Rebelote : le Mali s’illustre une énième fois par son singulier modus-operandi dans la résolution de ses crises socio-politiques, qui n’est autre que « le coup de force militaire ou si l’on veut bien coup d’Etat ». Et oui, en l’espace de 9 mois, le Mali fébrile plus que jamais renoue avec son vieux démon le lundi 24 mai 2021 par la destitution du président de la transition Bah N’Daw et son premier ministre Moctar Ouane. La particularité de ce cinquième coup réside certainement dans sa teneur géopolitique. Ainsi il ne serait pas insensé de faire un parallèle entre la situation actuelle de notre pays et celle que la Centrafrique avait connu il y’a trois ans. En effet, en 2017, la Centrafrique se trouvait un peu dans la même configuration que le Mali. Sous embargo sur les armes depuis 2014 et dépourvue d’équipements militaires lourds dans un contexte d’insécurité multiforme, le pays a su avec maestria s’orienter vers la Russie, pour un partenariat militaire gagnant, par l’intermédiaire du président Faustin Archange Touadera élu en 2016. Ce même scenario semble prendre forme au Mali. Le musèlement des forces armées maliennes et la restriction de leur champ d’action sont perçus par l’écrasante majorité de la population comme un complot international en complicité avec certaines élites du pays. De ce fait, le colonel Assimi Goita, l’énigmatique auteur de deux coups de force militaires dans l’intervalle de 9 mois, est considéré comme l’Archange Touadera malien qui pactisera avec la Russie, un pays idéalisé et surestimé par le malien lambda pour sortir le pays de l’engrenage sécuritaire. Cependant, si le Mali se cherche un autre puissant allié moins faux jeton, il multiplie peut-être sans le savoir une dépendance qui lui fait jaser depuis des décennies. D’où l’impérieuse importance d’avoir la présence d’esprit de bien potasser la complexe équation géopolitique qui s’offre à lui. Il convient de signaler que la France aussi bien que la Russie sont des fins stratèges en realpolitik qui est par essence tartuffe et dont les idéaux cèdent facilement la place aux impératifs de la réalité. Kemi Seba le jeune panafricaniste, grand connaisseur de la géopolitique, avertissait les Maliens il y’a trois mois à l’émission grand jury en ces termes : « La solution n’est pas forcément le départ de la France au profit d’une collaboration avec la Russie». Et de relever par ailleurs que le Russe accepte difficilement le non de l’Africain. Par ailleurs, un témoignage centrafricain nous fait comprendre que la générosité russe est très limitée et cela s’est constaté quand elle a exigé du gouvernement centrafricain que le carburant des avions destiné à la livraison des blindés soit remboursé. Toutes choses qui étayent ce raisonnement de Moussa Diakité économiste et analyste politique : «si nous faisons volte face à la France de façon impromptue, la souffrance du peuple sera grande du fait de la capacité de nuisance de l’ex puissance coloniale et les russes n’ont pas une large culture de l’aide à laquelle le pays est habitué mais aussi tributaire ». Sur un autre plan, selon le consultant indépendant Thierry Vircoulon, «la Russie a pour objectif d’installer des bases militaires dans cinq pays africains ». En tout cas, la France a montré ses limites au Mali et quoi qu’on puisse dire, le pays a bien besoin de partenariat autre que celui de la France contrairement au propos du chroniqueur international Bruno Daroux qui pense qu’une partie de la population malienne peut vouloir le départ de la France mais que l’Etat sait réellement ce qu’il en est de l’utilité de la France.
D’autre part la Russie est loin d’être immaculée car personne n’oubliera l’atrocité commise par l’armée rouge de l’union soviétique, qui avait pour plus grand pays la Russie, dans les années 1980 en Afghanistan qui en porte toujours les séquelles. L’une des plus belles citations d’Al Pacino résume l’actuel dilemme malien « parfois ne vaut-il pas mieux être avec le diable que tu connais que l’ange que tu ne connais pas ? ». Tout compte fait, la France est en train de se faire ravir ses pré-carrés et a intérêt à changer de fusil d’épaule au risque de voir s’accomplir la prophétie de l’astrologue Nostradamus qui prédisait il y’a des siècles qu’une grande misère la frappera de plein fouet. Quant à nous Maliens, sachons que notre symbiose est la seule panacée pour définitivement conjuguer ce problème sécuritaire au passé.
Ousmane Tiemoko Diakité
Il vaut mieux se renseigner sur les méandres de la coopération entre la Centrafrique et la Russie avant de s’embourber dans des engagements qui nous tiendraient aux collets après. Je suis d’accord qu’il diversifier la coopération mais faisons attention. En tout cas c’es que nous conseille Amadou Hampâté BA avec la démarche du caméléon.
Le Mali n’est pas la Centrafrique,
Regardez le pourcentage de musulmans en Centrafrique par rapport au Mali,
Poutine en a assez de la Syrie et des musulmans de chez lui.
Que va t’il foutre avec un peuple complice des islamistes ?
Article intéressant. La diplomatie malienne repose sur le passé colonial du pays et son manque de repère politico-social. Avant de tendre la main à qui que soit, appliquons-nous d’abord pour la bonne gouvernance et un développement endogène. Personne ne voudra et pourra travailler avec un pays qui végète dans le désordre.
Comments are closed.