trump de couper tous les financements américains à l’Afrique du Sud, y compris l’USAID. Le gouvernement sud-africain aurait  clairement fait savoir qu’il ne tolérerait plus le manque de respect et le mépris affichés par le monde occidental.

« L’Afrique n’est pas un continent mendiant », a déclaré un porte-parole du gouvernement sud-africain. « Nous ne serons plus pris pour acquis. Si les États-Unis pensent qu’ils peuvent simplement couper les financements et s’attendre à ce que nous revenions en rampant, ils se trompent lourdement. ». Cette mesure devrait avoir des répercussions économiques importantes pour les deux pays. Les États-Unis réalisent plus de 25 milliards de dollars de bénéfices annuels en Afrique du Sud, et la suspension des entreprises américaines et des exportations de minéraux va sans aucun doute frapper durement l’économie américaine.

Toutefois, l’Afrique du Sud devrait également en ressentir les effets. Le pays dépend aussi fortement des exportations vers les États-Unis, et la perte de ce marché entraînera probablement des pertes d’emplois et une instabilité économique.  Malgré cela, le gouvernement sud-africain reste déterminé. « Nous sommes prêts à prendre position et à affirmer notre souveraineté », a déclaré le porte-parole. « Nous ne nous laisserons plus intimider par les États-Unis. »

Cette décision  du Gouvernement  sud-africain a été saluée comme une mesure audacieuse et courageuse par de nombreux Africains, qui y voient une affirmation de la souveraineté et de l’indépendance africaines qui n’a que trop tardé. Alors que la situation continue d’évoluer, une chose est claire : l’Afrique du Sud a tracé une ligne rouge et les États-Unis seront obligés de réévaluer leurs relations avec le continent.

Gaoussou Madani Traoré

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1 commentaire

  1. Qu’on meurt de faim alors.
    Dire que nous sommes dans ce monde pour seulement recevoir l’aide des autres.
    Mon village n’a jamais recu un franc de USAID mais nous vivons quand meme.
    Si les ricains voulaient aider l’Afrique ils allaient arreter de subventionner leurs cotoncluteurs.
    Cela veut dire ques les contoculteurs ricains ne peuvent pas vendre leur coton.Ils ne vont plus cultiver le coton.L’offre sur le marché international diminue les prix grimpent c’est bon pour le Mali, le Faso, le Benin, le Tchad, Cameroun, Soudan, Egypte.
    Ce que AES en tire est de loin supérieur a l’aide ricaine.

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