Pendant que l’hégémonie libyenne se renforce sur la plupart des Etats du contient, le Mali apparaît particulièrement comme une vache laitière pour ce pays. Comme si les vastes superficies mises à la disposition de la CEN-SAD ne suffisaient guère, ce sont les berges du fleuve Niger à Bamako qui suscitent à présent la convoitise d’opérateurs économiques de la grande Jamahiriya libyenne dans la perspective de la construction d’une chaîne hôtelière. Et Koulouba ne semble pas étranger à tout cela quand bien même des Maliens devront en faire les frais.
Le bal d’opportunisme et de corruption se poursuit de plus belle dans notre pays et cela au plus haut niveau, révèlent des sources bien informées. En effet, apprend-on, des opérateurs économiques de la grande Jamahiriya libyenne projettent la construction d’une chaîne hôtelière sur les berges du fleuve Niger à Bamako. Il s’agit, précise-t-on, de plusieurs hôtels de suite qui devront se situer sur le Niger. Des zones se situant en dehors de la capitale sont également concernées par ce projet que l’on présente comme étant d’envergure.
Le plan d’occupation libyen
La première phase de la mise en œuvre du projet de construction hôtelier est le rachat de l’Hôtel de l’Amitié de Bamako, rebaptisé Sofitel Hôtel de l’Amitié. Après la réussite de cette première opération, l’on apprend que c’est une autre qui est en cours de négociation. Cette fois-ci, il s’agit de Mariétou Palace, l’hôtel inachevé de l’ancien milliardaire malien, Foutanké SISSOKO, plus connu sous le nom de Babani, et qui est situé à l’entrée du pont des martyrs, justement au bord du fleuve. De bonnes sources, les contacts ont été pris et des avocats commis pour diligenter la transaction, avec la facilitation du Gouvernement de la République du Mali. Nobostant les derniers rebondissements, alimentés par l’exacerbation de l’appétit financier de certains intervenants, la procédure est annoncée pour connaître une bonne issue pour les opérateurs libyens.
Comme par enchantement et après avoir démarré sur des chapeaux de roue, c’est l’Hôtel Kenpinski qui a des soucis. Lors de la cérémonie de lancement de cet établissement hôtelier, c’est le pool bancaire lui-même qui annonçait un avenir radieux au regard des éléments techniques dont il disposait et sur la base desquels il a accordé le financement requis. Pourtant, c’est cet hôtel qui se trouve désormais au creux de la vague, menacé qu’il est de saisi par la justice. Est-ce le fait d’un pur hasard ? Certes, existe-t-il des facteurs pouvant plaider pour cette hypothèse. Mais au-delà des apparences, il y a fort à parier que les griefs formulés à l’encontre de cet établissement hôtelier ne sont que des exutoires. La vérité étant d’évacuer des investisseurs nationaux pour faire place à des puissants libyens, présents dans biens d’autres pays sur le continent en matière d’hôtellerie. Autant dire que Kempinski devra batailler dur pour sortir de l’étau maliano-libyen qui risque de se refermer inexorablement sur lui.
La fausse note
L’on ignore quelle est la prochaine cible de ce rouleau compresseur libyen. Mais d’ores et déjà, une chose se pose de plus en plus comme une évidence. C’est que la partie querellée du Grand séminaire de Samaya est considérée comme un emplacement idéal par les opérateurs libyens pour la construction d’un hôtel. Il devra donc constituer un maillon de la chaîne hôtelière qui est progressivement en train de se mettre en place. Selon des sources bien informées, l’acharnement et la détermination dont fait montre Georges Francis pour récupérer ce terrain, qui ne lui appartient que sur du faux, s’expliquent justement par ce projet. L’on apprend en effet que l’homme aurait pris langue avec la partie libyenne pour la cession de ce terrain appartenant à l’archidiocèse de Bamako. L’on précise même qu’il pourrait avoir perçu une avance sur le montant qu’il demandait. Dès lors, est-il dans l’obligation de battre des mains et des pieds pour spolier l’église de son terrain et honorer ainsi ses engagements… ?
C’est justement ce grain de sable dans une machine censée être parfaitement huilée qui met en lumière l’implication de Koulouba dans ce montage financier. On l’avait déjà vu lors de la vente de l’Hôtel de l’Amitié. On le retrouve dans l’opération de cession de Mariétou Palace. C’est fort logiquement qu’on le trouve de nouveau dans le scandale foncier de Samaya, mais en train de danser cette fois-ci sur un pied eu égard à la sensibilité du dossier. L’on se souvient en effet qu’après la démolition des locaux du Grand séminaire de Samaya, l’archevêque de Bamako, Mgr Jean ZERBO, avait saisi toutes les institutions de la République pour attirer leur attention sur la dérive totalitaire de la justice sous l’impulsion du sieur Francis. Et le président de la République, solennement, à l’occasion du nouvel an, prenait l’engagement de tout mettre en œuvre pour remettre l’église dans ses droits.
Ce qui lie Koulouba dans ses décisions
Ceci explique-t-il cela, voilà un an bientôt « ta te menè, sisi te bô », c’est quasiment le statu quo. Dans un premier temps, l’on a pensé qu’il s’agissait seulement d’un officier général pour qui la parole d’honneur revêtait peu d’importance. Certes, c’est le cas. Mais au-delà de ce constat douloureux, comment peut-on contrarier des gens avec lesquels on entretient un copinage surtout lorsqu’ils sont du pays du seigneur Mohamar Khadaffi ? Assurément, il ne s’agit pas d’une partie de plaisir que joue là Koulouba. Aussi, la vérité est-elle que des Maliens ont des soucis avec la justice, d’autres sont spoliés de leurs terres, parce qu’il faut simplement sacrifier aux desiderata d’opérateurs libyens. Pour ce qui est du dossier de Samaya, les raisons du silence de Koulouba, en attendant un compromis qui ne s’annonce que comme une compromission, sont désormais des plus claires. Il ne veut pas trancher parce qu’il a pied et main liés en raison de ses accointances avec la Libye.
De tout ce qui précède, il ressort que la question de fond qui se pose est celle de la défense des intérêts nationaux. Et pour cause, investir dans la cimenterie de Diamou, nul ne saurait l’attaquer en ce qu’il a impact positif important sur l’économie nationale et la réduction du chômage. De même, la mise en valeur des parcelles de l’office de Niger pourrait contribuer sérieusement à la sécurité alimentaire…Mais les projets hôteliers, du genre de celui qui est en passe de se mettre en place, participent purement et simplement d’un affairisme de mauvais aloi. Cette pratique tant dénoncée et qui a malheureusement pignon sur rue au plus haut niveau. C’est aussi cela la gestion du Mali : l’intérêt personnel d’abord, ensuite le reste. Pas étonnant dans ces conditions que les membres du clan se donnent à cœur joie au pillage des ressources nationales. Dieu sauve le Mali !
Par Bertin DAKOUO
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