"Je suis député, je n’ai pas à obéir à un membre de l’Exécutif"

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Une dizaine de parlementaires français étaient attendus à Tombouctou,le mardi 22 décembre, pour une visite éclair de la Cité des 333 saints et, par la même occasion, se rendre compte du fait que la ville n’est pas concernée par l’insécurité qui hante le Quai d’Orsay.

 

Malheureusement, Paris a mis une forte pression, la veille du départ, sur ses élus afin qu’ils ne se rendent pas Tombouctou, déclarée par Bernard Kouchner, le chef de la diplomatie française, "zone rouge". Seul le député Jean -Pierre Brard, Maire-honoraire de Montreuil, a dit non aux injonctions venues de l’Hexagone. Aussi a-t-il fait le déplacement à Tombouctou en compagnie d’une forte délégation parlementaire du Mali.

Conduite par Alou Aya, 5ème Vice-président, elle comptait Sandy Haïdara, de Tombouctou,  Oumar Boury Touré de Goundam, Nock Ag Athia de Diré, Marie Sylla de Sikasso, Amadou Bouaré de Macina (Président de la Commission des Affaires étrangères), Bö Niakaté de Yélimané (Président du Groupe d’amitié Mali-France), Ibrahim Niané Sy et Gossy Draméra, tous deux de Bafoulabé, Zanké Fané de Koulikoro et Habib Sofara de Djenné. Il y avait aussi, au titre de la société civile, Abderhamane Chérif Haidara, du Haut Conseil des Collectivités et Me Harouna Toureh, de l’Alliance interrégionale du Nord-Mali.

 

Ce beau monde a été accueilli dans la ferveur populaire depuis l’aéroport de Tombouctou. Chants et danses traditionnels ont ponctué l’accueil chaleureux réservé à la délégation par le Gouverneur de la région, le Colonel Mahamadou Mangara, la Maire intérimaire Aziza Katra et le tout nouveau Président de l’Assemblée régionale, Mohamed Cissé.

 

Première étape de la visite, le Centre Ahmed Baba, où se trouvent plus de 40 000 manuscrits traitant tous les domaines de la connaissance, des lettres en passant par les sciences, la théologie et les religions, notamment l’Islam. Ensuite, la deuxième grande bibliothèque de la ville (privée, voire familiale), celle de Mama Haïdara, a été également visitée.

 

La très célèbre mosquée de Sankoré, la Maison des artisans, celle de René Caillé, le Musée communal ont reçu la visite des hôtes. Avant une ultime rencontre entre les membres de la délégation et les opérateurs du secteur hôtelier et touristique, dans les locaux de l’Assemblée Régionale. Là, Mme la Maire Aziza Kattra a d’abord souhaité la bienvenue à la délégation avant de déclarer: "La Cité mystérieuse, Tombouctou, condamne la violence sous toutes ses formes. Il s’agit pour nous de prouver que Tombouctou est un havre de paix, où il fait bon vivre et où l’hospitalité singulière est enviée partout".

 

Le Président de l’Assemblée Régionale a chaleureusement félicité  le député français Jean-Pierre Brard qui a tenu à faire le déplacement à Tombouctou. Il a attiré l’attention de ce dernier sur le fait que le tourisme constitue 65% des revenus des populations et que la Cité des 333 saints ne connait pas l’insécurité, contrairement à Paris.

 

L’Honorable de Goundam, Oumar Boury Touré, dit Billy, a déclaré: "le tourisme à Tombouctou est extrêmement important pour l’économie et le budget des ménages. Il est désertique et nomade; mais il est aussi sédentaire et fluvial, les deux facettes indissociables de notre culture régionale. Si le premier a été victime d’un banditisme de moins en moins perceptible, le second n’a jamais souffert d’aucun problème d’insécurité. La sécurité à 100% n’existe nulle part dans le monde. Même les pays de grande turbulence, comme l’Afghanistan, l’Irak, sont fréquentés par des touristes et leurs amis occidentaux pour leur développement. Ici, à Tombouctou, ville protégée par 333 saints, on peut dormir à poings fermés et faire de doux rêves". Le Gouverneur de la région, le ministre en charge du Tourisme, les acteurs du secteur touristique ont abondé dans le même sens et invité les uns et les autres à visiter Tombouctou. Comme le disat Réné Caillé, l’explorateur français, «il faut voir Tombouctou et mourir».

 

Rappelons que l’initiative de cette visite revient à l’Honorable Sandy Haïdara, qui, profitant d’une visite des parlementaires français à l’Assemblée Nationale, la semaine dernière, les a interpellés sur la déclaration du Quai d’Orsay qui invitait ses ressortissants à quitter le Nord – Mali pour raison d’insécurité. Il les a donc invités à Tombouctou. Mais Paris a tout fait pour qu’ils ne s’y rendent pas. Un seul  a refusé de se soumettre aux injonctions, Jean-Pierre Brard. "Mieux vaux être seul que mal accompagné. Je suis là pour manifester ma solidarité à Pierre Camatte. Je suis député, je n’ai pas à obéir à un membre de l’Exécutif. Le Président de l’Assemblée Nationale française a téléphoné, Bernard Kouchner a également téléphoné, un conseiller de Sa Majesté Nicolas Sarkozy a aussi téléphoné, pour nous demander de ne pas venir à Tombouctou. Je suis venu quand même et serai ce soir vivant à Bamako".

A suivre.

Chahana Takiou 

 

 

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