Mme Françoise Ackermans, Représentante de l’Unicef au Mali et ses plus proches collaborateurs ont rencontré la presse le 7 novembre 2012 à l’hôtel Kempinski. Le but de ces échanges, les premiers du genre pour la nouvelle responsable du Fonds onusien, qui a pris fonction il y a tout juste deux mois, était de réfléchir en commun sur les réponses apportées par l’UNICEF aux préoccupations actuelles de notre pays dans le cadre de son mandat et de ses missions et de renouveler avec les journalistes un partenariat déjà ancien au bénéfice des enfants et des femmes du Mali.
Mme Françoise Ackermans a axé son exposé liminaire sur la mortalité infantile et la problématique de la nutrition, avant de s’appesantir sur le contexte de situation humanitaire dramatique qui prévaut au Nord comme au Sud de notre pays. Premier impératif pour l’UNICEF au Mali, le respect des dispositions de la Convention des Droits de l’enfant.
Elle a déploré que, dans ce domaine, la mise en œuvre des politiques publiques de protection et de promotion des droits de l’enfant se heurtent encore à des obstacles comme la pauvreté, l’analphabétisme, la persistance de pratiques coutumières et le manque de moyens de l’État et des collectivités territoriales, malgré l’investissement des structures en charge de ce volet, de la société civile nationale et internationale et des Partenaires techniques et financiers du Mali.
Selon la dernière EDS (Enquête démographique et de santé), relèvera aussi Mme Ackermans, plus de 344 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dans notre pays, soit 24 par heure. Ce n’est pas pourtant faute de stratégies de prévention et de prise en charge de la part de l’UNICEF et de ses partenaires. Pour preuve, les réponses apportées en urgence par l’UNICEF pour secourir les populations du Nord sous occupation ou déplacées à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, en termes de santé, éducation, hygiène et assainissement, les enfants et leurs mères étant les premières victimes de la crise.
C’est le Dr Andelé Karim Aboudou, Responsable de la Survie de l’enfant du Bureau pays de l’UNICEF au Mali qui a détaillé les activités menées dans ce domaine. Il ressort de ses explications que l’UNICEF a déjà fourni plus de 448 tonnes de matériel aux communautés restées sur place, en appuyant ses partenaires locaux et l’Etat par la fourniture d’aliments thérapeutiques pour les enfants souffrant de malnutrition aiguë, de médicaments pour les centres de santé, de matériel pour stocker et traiter l’eau domestique ainsi que d’articles ménagers de base pour les familles déplacées. Sans compter la réhabilitation et le ré-équipement de 36 Centres de santé qui avaient tous été saccagés et pillés aux premières heures de la rébellion.
Des campagnes de vaccination intégrées ont eu lieu dans les régions de Gao, Tombouctou et Kidal, ce qui a permis à de 276 000 enfants d’être immunisés contre la polio et la rougeole et de bénéficier d’apports en Vitamine A et en vermifuges. Pour ce qui concerne les plus de 412 000 personnes déplacées, le soutien psychosocial, pour arriver à résilience face aux traumatismes subis et les atteintes aux droits fondamentaux vécues par les femmes et les enfants, dont certains ont été enrôlés par des belligérants armés, l’UNICEF s’investit déjà et prend date pour être à même de faire face à tous les scenarii en cas d’intervention armée.
Car il s’agira, quel que soit le cas de figure et les options choisies par le Mali, la CEDEAO, l’UA et l’ONU pour récupérer les régions occupées, de sensibiliser les communautés sur les risques des mines et autres engins explosifs, d’aider à la réinsertion sociale des enfants libérés par les groupes armés, en collaboration avec le ministère de la Justice, et de continuer à mener toutes les activités de prévention et de prise en charge et de sensibilisation des autorités en matière de protection des droits des civils, en particulier les enfants et les femmes.
C’est dire que les besoins sont immenses. Selon Mme Ackermans, bien que de nombreux succès aient été enregistrés au Mali, la situation actuelle les met à mal et signe même l’amorce de reculs sur certains plans. Les capacités d’analyse et de proactivité des différents acteurs, à tous les niveaux, doivent donc être fortement mises à profit pour agir de manière appropriée et efficiente. 2/3 des budgets de l’UNICEF au Mali sont actuellement des budgets d’urgence et Mme Ackermans a interpellé la presse afin que celle-ci n’oublie pas son rôle de partenaire stratégique du Fonds: «être la voix des enfants», de manière professionnelle, en témoignant de leur vécu quotidien, au Nord comme au Sud, comme des actions menées en faveur de la promotion de tous leurs droits et de ceux de leurs mères.
Ramata Diaouré