Depuis la victoire spectaculaire de Monsieur Emmanuel Macron à l’élection présidentielle française, on entend plusieurs chefs d’Etat africains entretenir l’espoir, ou plutôt, l’illusion que Monsieur Macron mettra fin à la Françafrique ou en tout cas, au paternalisme de la France vis-à-vis de l’Afrique.
J’ai envie de leur répondre que la relation Françafrique est plus forte que Monsieur Macron qui est lui-même un produit du milieu des affaires. Ce n’est pas une question de personne mais d’un système dans lequel la morale elle-même se soumet à un relativisme Nietzschéen.
Aussi, quelle que soit la générosité de Monsieur Macron, il se fera très rapidement conditionner par la RealPolitik et ne pourra que perpétuer les rapports déséquilibrés entre la France et l’Afrique dans l’intérêt de son peuple.
Dans un monde dominé par le pouvoir du capital (argent) et non par celui des peuples comme universellement proclamé, la politique étrangère des grandes puissances est plus conditionnée par les intérêts des Firmes Multinationales que par un quelconque élan de sympathie, d’amour ou de compassion pour ceux qui acceptent la position de victimes éternels.
Briser le coup de la Françafrique n’est pas le devoir d’un président français. A qui profite la France-Afrique?
Pourquoi voulez-vous donc que la France combatte ce qui lui profite?
L’élection de Monsieur Macron n’est-elle pas la meilleure preuve que “face à la volonté la faiblesse de l’impossible se dévoile”? N’est-ce pas là une belle démonstration que le destin se laisse construire par celui qui le force?
Cela ne devra-t-il pas signifier pour nous que nous pouvons par la force de la volonté détruire la Françafrique et construire notre propre destin?
La Françafrique s’écroulera le jour où les africains auront la volonté de l’abattre, le jour où les africains accepteront d’être enfin responsables de leur propre destin. Le renversement vient toujours d’en bas et non d’en haut; seul donc un changement par le bas, provoqué et conduit par les africains eux-mêmes sonnera la fin de la Françafrique.
Cela suppose donc que les vieux chefs d’Etat africains ne concentrent pas toute leur énergie à faire la cour à ce jeune président français qui pourrait voir en eux, non des interlocuteurs, mais des courtisans.
Celui qui quémande la pitié finit toujours par recevoir le mépris ! Un peuple qui se refuse à compter sur ses propres forces, un peuple qui a éternellement besoin de moniteur, un peuple chez qui la volonté est profondément malade, ce peuple, disons-le, prépare la venue de plusieurs générations d’esclaves; et Dieu même aide un tel peuple à se maintenir durablement dans la soumission.
Maitre ZANA KONE
AVOCAT A LA COUR
Auteur de l’Etre et la Volonté