Financements américains : Le Mali disqualifié ?

Notre pays est certes de retour sur la liste des pays bénéficiaires de l’AGOA, l’opportunité qui ouvre le marché américain à des produits africains sans droits de douane. Mais le rapprochement s’arrête là. Les scandales financiers et autres maladresses reprochés au gouvernement malien éloignent toujours les Américains qui n’ont pas encore repris leur coopération militaire avec le Mali. Présent au pays de l’Oncle Sam, jusqu’à la fin de la semaine, IBK arrivera-t-il à obtenir la confiance des Américains ?

 

Le Pentagone, l’armée américaine, reste peu enthousiaste pour tisser de nouveau des relations de confiance avec le Mali, qui avait une place de choix dans le dispositif anti-terroriste américain. L’idylle, c’était avant le coup d’Etat du 22 mars 20012 de la bande à Sanogo, lui qui avait reçu des formations aux Etats-Unis comme bien d’autres officiers maliens.

 

 

Le coup était dur pour la coopération militaire entre les deux pays, du reste engagés dans lutte contre le terrorisme à travers Africa Command, la base avancée du Pentagone dont les quartiers sont situés en Allemagne. Dès lors, on n’a plus jamais entendu parler des exercices militaires «Flintlock » et «Pan Sahel Initiative» que le Pentagone menait dans le désert malien en vue de former les soldats ouest africains. Il s’agissait de donner aux soldats de ce qu’on appelle les pays du champ (Mali, Mauritanie, Niger, Algérie et Tchad) à détecter et combattre les mouvements terroristes et les trafiquants de tous genres qui «écument » le Sahel et le Sahara.

 

 

Flintlock n’est pourtant pas mort. Il s’est transporté au Niger voisin; et l’édition 2014 a réuni des militaires venant de 18 pays. Le Département d’Etat américains a choisi d’ignorer le Mali dont les gouvernants ne lui inspirent plus confiance. Embourbées dans une série de scandales, les autorités maliennes n’arrivent pas à aller au-delà des acquis de la transition qui a bénéficié de promesses d’aide pour la reconstruction du pays.

 

 

Washington s’est engagé à la suite de l’Union européenne à aider le Mali à se reconstruire. Chose qu’il a d’ailleurs commencé à faire, notamment à travers des sous éjectés dans l’organisation des élections dernières. Mais il faudra plus d’un tour à IBK pour briser le mur de méfiance entre les Américains et le Mali. Une méfiance qui grandit à la faveur des reproches de mauvaise gouvernance formulés par les institutions de Breton Woods contre le pouvoir de Bamako.

 

 

Le Département d’Etat américain ne se hasardera pas à dépenser des dollars pour une armée dont le nom est cité dans des passations de marchés douteux. Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale qui incriminent le gouvernement malien pour des pratiques frauduleuses sont des références pour les autorités américaines.

 

Washington conditionne ses investissements

La mission de IBK, ce ne sont pas des numéros de séduction dans la capitale américaine où la promesse de 30 milliards de dollar d’investissement en Afrique a été annoncée. Washington conditionne presque ces investissements, entre autres, à la transparence, la bonne gestion des ressources publiques et à la lutte contre la corruption, en sollicitant plus d’engagement des dirigeants africains. Et c’est sur ce terrain qu’IBK doit accomplir sa mission en rectifiant rapidement le tir. S’il le peut, évidemment.

 

 

Si la lutte contre la corruption a été le cheval de bataille du nouveau président, ce dernier est loin du compte, avec un an de règne marqué de discours incessants sur la bonne gouvernance. Le président malien est allé jusqu’à proclamer 2014 année de lutte contre la corruption, alors qu’il se laissait entraîner dans un marché d’avion présidentiel qui ne finit pas d’éclabousser ses proches. Dernier rebondissement dans cette affaire, l’implication d’un ministre dans la distribution des ristournes issues de l’achat de l’avion présidentiel.

 

Les commissions à la fois occultes et faramineuses liées à cette affaire contrastent largement avec le discours de transparence constamment tenu par le président Keïta depuis son arrivée au pouvoir. Pour que le Mali, il faudra que le chef d’Etat arrive à réviser sa copie pour donner satisfaction aux bailleurs de fonds et autres acteurs.

 

 

Il devra aussi savoir traiter ses concitoyens avec plus d’égard et être moins porter sur l’esprit de revanche lorsqu’il s’agit de choisir les hommes pour diriger les grands chantiers. Tiébilé Dramé n’est certainement pas indispensable, mais son éviction du poste de négociateur en chef pour l’Etat relève d’une revanche mesquine pour beaucoup de personnes. C’est tout le contraire du président démocrate américain, Barack Obama, qui a choisi un Républicain pour diriger le Pentagone, l’Agence américaine de renseignement.

 

Soumaïla T. Diarra

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