Invité d’honneur du Forum Etats-Unis/Monde islamique, le Mali aura brillé par sa présence remarquée dans la capitale qatarie à l’occasion du Forum d’échanges et de dialogues de cultures tenu du 9 au 11 juin 2014. En effet, Mme le ministre de la Culture, N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a séduit les partenaires techniques et financiers maliens sur le projet de renaissance de Tombouctou. Ce qui fait la fierté de la Nation.
Organisé à l’initiative du «Groupe d’action Tombouctou Renaissance» dans le cadre du Forum de Doha, ce panel a vu la participation du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta et de plusieurs ministres maliens et qataris dont Mme le ministre de la Culture N’Diaye Ramatoulaye Diallo , la première à prendre la parole.
Dans un discours plein de renseignements, Mme le ministre de la Culture évoquera la civilité, l’hospitalité et le rayonnement culturel de Tombouctou depuis le 7ème siècle. Tombouctou, dira-t-elle, n’est pas qu’une ville aux confins du désert détruite par des obscurantistes; c’était et c’est toujours le symbole de l’hospitalité, d’un Islam tolérant et ouvert en Afrique.
A en croire, Mme le ministre de la Culture, le projet de renaissance de Tombouctou s’inscrit dans un schéma de développement qui n’est nullement une invention de notre part. «Tombouctou a toujours été une ville-carrefour et doit le rester. Notre vision de la renaissance de Tombouctou est une vision intégrée d’une ville hautement symbolique pour la culture mondiale, représentative d’une expression d’un Islam modéré au service de la paix et économiquement viable au service d’un développement social», a-t-elle indiqué.
Cette vision traduit, poursuit-elle, est une volonté mondiale de faire de la culture un moteur de croissance économique et un levier de développement socio-culturel, comme rappelé lors de la 68ème Session des Nations unies.
Le défi est grand, mais pas impossible. C’est pourquoi, soutient-elle, le plan d’action pour la réhabilitation de l’héritage culturel et la sauvegarde des manuscrits anciens de Tombouctou, proposé par l’Unesco, trace les chantiers du ministère de la Culture du Mali qui mettra l’accent sur la réhabilitation, la rénovation, la sauvegarde et la promotion des biens culturels. Aussi, il entend
promouvoir les biens culturels, en conviant le monde à venir découvrir Tombouctou.
Avant d’ajouter que le Mali travaille avec rigueur à redonner à cette ville miltimillénaire ses charmes culturels que lui envie le monde entier dans les conditions sécuritaires les meilleures. «Dans cette optique, reprendra le Festival du désert d’Essakane qui n’est plus un défi, mais un objectif à atteindre», a expliqué Mme le ministre de la Culture. Car, dit-elle, ce Festival créait des emplois et des sources de revenus pour une population en proie au chômage.
«De ce fait, reprendre l’activité culturelle de Tombouctou, c’est donner une alternative aux armes que proposent les terroristes aux jeunes des régions du Nord du Mali. Faire revivre le tourisme culturel de Tombouctou, c’est permettre à des femmes de se détourner de la corruption morale qu’exercent les extrémistes par le moyen de l’argent et de la drogue. Enfin, développer économiquement Tombouctou, c’est assurer la paix au Nord du Mali, parce que sans paix, pas de développement et sans développement, pas de paix. Promouvoir les biens culturels, c’est aussi investir dans les infrastructures culturelles modernes à même de séduire et d’accueillir des visiteurs de tous les horizons. Le Qatar nous en donne l’exemple concret par sa facilité de joindre le beau architectural à la nécessité de protection et de promotion de la culture», argumente-t-elle.
Puis de préciser que le Musée des arts islamiques du Qatar en est un exemple concret que Tombouctou jalouse secrètement. Tombouctou, dit-elle, est un joyau culturel, certes, mais un joyau qui doit se parer des atours architecturaux de grande envergure que nous souhaitons construire avec l’aide de nos partenaires bilatéraux. Selon elle, le patrimoine écrit d’une Nation constitue sa mémoire. Dès lors, la sauvegarde et la conservation de cette mémoire n’est pas une option, mais plutôt un devoir à remplir ou trahir.
«Tombouctou n’appartient pas qu’au seul Mali, c’est désormais un patrimoine commun de l’humanité. C’est pourquoi, Tombouctou, la mystérieuse ; Tombouctou, la Cité des 333 Saints ; Tombouctou, Bilad es Soudan, ne peut et ne doit pas mourir. Tombouctou doit vivre pour les générations à venir», a conclu Mme le ministre de la Culture.
Notons que son intervention a été apprécier par les partenaires techniques et financiers du Mali. Ce qui augure de nouvelles perspectives pour la reprise et le renforcement de nos relations avec nos bayeurs de fonds quant à la reconstruction nationale, en général et la renaissance de Tombouctou, ville dite mystérieuse, en particulier.
Alhousséïni TOURE