Géopolitique : Quelles conséquences du «Brexit» pour le Mali !

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Outre les conséquences économiques sur le continent (renégociation d’accords commerciaux ainsi que des conditions de financement, entre autres), la sortie du Royaume-Uni de l’U.E communément appelée «Brexit» impactera bien sur un Mali  en crise, non seulement au regard de la présence des formateurs britanniques au sein de l’EUTM, mais surtout, de la sympathie que cet Etat éprouve pour les séparatistes du nord malien. 

Le «Brexit», dit-on, est l’abréviation de «British Exit» indiquant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Elle a été adoptée le 23 juin dernier par près de 52 % des Britanniques à la faveur d’un référendum sur la question.

Si, à l’heure actuelle, les experts sont incapables de se prononcer clairement sur les conséquences de cet acte majeur, tout le monde convient cependant que l’Europe perd ainsi une de ses trois grandes puissances économiques pour être une des plus importantes places financières du monde. Pas seulement économique.

Sur le plan militaire aussi, le Royaume-Uni possède l’une des armées les plus respectables d’Europe et du monde et constitue l’un des plus grands contributeurs de l’OTAN (Organisation du Traité Nord Atlantique) que l’on sait très influente au Conseil de sécurité de l’ONU dans la mesure où trois (03) de ses membres constituent les cinq (05)  jouissant du droit de veto (Etats-Unis, France, Angleterre). Enfin, le temps nous édifiera. Il faudra quand même attendre 2019 pour être définitivement fixé dans la mesure où le processus de retrait pourrait durer deux ans, le temps de négocier de nouveaux accords avec l’Union et les autres partenaires. En attendant, on peut spéculer à loisir sur le cas africain et Malien en particulier.

Sur le plan économique, et selon toute évidence, ce sont les pays du Commonwealth majoritairement composés des anciennes colonies britanniques qui risquent d’être quelque peu affectés.

«Nombre d’accords commerciaux entre le Royaume-Uni et des pays africains devront probablement être renégociés puisqu’ils ont été conclus via l’UE. Les principaux pays affectés seront l’Afrique du Sud, le Nigeria, le Botswana, l’Angola, le Kenya, le Ghana et le Sénégal, avec lesquels 80% des exportations britanniques en Afrique subsaharienne se font.

«Au Kenya, le gouverneur de la Banque centrale, Patrick Njoroge, a estimé que le pays pâtirait de la récession globale enclenchée par la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. En Afrique du Sud, le «Brexit» pourrait faire perdre 0,1% de croissance à l’économie, déjà proche de la récession» (source The Africa Report).

Une chose est sûre: tous les contrats commerciaux et accords bilatéraux signés avec l’Union Européenne et engageant le Royaume-Uni et les pays du continent africain seront revus, corrigés et adaptés à la nouvelle donne.  Tous les engagements sans exception !

Le cas malien

Jusque dans un passé récent, le Royaume-Uni entretenait une relation plutôt timide  avec le Mali. Mais la crise malienne a quelque redynamisé les rapports.

A l’heure actuelle, une unité composée de 21 Britanniques assure la formation (infanterie)  des soldats maliens dans le cadre de l’EUTM (formation de l’armée malienne par la mission européenne). Il s’agit, en vérité, d’un détachement irlando-britannique. Et c’est là tout l’intérêt de la chose. Pour une des rares fois, Irlandais et Britanniques font fi de leur contentieux historique pour se rapprocher davantage. Le Ministre irlandais de la Défense, Alan Shatter, l’a d’ailleurs confirmé à Dublin au mois de février dernier à l’annonce de la nouvelle : «Les forces d’Irlande et du Royaume-Uni ont souvent travaillé ensemble sur différents théâtres d’opérations, sur les opérations des casques bleus de l’ONU, sous conduite de l’UE de l’OTAN, comme dans les Balkans et en Afghanistan. Mais ce sera la première fois qu’un contingent conjoint Royaume-Uni/Irlande sera déployé sur une opérationC’est une autre étape dans la normalisation des relations entre nos deux pays – après la visite de la Reine au château de Dublin (en mai 2011). Une étape historique et une manifestation tangible de la relation très positive et le respect mutuel qui existe désormais entre nos pays».

Si l’impact de ce rapprochement est moins perceptible en Afrique, il s’avère en effet très important pour les deux pays et pour l’Europe toute entière.

C’est le lieu, en tout cas, de rappeler que c’est dans le cadre de l’Union Européenne (U.E) qu’il vient de quitter, que le Royaume-Uni est présent au Mali. C’est dire que cette présence sera évidemment remise en cause avec le «Brexit». Par extension, le Mali devra tout renégocier avec cet Etat y compris son soutien. Et c’est là qu’interviennent d’autres contingences. Et pour cause.

Courant 2015, une délégation de «l’Etat de l’Azawad» a sillonné une partie de l’Europe (Pays-Bas, Royaume-Unis, Suisse entre autres) en vue de se faire reconnaître en qualité d’entité politique et territoriale indépendante du Mali. Mais puisque membre à part entière de l’U.E  attachés à l’unicité du Mali, ces pays dont le Royaume-Uni) ont décliné l’offre pour être en conformité avec l’U.E. Pour autant, certains de certains d’entre-deux n’ont jamais caché leur sympathie pour «les Hommes Bleus», à savoir, les sécessionnistes de l’Azawad.

Pour tout dire, la diplomatie malienne et le président IBK en l’occurrence, sont vivement attendus sur ce registre. Gouverner, dit-on, c’est anticiper.

B.S. Diarra

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