Au moment où le Mali fête les cinquante ans de son accession à la souveraineté nationale et internationale, la Libye, un des partenaires stratégiques de notre pays, renforce sa présence dans l’économie malienne. Les investissements libyens touchent principalement le domaine hôtelier, les hydrocarbures et le domaine agricole : plus de 50 milliards FCFA dans l’hôtellerie, 56 milliards à l’Office du Niger pour l’aménagement de 100 000 hectares et 53 milliards FCFA pour la Cité administrative, etc. Soit plusieurs centaines de milliards FCFA injectéss dans l’économie malienne.
Cette présence libyenne au Mali s’est bonifiée lors des festivités marquant le cinquantenaire de l’indépendance de notre pays. Le guide de la Jamahirira arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, arrivé à Bamako dans l’après-midi du lundi 20 septembre 2010, n’a pas lésiné sur les moyens pour matérialiser cette présence de son pays auprès du Mali et surtout lors des moments décisifs de son histoire.
Le Guide libyen, comme à son habitude, n’est pas venu les mains vides. Il a apporté quatre limousines qui ont servi à transporter certains invités de marque. Quatre parachutistes libyens ont aussi pris part au défilé au côté des militaires maliens.
Par ailleurs, après le gigantesque défilé militaire sur l’Avenue du Mali, Amadou Toumani Touré et son hôte ont inauguré, dans la foulée, la Cité administrative, un symbole-phare de la coopération entre nos deux pays. Elle est financée, en grande partie, par la Libye à hauteur de 53 milliards de FCFA. Ce joyau, qui a été baptisé du nom de " la Cité administrative Mouammar Kadhafi ", vise à améliorer le travail des fonctionnaires de l’Etat. Elle va non seulement abriter la Primature, l’essentiel des départements ministériels, mais aussi les directions de certaines structures administratives. Il est à préciser que mise à part la Primature qui est à cinq niveaux, les départements ministériels sont à quatre niveaux. La Cité administrative Mouammar Kadhafi compte, également, quatorze résidences. Cette réalisation met en avant la coopération économique que la Libye entretient avec notre pays depuis quatre décennies.
Les opérateurs économiques libyens se bousculent au portillon et investissent la quasi-totalité des secteurs économiques de notre pays.
Plus de 50 milliards dans l’hôtellerie
En effet, s’il y a un domaine dans lequel cette présence s’est éloquemment illustrée, c’est bien l’hôtellerie. Les Libyens ont pu acquérir la plus grande structure hôtelière du pays, à savoir l’Hôtel Laico de l’Amitié et l’ex hôtel Kimpeski, baptisé hôtel El Farouk situé en bordure du fleuve Niger. Les opérateurs économiques libyens ne se sont pas arrêtés en si bon chemin. Ils ont aussi racheté l’hôtel Azalaï de Tombouctou et le Mariétou Palace de l’ex-richissime homme d’affaires malien, Babani Sissoko, pour 6 millions d’euros. Cet hôtel, qui jouxte le fleuve Niger et dont les travaux sont en phase de finition puisque l’inauguration est prévue pour 2011, va profondément révolutionner le parc hôtelier de notre pays.
Ces investissements libyens dans l’hôtellerie sont estimés à plus de 50 milliards FCFA. Le directeur de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (OMATHO) Oumar Balla Touré, faisait savoir, au cours d’une de ses sorties, que les opérateurs économiques libyens vont investir plus de 23 milliards FCFA rien qu’à l’hôtel Mariétou Palace. Cela en raison même du positionnement stratégique de cet hôtel. Lequel constituera, dans les mois à venir, un véritable mirador pour la capitale malienne. Dans cet ambitieux projet, il est aussi prévu l’aménagement et l’embellissement des berges du fleuve Niger sur près de 2 km.
A en croire les responsables de l’hôtellerie au Mali, le rachat d’établissements hôteliers maliens par la Libye est loin d’être un bradage, à partir du moment où l’investissement restera au Mali d’autant que la main d’œuvre et les infrastructures resteront maliennes. Il est prévu la création de 600 à 700 emplois directs grâce aux fonds libyens. Un véritable acquis quand on sait que dans le secteur du tourisme un emploi direct créé deux emplois indirects.
Les responsables du secteur de l’hôtellerie, très prolixes sur le sujet, n’en finissent pas de louer la présence des capitaux libyens dans ce milieu, convaincus du fait qu’un " pays est jugé à travers sa structure hôtelière et le Mali peut, aujourd’hui, accueillir n’importe quelle rencontre internationale, mais aussi le parc hôtelier du Mali connait, depuis quelques années, une croissance exponentielle tant à Bamako qu’à l’intérieur du pays ".
Banque et hydrocarbures
Les investisseurs libyens sont aussi très présents dans le secteur bancaire à travers la Banque commerciale du Sahel (BCS) dont le capital s’élève à 10 millions d’euros. Une banque qui s’est surtout spécialisée dans le micro crédit. S’y ajoute la Société nationale des tabacs et allumettes du Mali (SONATAM) qui a été sauvée de la faillite par la Libye pour 70 millions d’euros. Ces activités bénéficieront de l’encadrement d’un Bureau populaire d’investissement créé par des privés libyens à Bamako. Cette structure sera chargée de coordonner leurs actions. Pour la petite histoire, l’un de ces privés vient d’installer une société de concassage de pierres dans la région de Koulikoro. Coût du projet : 2 millions d’euros.
S’agissant du secteur pétrolier, l’investissement libyen gagne de plus en plus du terrain. L’ouverture de la chaine pétrolière " Oilibya " constitue l’une des illustrations les plus éloquentes de la présence d’investisseurs libyens dans les hydrocarbures. En plus de Oilibya, d’autres sociétés se font annoncer dans le secteur.
Abdoulaye DIARRA
Malibya, un projet d’aménagement de 100 000 ha en cours à l’Office du Niger
Conformément à la vision et aux aspirations du président Amadou Toumani Touré du Mali et du Frère Guide Mouammar Kadhafi de la Libye de faire de l’agriculture un modèle de coopération sud/sud, le gouvernement libyen a décidé de mettre en valeur 100 000 hectares dans la zone Office du Niger à Ségou mis à sa disposition par le Mali.
C’est dans ce cadre qu’une société dénommée Malibya Agriculture a été créée en vue de concrétiser les aspirations de nos deux peuples frères et de leurs dirigeants en matière d’autosuffisance alimentaire.
Société dédiée au développement agricole du Mali, Malibya Agriculture prévoit de grands travaux d’aménagements à l’Office du Niger pour de la production de riz hydride dont les prévisions dépassent largement le rendement habituel à l’hectare, en collaboration avec le Centre national chinois du riz hybride. Pour l’exécution du premier volet de ce projet, appelé à faire de l’Office du Niger le grenier de la sous-région, voire de tous les pays membres de la CEN-Sad, Malibya Agriculture a lancé un appel d’offres international.
A l’issue du dépouillement, c’est l’entreprise chinoise CGC qui a enlevé le marché. Ce premier volet d’un montant de 55 millions de dollars US, est relatif à l’agrandissement du canal d’approvisionnement en eau et au bitumage d’une route de 40 Km dans la zone de Macina, précisément à Bougouwéré. Ce premier volet devrait commencer avec l’aménagement d’une tranche de 25 000 hectares. Aujourd’hui, ce sont les travaux de 17 000 ha qui sont engagés. Pour cela un gigantesque canal de deux lots a été creusé.
Le premier est un don de la Libye au Mali. Il est long de 18 km et large de 120 mètres, d’une profondeur de 3 m avec un débit de 230 m3/s. Avec ses régulateurs, ce premier lot comporte trois ponts et un déversoir pour drainer l’eau ailleurs. Quant au second lot, il est long de 22 km et large de 54 m, avec une profondeur de 4 m et un débit de 130 m3/s. Il comporte deux régulateurs et deux ponts.
C’est sur ce deuxième lot que les investisseurs libyens pourront intervenir. Les aménagements qui vont être réalisés ici seront d’un grand apport pour la zone Office du Niger en quête d’un développement intégré. Puisqu’on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs, le projet d’aménagement des 100 000 ha de Malibya a occasionné le déplacement d’une partie de la population à Kolongo.
Cet état de fait a été mal interprété par certaines personnes qui ont affirmé que l’Etat a vendu des terres de l’Office du Niger à des libyens et que nos paysans seront désormais des ouvriers agricoles à la merci des investisseurs libyens. Cette désinformation a été même relayée par une certaine presse étrangère qui, apparemment, voulait régler ses comptes avec la Libye et son Guide, Mohammar Kadhafi. Sinon le projet Malibya, qui est, du reste, un projet d’utilité publique, a pris toutes les mesures qui s’imposent pour "dédommager" les populations qui ont été touchées par les aménagements.
Selon le premier adjoint au maire de Kolongo chargé du foncier, Mohamed Ouedraogo que nous avons rencontré sur le terrain à la faveur de la visite du PDG de l’Office du Niger, il y a un mois "le projet Malibya a conquis l’adhésion de presque tous les paysans. Au début des opérations, on n’avait rien compris. Il a fallu des échanges utiles afin de faire comprendre l’utilité du projet. Aujourd’hui, chacune des familles touchées par le projet a eu son lot. Pour cela 13 ha nous ont été donnés sur lesquels nous avons prévu 130 lots à usage d’habitation. Mieux, la bagatelle de 116 millions de FCFA a été gracieusement distribuée aux recasés. Nous avons fait agrandir même le cimetière par le projet".
Aussi, Mohamed Ouédraogo nous a révélé que "le troisième distributeur du schéma directeur de l’Office du Niger devait obligatoirement passer par l’actuel circuit du projet Malibya". Ainsi, les travaux d’aménagement dans cette zone de l’Office du Niger devenaient obligatoires, tôt ou tard.
Il y a donc lieu de saluer l’initiative présidentielle qu’est le projet Malibya pour avoir contribué à la politique des aménagements hydro-agricoles qui feront de l’agriculture un secteur de développement économique et social. Aujourd’hui, le projet Malibya a réussi à réaliser le miracle en deux petites années.
Abdoulaye DIARRA
