Face aux Occidentaux, la Chine constitue-t-elle une alternative pour l’Afrique ?

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Avant sa mise en cause comme pays originel de la pandémie de COVID-19, la Chine s’était attribuée le beau rôle en Afrique avec des réalisations hautement symboliques. La tour de verre siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, c’est son œuvre. Le nouveau bâtiment de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au Nigeria, ce sera à elle que les pays membres le devront. Et la liste des palais présidentiels, stades omnisports et routes réalisés en un temps record, sans perdre des années avec des études de faisabilité ou d’impact écologique comme les Occidentaux, est longue.

Pour autant, reste-t-il vrai que le soleil se lève à l’Est pour l’Afrique, comme on aimait à le répéter au début du siècle sur le continent ? Bien avant que le Coronavirus ne s’échappe de la Chine, il y a eu des signes annonciateurs de problèmes, dont le spectre d’un nouveau surendettement africain libellé en yuans.

À son arrivée, tout sourit à la Chine. Non pas que l’Afrique ait jamais été dupe des professions de «non-ingérence» de Pékin ou de la «non-conditionnalité» de son aide, pour ne citer que deux des vœux d’abstinence qui fondent «la pratique des cinq non», le code de conduite psalmodié lors des grand-messes officielles. Mais les dirigeants africains apprécient la marge de manœuvre politique que Pékin est censé leur laisser alors qu’elle a disparu de leurs relations avec les pays occidentaux et les organismes financiers internationaux. Et l’homme de la rue en Afrique voit dans le Chinois un alter ego que, toutes choses égales par ailleurs, l’Européen ou l’Américain ne saurait être: un ressortissant du Tiers-Monde comme lui qui, en une génération, s’est hissé au niveau des anciens maîtres du monde et éternels donneurs de leçons. Autrement dit: un modèle, sinon une promesse d’avenir.

Vus sous cet angle, les 756 km de voie ferrée construite par la Chine entre Djibouti et Addis-Abeba pour offrir à l’Éthiopie un débouché maritime que celle-ci a perdu depuis la sécession de l’Érythrée en 1991, effacent aussi le passé colonial d’un chemin de fer achevé, après plus de trente ans de construction, par la France, en 1929. C’est par le port de Doraleh, à une quinzaine de kilomètres au sud de la capitale djiboutienne, que transitent désormais les importations éthiopiennes en provenance d’Asie et des pays du Golfe. Ce dispositif portuaire et ferroviaire participe de la Belt and Road Initiative (BRI), par laquelle Pékin aspire à redresser le paysage géopolitique en ouvrant ou en aménagement des voies commerciales, sur la terre ou par la mer, dont certaines empruntent les célèbres routes de la soie suivies par les caravaniers jusqu’au XVème siècle. Ce faisant, la Chine intégrerait mieux l’Afrique dans l’économie mondiale et l’intégrerait tout court au moyen, notamment, de chemins de fer reliant les côtes orientales et occidentales du continent, sans se laisser arrêter par les anciennes frontières coloniales. Mais au fil du temps, la Chine en Afrique s’est banalisée des frictions entre ses ressortissants et des Africains se sont multipliées et, de manière générale, le clair-obscur de son action a diminué le contraste par rapport à d’autres intervenants extérieurs sur le continent. Certes, contrairement aux Occidentaux, la Chine envoie des Casques bleus pour le maintien de la paix dans le cadre de l’Organisation des Nations unies (ONU). Mais, sur le plan bilatéral, elle est aussi devenue le plus important fournisseur d’armes aux pays de l’Afrique subsaharienne, du fusil au char d’assaut.

Depuis 2017, elle dispose à Djibouti de sa seule base militaire à l’étranger: 2 000 hommes, du marin au soldat des forces spéciales. Cette base, à côté de celles occupées par les Américains, les Français, les Italiens et les Japonais, permettrait de protéger les expatriés chinois en cas de troubles. Elle joue aussi un rôle dans la sécurisation des investissements effectués au titre du programme BRI, en cas de défaillance de la protection que les partenaires africains sont priés de garantir aux entreprises et chantiers chinois participant à ce programme.

L’armée ougandaise surveille ainsi des parcs industriels BRI. Le Kenya a dû menacer de la peine capitale les «saboteurs économiques» responsables d’actes de vandalisme sur un tronçon de chemin de fer utilisé par les Chinois. «La main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit». Les prêts accordés par Pékin n’échappent pas à cette sagesse africaine.

Stephen Smith et Jean De La Guérivière «L’Afrique»

 

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1 commentaire

  1. «La main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit», vous avez tout faux car le partenariat Afrique-Chine et Afrique-Russie ou Afrique-BRICS c’est du gagnant-gagnant pas une main qui donne ou une main qui reçoit, Stephan et Jean vous etes des sales trolls au service de l’occident unipolaire, raciste, esclavagiste, colonialiste et imperialiste!

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