Fête anniversaire de l’indépendance de l’Etat de Palestine : Une panne d’électricité vole la vedette à la cérémonie

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Son Excellence Abou Raba est le doyen des diplomates au Mali. Un ami et un bon conseiller du Mali. A cet effet, malgré toutes les circonstances, il doit pouvoir bénéficier d’un certain traitement qui ne ferait qu’honorer notre pays, le Mali. Pays d’hospitalité et de croyance, de résistance et de sacrifice. Malheureusement, il s’est avéré que son Excellence n’a même pas de groupe électrogène pour suppléer à la coupure d’électricité. Qui l’eut cru ? Le Général Kafougouna Koné et le Secrétaire général M. Berthé de la présidence en plus de l’ancien président de l’Assemblée nationale Pr. Ali Nouhoum Diallo et d’autres personnalités non les moindres sont des témoins oculaires des faits que nous relatons.

                Le lundi 14 novembre 2011, en vue de célébrer la fête d’anniversaire de l’indépendance de l’Etat de Palestine, déclarée le 15 novembre 1988 à Alger par le Président Arafat, lors de la 19ème session du Conseil national palestinien, son Excellence a invité de nombreuses personnalités. Des autorités maliennes aux ambassadeurs et autres personnalités du monde diplomatique et consulaire. C’était à son domicile sis à l’Hippodrome. Présent pour la circonstance, votre serviteur est arrivé à 18 h 10 mn, le début de la cérémonie étant prévu pour 18 h 30 mn. Juste à 18 h 28 mn, l’EDM SA nous prive d’électricité jusqu’à 19h où elle apparaît pour une minute pour repartir. Entre-temps, chacun faisait son propre commentaire. Pour certains, en cette période où la Palestine veut être membre à part entière des Nations Unies, il faut se méfier d’être de mèche avec ce peuple. Pour d’autres, cette coupure d’électricité est un pur sabotage car les puissances occidentales n’approuvent pas l’idée d’entrée de la Palestine dans les instances onusiennes. Pour une autre frange, le constat est là, il n’y a ni l’ambassadeur de France à fortiori des USA, alors qui est fou ? S’est interrogé un sexagénaire très connu mais non politique.

                Sidérés, déçus voire déboussolés, des responsables maliens s’étaient assis en observant et en écoutant tout ce qui se disait. Alors, lorsqu’il est arrivé, il était surpris, il s’agit du Général Kafougouna Koné. Sans tarder, il demande à son garde du corps de lui donner rapidement son téléphone. Il appela alors qui de droit et quelques minutes après nous avions été servis en lumière. Il était 19 h 35 mn GMT. Place alors aux hymnes nationaux.

                Après l’exécution des hymnes, son Excellence Abou Raba s’adresse à ses invités. Voici l’intégralité de son discours.   

                "Mesdames, Messieurs, Excellences, chers amis,

                Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue, en ce jour mémorable, en ce mois mémorable.

                Le mois de novembre n’est pas un mois comme les autres pour les Palestiniens. C’est un mois des plus riches en évènements politiques et historiques. Le mois de novembre nous a offert des victoires mais nous a également apporté son lot de chagrins et de deuils.

                En effet, c’est le 11 novembre 2004 que notre Président Yasser Arafat, Abou Amar est mort en France après avoir été empoisonné dans son quartier général de Ramallah où il était assiégé depuis près de trois ans, dans des conditions de vie et d’hygiène des plus déplorables. Il est mort au combat comme il l’a toujours souhaité et comme il l’avait rétorqué à son bourreau Sharon qui projetait de faire de lui un prisonnier ou un exilé à défaut de pouvoir le tuer directement : "Je ne serai que martyr, martyr, martyr."

                C’est ainsi l’occasion de nous remémorer son combat pour notre patrie et de nous rappeler le chemin de paix et d’espoir vers lequel il nous a guidés. Cette lutte de tous les instants a été marquée par des grandes dates et le mois de novembre revient de façon récurrente.

                Ainsi, le 29 novembre est célébrée tous les ans la journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien comme le prévoient plusieurs résolutions de l’ONU. Cette date du 29 novembre a été retenue en raison de sa signification particulière pour le peuple palestinien. C’est ce jour que l’Assemblée générale a adoptée, en 1947, la résolution 181 (II), connue sous l’appellation de résolution sur le plan de partage, qui prévoyait la création en Palestine d’un " État juif " et d’un " État arabe ".

                Enfin, la date que nous avons retenue aujourd’hui pour vous convier à partager ce moment de solidarité avec notre peuple en lutte est le jour du 15 novembre 1988. Ce jour, à Alger, le Président Arafat, lors de la 19ème session du Conseil national palestinien, a déclaré la naissance du rêve palestinien en proclamant l’indépendance de l’Etat de Palestine.

                Depuis le siège de Beyrouth en 1982 et jusqu’à ses derniers moments dans son QG de la Muqata’a à Ramallah, le président n’a eu de cesse de défier l’occupation israélienne et a brisé le mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne en écrivant par sa résistance, l’épopée de la dignité, de l’héroïsme et de la grandeur du peuple palestinien.

                Aujourd’hui, nous commémorons le 7ème anniversaire de la disparition du Président Arafat et le 37ème anniversaire de son discours à l’ONU. Sa voix résonne toujours à nos oreilles, rappelant la nuit, les geôles, la colonisation et l’occupation israélienne. Ce 13 novembre 1974 constitue une date historique dans la lutte palestinienne car c’est ce jour que le Président Arafat s’est adressé à l’Assemblée Générale des Nations Unies et a appelé la communauté internationale à reconnaître l’Etat palestinien souverain et démocratique rassemblant juifs, chrétiens et musulmans. Il a alors déclaré au monde entier sa volonté de résistance et de paix en prononçant la phrase désormais célèbre et que je souhaiterai reprendre tant elle demeure d’actualité : " Je suis venu porteur d’un rameau d’olivier et d’un fusil de révolutionnaire, ne laissez pas tomber le rameau de ma main."                                                             

                Durant votre vie, vous étiez un excellent leader immortel, vous resterez excellent dans votre mort en ce que vous demeurez un exemple pour nous tous. Alors que vous étiez assiégé dans la Muqata’a , vous avez assiégé les Israéliens dans l’Histoire et l’histoire, notre cher Abou Amar, ne pardonnera pas aux envahisseurs, leurs crimes. Leurs crimes ne resteront pas impunis et ne connaîtront aucune prescription.

                Depuis 2004, le président Mahmoud Abbas a repris le flambeau de la lutte palestinienne. Tout dernièrement ; c’est lui qui a mené le combat pour la reconnaissance de la Palestine à l’ONU. Et il a réaffirmé par les mots de notre grand poète palestinien Mahmoud Darwich  qui avait écrit : " Debout ici, rester ici, en permanence ici, éternellement ici, et nous n’avons qu’un but, un seul : être." Sa tâche est d’autant plus ardue qu’Israël ne cherche pas la paix malgré tous les discours et les accords de paix signés. Ils ont choisi la colonisation et la guerre tandis que nous demeurons ouvert à la négociation et au dialogue.

                Malgré les pressions politiques et économiques de certaines puissances pour empêcher l’aboutissement du rapport recommandant l’adhésion de la Palestine à l’ONU, et bien que le quartet ne parvienne pas à contraindre Israël à respecter et à appliquer ses engagements pris dans le cadre du processus de paix, nombreux sont les pays à avoir unilatéralement reconnu la Palestine comme un Etat. Et il y a quelques jours, la Palestine vient de gagner, avec son adhésion à l’Unesco, la première reconnaissance internationale d’une agence onusienne.

                Le peuple palestinien est toujours privé de ses droits élémentaires les plus absolus, Israël continue d’occuper illégalement nos terres, à construire des colonies, priver les paysans de leurs champs de culture, détruire les maisons, ériger un mur d’Apartheid sous prétexte de sécurité et assiéger la bande de Gaza privant ses habitants de tout. Mais notre détermination reste entière.

                Si l’adhésion de la Palestine à l’Unesco représente une grande victoire diplomatique et juridique, il faut admettre que c’est parfois la force qui impose le droit. Donc, la lutte continue et nous sommes fiers de vous savoir à nos côtés.

                Je voudrais ici saluer tout particulièrement les autorités maliennes et le peuple malien pour leur amitié indéfectible depuis toutes ces années. Le 27 novembre de cette année marquera le 31ème anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre le Mali et la Palestine et je m’en réjouis.

                Je remercie chaleureusement toutes les hautes autorités maliennes et à leur tête SEM le Président de la République , Chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré et ses prédécesseurs pour l’adoption, la fraternité et la solidarité avec la lutte légitime du peuple palestinien, pour la réalisation de ses droits inaliénables de retour à l’autodétermination et à l’établissement de l’Etat de Palestine sur le sol national de Palestine avec Al-Qods comme capitale.

                Que vive le Mali.

                Que vive la Palestine libre et indépendante.

                Vive l’amitié palestino-malienne."

                Après ce discours, du moins pathétique, son Excellence a gracieusement offert à ses invités un bon dîner. Avant de souhaiter bon retour à chacune et à chacun chez lui. Comme pour dire que, malgré tous les coups, nous continuerons notre combat mais il doit le faire avec le Mali. Car, le Mali est l’un des premiers pays au monde à s’investir au côté de ce peuple souffrant le martyre. Alors, assumons-nous !

Boubacar DABO

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