La Banque mondiale accorde 188, 260 milliards de Fcfa au Mali : Pour accroître l’accès aux services d’assainissement et d’eau dans la ville de Bamako et renforcer la résilience des ménages ruraux dans les zones arides

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C’est l’importante moisson faite par les autorités de la transition auprès de la haute institution financière, preuve qu’entre Breton Wood et Bamako, la confiance est de mise.Cette opération est à mettre au crédit du ministre de l’Economie et des Finances, Alousséni Sanou, qui ne cesse de montrer au fil du temps qu’il connaît bien les questions de finances et de banques, et qui prépare bien en conséquence ses dossiers.

 

Le manque d’assainissement constitue un facteur de risque important pour la santé des Maliens. Il affecte singulièrement les populations pauvres, marginales et vulnérables, dont plus de la moitié souffre en permanence de maladies liées au déficit d’accès à un assainissement adéquat. Justement, parlant de vulnérabilité, les populations les plus touchées habitent dans les zones arides, d’où la nécessité de renforcer leur résilience. Conscientes de cette situation qui ne peut perdurer, les autorités de la transition ont décidé d’agir. Ainsi, le ministre de l’Economie et des Finances, Alouséni Sanou, malgré les obstacles posés par les ennemis du Mali, a entrepris de démarcher les partenaires techniques et financiers. A l’issue de ces négociations, il a pu obtenir auprès de la Banque mondiale un double financement qui va permettre de mettre à la disposition des populations affectées des infrastructures afin de soulager leurs souffrances. La cérémonie de signature des deux accords de financement  a eu lieu le lundi, 12 décembre 2022, au ministère de l’Economie et des Finances. Alouséni Sanou et la  Directrice des Opérations de la Banque mondiale au Mali, Mme Clara DE SOUZA, ont procédé à la signature des deux accords dont le montant cumulé est de 287 millions d’euros, soit environ 188 259 659 000 F CFA. Ces accords de financement ont pour but d’accroître l’accès aux services d’assainissement et d’eau dela ville de Bamako, la productivité agricole et renforcer la résilience des ménages ruraux vivant dans les zones arides. Ce montant sera affecté à deux projets qui existent déjà, qui se feront le devoir, en ce qui concerne chacun, d’exécuter les projets objets des deux accords. Ces deux projets sont : le Projet de Résilience Urbaine de la Ville de Bamako (PRUBA)  et le Projet de Développement  Agricole des Zones Arides au Mali (PDAZAM). Selon Alouséni Sanou, la signature de ces deux Accords de financement est la matérialisation des priorités des plus hautes autorités en adéquation avec le Cadre Stratégique pour la Relance Économique et le Développement Durable (CREDD) pour la période 2019-2023.

 

Environ 168 056 183 400 FCFA seront affectés au Projet de Résilience Urbaine de la Ville de Bamako (PRUBA)

 

Le  Projet de Résilience Urbaine de la Ville de Bamako (PRUBA) est une opération qui a pour objectif d’améliorer l’accès aux services de traitement des déchets urbains, d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable, d’accroître la résilience aux inondations dans certaines zones vulnérables du District de Bamako et des communes voisines ciblées, et de renforcer les capacités de gestion urbaine. Avec l’affectation de ce montant, il se chargera de réaménager la décharge de Noumoubougou ( à une trentaine de kilomètres sur la route Bamako-Koulikoro) en un centre moderne d’enfouissement technique ( il n’y a pour l’instant qu’un seul centre d’enfouissement technique au Mali situé dans la ville de Sikasso), incluant des équipements pour la valorisation des déchets, et à aménager un second site à Mountougoula ( dans la périphérie de Bamako sur la route Bamako-Ségou) pour doter le Grand Bamako d’une capacité de traitement de 20 ans. Cette capacité sera augmentée par la modernisation de la cellule existante pour atteindre une capacité supplémentaire de 2 millions de tonnes sur les 40 hectares restants du site. En outre, le montant servira à construire deux usines de traitement des boues fécales pour remédier à l’absence actuelle de tout système d’assainissement approprié de Bamako. Ces deux usines auront une capacité journalière totale de 600 mètres cubes, équivalent à 42 tonnes de matière sèche, bénéficiant à 700 000 habitants. 800 blocs-latrines seront construits dans les établissements publics sélectionnés. Les ménages les plus pauvres, situés à proximité de ces établissements, bénéficieront également de la construction de 20 000 latrines domestiques.

Il est important de signaler qu’en termes de gestion des déchets liquides, l’écrasante majorité de la population ayant un accès à l’assainissement dispose d’un assainissement autonome, même dans les grandes villes. Pour le traitement des boues de vidange, il n’existe que deux stations fonctionnelles à Bamako. En milieu urbain et périurbain les boues de vidange sont déversées soit dans la nature soit dans les champs sans traitement préalable. Les eaux usées domestiques sont déversées dans la cour, la rue ou le caniveau. En milieu rural, compte tenu du faible accès à l’assainissement, la défécation dans la nature est la plus répandue. En sus, les eaux résiduaires d’origine artisanale et industrielle sont en général déversées dans les caniveaux et les cours d’eau, sans traitement préalable. Le tout-à-l’égout n’existe que dans la capitale, desservant moins de 1% des Bamakois (et ce chiffre est en baisse puisque la population augmente sans cesse tandis que le réseau devient de plus en plus vétuste). Le fleuve Niger constitue son exutoire. Quelques mini égouts ont été construits depuis le début des années 2000, la plupart à Bamako. En ce qui concerne les déchets solides, quelque soit leur provenance, les infrastructures manquent cruellement : même à Bamako la moitié des déchets n’est ni ramassée ni traitée. Il n’existe de dépôts de transit autorisés que dans quelques grandes villes mais la majorité des ordures pré-collectées par les GIE (groupement d’intérêt économique crée par des jeunes diplômés sans emploi) ou les ménages finissent dans des dépôts anarchiques, dans les caniveaux à ciel ouvert ou les cours d’eau. En milieu rural, elles s’entassent aux abords des concessions dans des terrains vagues avant d’être répandues sur les champs à l’approche de l’hivernage. Il n’y a pour l’instant qu’un seul centre d’enfouissement technique (CET) au Mali (dans la ville de Sikasso). La valorisation des déchets organiques et le recyclage des ordures sont des activités très peu développées. Quant aux déchets spéciaux (déchets biomédicaux, pesticides, polychlorobiphényles et polychlorotriphényles), ils font l’objet d’un contrôle attentif en raison de leur dangerosité. Ils sont, donc,  inventoriés. Leur production est relativement bien connue et leur élimination écologique est soit effective soit en cours. On estime cependant que les quantités croissantes d’engrais et de pesticides, employés notamment pour les cultures d’exportation, seraient à l’origine de nombreuses pollutions des sols et des ressources en eau. Lorsqu’ils sont mal utilisés, ils peuvent être à l’origine d’intoxications humaines ou animales. La surveillance, le traitement et l’élimination des autres types de déchets spéciaux est beaucoup plus aléatoire et approximative, voire inexistante. Les données sur chaque filière et les équipements nécessaires sont trop rares. Pour ce qui est du cas des eaux pluviales, leur gestion, surtout dans les villes, se font par un réseau de caniveaux et de collecteurs à ciel ouvert. Elles sont rendues difficiles par l’occupation anarchique de l’espace et par l’utilisation du réseau à d’autres fins : rejet des eaux usées domestiques et industrielles, dépotoirs d’ordures et de boues de vidange, et parfois même lieux de défécation. Cela entraine l’obstruction ou la disparition du réseau, la stagnation des eaux et des ordures vecteurs de maladies, et cause parfois des inondations. L’entretien n’est pas régulier : il n’intervient en général qu’à la veille des premières pluies. Dans la plupart des zones semi-urbaines et rurales, le système d’évacuation des eaux pluviales est inexistant. Quand il existe, il est construit de telle façon que l’eau de pluie s’écoule directement de la rue vers les caniveaux.

 

Il faut rappeler que c’est dans le cadre de l’amélioration de l’offre de services urbains et l’approfondissement continu de la décentralisation dans le district de Bamako et les communes voisines ciblées, le Gouvernement du Mali a sollicité en avril 2019 l’appui de la Banque mondiale pour financer la préparation du Projet de Résilience Urbaine de Bamako (PRUBA). Ce projet succède au Projet d’appui aux Communes Urbaines du Mali (PACUM) achevé en décembre 2019. Le district de Bamako et ses six communes parmi lesquels (Niamakoro, Daoudabougou, zone aéroportuaire de Sénou et Kabala), les 18 communes voisines dont (Noumoubougou, Mountougoula, Tienfala, Lassa, Doumanzana, Dialakorobougou). Comme tout projet ou programme d’infrastructures d’envergure, la mise en œuvre des sous-composantes du Projet pourra engendrer des impacts négatifs sur les milieux socioéconomiques et conduire à des pertes de biens et/ou des perturbations des sources de revenus et moyens de subsistance pour des catégories de personnes ou de groupes de personnes. C’est dans cette optique que le présent Cadre Politique de Réinstallation (CPR) conformément à la législation disposition nationale en vigueur en matière de gestion du foncier et d’expropriation pour cause d’utilité publique et la Norme Environnementale et Sociale (NES 05) du Cadre Environnemental et Social (CES) de la Banque mondiale relative à l’acquisition des terres et à la réinstallation involontaire s’inscrit pour anticiper sur les risques et impactsnégatifs de la réalisation des investissements sur les conditions de vie des personnes susceptibles d’être affectées par le PRUBA. Ainsi, l’objectif envisagé du PRUBA est d’améliorer l’accès aux services des déchets urbains, d’assainissement et d’eau potable, accroître la résilience aux inondations dans certaines zones vulnérables du district de Bamako et des communes voisines ciblées, et renforcer la capacité de gestion urbaine.

 

Environ 20,20 milliards de  FCFA au Projet de Développement  Agricole des Zones Arides au Mali (PDAZAM).

 

En ce qui concerne le Projet de Développement Agricole des Zones Arides du Mali, qui a pour objectif d’améliorer la productivité agricole et de renforcer la résilience des ménages ruraux vivant dans les zones arides ciblées, il s’agit d’un financement additionnel qui couvrira les coûts d’une réponse d’urgence à l’insécurité alimentaire ainsi que ceux occasionnées par les pressions inflationnistes dues en partie à la crise en Ukraine et à l’insécurité . Les activités du projet ciblent les pauvres et les personnes vulnérables- y compris les femmes, les jeunes et les personnes déplacées à l’intérieur du pays.  Les zones de couverture du projet sont les régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Mopti, et ailleurs en cas de déclaration de crise alimentaire.

Rappelons que le Projet de développement de la productivité et de la diversification agricole dans les zones arides et semi-arides du Mali (PDAZAM) a été officiellement lancé le 7 mars 2019. Il s’inscrit dans le cadre d’une vision stratégique pour le développement rural et agricole au Mali : Assurer une amélioration de la productivité agricole et la résilience des producteurs et Promouvoir la création d’un socle de protection sociale au Mali, à travers une amélioration de la productivité des ménages pauvres et vulnérables, la sécurité alimentaire et nutritionnelle. En cohérence avec la Loi d’Orientation Agricole du Mali, le PDAZAM est conçu comme un appui à la mise en œuvre des différentes recommandations des études de la Banque mondiale sur les stratégies de développement de la productivité des zones arides. Il complète ou approfondit dans le cadre du portefeuille de l’Association internationale de développement (IDA), les opérations en cours telles que le Projet d’accroissement de la productivité agricole au Mali (PAPAM) et le Projet d’urgence des filets sociaux «Jigisemejiri» ainsi que les opérations envisagées, notamment, le Projet d’appui régional à l’initiative pour l’irrigation au Sahel (PARIIS-Ml). Le PDAZAM est financé par la Banque mondiale à hauteur de 65 millions de dollars US pour une durée de 5 ans. Il vise à améliorer la productivité, la diversification agricole et le renforcement de la résilience des ménages ruraux bénéficiaires dans les zones arides ciblées. C’est un projet de développement qui bénéficie directement aux agriculteurs et aux groupes d‘agriculteurs qui peuvent avoir un impact en termes d’augmentation de la production alimentaire régionale. Le PDAZAM vise aussi à renforcer la résilience des ménages pauvres et vulnérables, généralement exclus des opportunités d’amélioration de la productivité et de la résilience. À ces bénéficiaires, s’ajoutent les communautés et les villages plus larges où la réalisation d’infrastructures rurales sera soutenue par les investissements productifs du projet aux niveaux individuel et collectif. Le PDAZAM permet également aux institutions gouvernementales de renforcer leur capacité en termes de planification agricole, d’appui à la productivité du secteur agricole et à la résilience des ménages.  Il couvre les Régions de Kayes (Diéma, Nioro et Yélimané), Koulikoro (Kati, Kolokani et Nara), Ségou (Niono et Ségou) et Mopti (Bandiagara, Youwarou, Ténenkou et Douentza).

 

Comme pour anticiper la réalisation de ces projets, le Ministre d’Etat a initié une opération spéciale d’assainissement  du district de Bamako

 

En effet, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Colonel Abdoulaye Maïga, a présidé le  mercredi, 14 décembre 2022, dans la salle de conférence de son département une réunion de haut niveau sur l’opération spéciale d’assainissement du district de Bamako et Kati, en présence de ses homologues chargés de l’assainissement, Modibo Koné, des infrastructures et Transport, Madame Madina Sissoko, du représentant du ministre de l’Economie et des Finances, des gouverneurs du district de Bamako et Koulikoro, des représentants de la mairie du district et de l’ensemble des services techniques de l’environnement et de l’assainissement.  Au cours des échanges, il a été question de renforcer les capacités opérationnelles de la voirie du district de Bamako, de faire des travaux d’aménagement d’urgence au niveau de la décharge finale de Noumoubougou, d’aménager l’ancien site de la BAC situé au flanc de la colline de Médina-Coura en dépôt de transit, de rouvrir le dépôt de transit de Bacodjicoroni. Cette rencontre hebdomadaire a permis au ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, porte-parole du gouvernement, d’annoncer la signature, deux jours plus tôt, des deux  accords de financement  entre le ministère en charge de l’Economie et des Finances et la banque mondiale pour la reconstruction de la décharge finale de Noumoubougou (région de Koulikoro) et d’autres infrastructures d’assainissement. Le Colonel Abdoulaye Maïga a également annoncé la construction d’une nouvelle décharge de transit à Médina-coura en Commune II du district de Bamako. Les travaux démarreront dès la semaine du 19 décembre 2022. Ces infrastructures permettront de réduire la pression en termes de gestion des déchets à Bamako. Appelant les populations à plus de patience, le ministre d’Etat a donné l’assurance que le gouvernement posera le jalon d’une solution durable pour régler les problèmes de l’assainissement dans la capitale. Par ailleurs, il a été question du lancement de plusieurs actions coordonnées durant le week-end des 17-18 décembre 2022, pour trouver des solutions à la question de l’insalubrité. Et pour constater de visu le suivi de ces actions, les ministres concernés se sont rendus sur le terrain le lundi, 19 décembre 2022.

Sidi Modibo Coulibaly

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