Le discours à la fois historique et patriotique du premier ministre du Mali, Choguel Kokalla Maiga, à l’Assemblée Générale des Nations Unies a été perçu par Macron et sa France condescendante comme un affront de l’élève à son maître. Le Président de la République française, dans des propos discourtois et à la limite irrespectueux s’est attaqué aux autorités maliennes. Dans des propos qui frisent l’indécence il a qualifié les propos du premier Ministre malien de mensonges et trouve que c’est une honte surtout d’un gouvernement issu de deux coups d’Etat. A-t-on réellement besoin de rappeler à Macron que Choguel a traduit dans son discours les aspirations profondes de l’écrasante majorité du peuple malien et que l’expression d’abandon en plein vol de la France ne serait que pure réalité au regard de l’exacerbation de l’insécurité et de la conquête quasi quotidienne du terrain par les terroristes aux yeux à la barbe des milliers de soldats venus aider le Mali. Le couple Assimi Choguel ne mérite-t-il pas le soutien du peuple ? N’est-il pas temps de mettre sous veilleuse les querelles politiciennes pour sauver d’abord le Mali ? Le discours du PM n’a-t-il pas restitué aux maliens leur dignité et leur honneur perdu depuis 1968 ?
Le Discours tenu par le Premier Ministre Choguel Kokalla Maiga à l’Assemblée Générale des Nations Unies à New York était tellement de belle facture qu’il a eue droit à un accueil populaire et digne des grands évènements historiques au Mali. Aux antipodes de la liesse populaire des maliens, c’est une colère noire que le Président français Emmanuel Macron a piqué en qualifiant les autorités maliennes d’illégitimes et des menteuses. En mal dans les sondages, embourbé dans des scandales, comme celui de la rupture du contrat de livraison des sous-marins à l’Australie, Emmanuel Macron a déversé son venin sur les autorités maliennes en marge du dîner de clôture de la saison Africa 2020 à l’Elysée. Ce qui feint d’oublier ce que le premier ministre Choguel Kokalla Maiga a dit tout haut ce que 90 pour cent des maliens murmurent tout bas, à savoir le rejet de la politique française et l’option Russe comme alternative crédible. Donc ce discours a rendu le couple Assimi-Choguel très populaire et il est considéré comme le duo qui pourrait restituer aux maliens leur dignité et leur honneur.
Pour ceux qui savent lire entre les lignes c’est moins la virulence des propos du Premier ministre Choguel Maiga qui a choqué Emmanuel Macron, mais c’est plutôt le choix politique fait par le gouvernement de la transition, à savoir l’option russe comme alternative au retrait des forces barkhanes. Un contrat est sur le point d’être signé avec la société paramilitaire russe, Wagner. Cette option, à la fois prometteuse et nettement avantageuse pour le Mali, chamboule la géostratégie sous régionale de la France et même la géopolitique mondiale, car elle mettra à nu toutes les intrigues de la France au sahel et le complot de l’Occident dans la guerre contre le terrorisme. Sinon comment comprendre qu’un Etat souverain qui veut multiplier ses relations bilatérales et multilatérales avec d’autres pays, puisse susciter autant de colère et d’indignation chez un autre Etat. La France de Macron est en perte totale de vitesse sur l’échiquier politico- diplomatique mondial. En un mois elle a subi deux gifles, la première est celle de l’Australie qui a annulé son contrat de livraison des sous-marins et la seconde est cette déculottée du gouvernement malien qui a décidé en toute indépendance de se tourner vers les Russes pour négocier un contrat dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ces deux revers suffisent pour que les français ne puissent pas renouveler leur confiance à Emmanuel Macron dont le mandat arrivera bientôt à terme.
S’agissant du gouvernement malien, il doit comprendre plus que jamais qu’il a le bon bout donc il doit persévérer dans cette voie en cherchant non seulement l’adhésion populaire, seul rempart contre la France et ses laquais nationaux, mais aussi l’inclusivité pour donner plus de légitimité aux actions et décisions qui seront prises.
Youssouf Sissoko