Démocratie et Coups d’Etat militaires en Afrique : Le temps n’a-t-il pas donné raison au président Jacques Chirac ?

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Après le sommet de la Baule en juin 1990 où le président François Mitterrand dans des propos belliqueux disait à ses homologues que l’aide de la France sera conditionnée à l’instauration du multipartisme intégral. Au sein de la classe politique de la métropole   les réactions ne tarderont pas, son successeur Jacques Chirac connaissant bien les réalités africaines pour avoir participé à la guerre d’Algérie  n’a pas hésité à dire que la démocratie est un luxe pour les Africains. A sa suite certains dirigeants africains à savoir le Roi Hassane II du Maroc et le président malien de l’époque le général Moussa Traore ont émis   des réserves quand à la pertinence de la démocratie à l’occidentale. Le temps finira par leurs donner raison.   En dépit de la tourmente provoquée par la vague de démocratisation certains chefs d’Etat sont parvenus à se maintenir au pouvoir et même de façon dynastique c’est le cas de Oumar Bongo Odimba né Albert Bernard Bongo qui après sa disparition  en 2009 a été remplacé par son fils Aly Bongo qui a été déposé par son cousin, chef de la garde présidentielle le général Brice Oligui Nguema qui préside désormais le Comité pour la transition et la restauration des institutions. Rappelons que cette famille a dirigé le Gabon pendant 55 ans sans interruption. Avant les Eyadema, après la mort d’Etienne Gnassingbé Eyadema son fils Faure Essozimna Gnassingbe  a pris en main les destins du Togo. Dans le cas de cette succession même la forme n’a pas été respectée  puisque constitutionnellement, le pouvoir devait revenir à  Fambaré Ouattara Natchaba, le président de l’Assemblée nationale. Le même scenario s’est produit au Tchad après la mort du président Idriss Deby Itno, son fils Mahammat Idriss Deby n’a pas eu du mal a succédé à son père en forçant le président de l’Assemblée nationale Haroun Kabadi à désister pour raison de maladie et lors de la cérémonie d’investiture Macron était présent. Tout porte à croire que le président  du Cameroun Paul Biya  déjà très avancé en âge 90 ans fera tout pour faire venir Francis Biya son fils. Idem pour la Guinée Equatoriale où Theodoros Obiang Nguema est dans la logique d’imposer Obiang Mangue junior. Mais avec les événements du Gabon ne vont –ils pas  frapper dans la fourmilière car la trahison ne vient que du côté des proches.

Peu après le vent des indépendances qui a soufflé sur le continent noir, le colonisateur adopte une nouvelle méthode. Cette méthode  appelé néo-colonialisme, une expression chère au feu président Ahmed Sekou Toure   de la Guinée Conakry est une nouvelle forme de domination des anciennes colonies à travers des méthodes peu orthodoxes. Des méthodes qui s’appuient sur des coups de caserne, dans le pire  des cas à des assassinats. Si la Grande Bretagne a été quelque peu clémente avec ses anciennes colonies, ce n’est pas le cas de la France qui a fait recours à la terreur pour continuer à maintenir sa domination. Nous savons tous que le général Charles de Gaulles qui a tiré les leçons de la défaite française de Dien Bien Phu a souhaité que les Etats africains francophones divisés en trois grandes entités l’Afrique occidentale française , l’Afrique Equatoriale française et la zone océan indien qui regroupe Madagascar et les îles Comores soient regroupés au sein de la communauté Franco-africaine .  Si au départ, il a obtenu l’adhésion    de la majorité des élites intellectuelles qui sont les leaders politique, il sera obligé de faire face au refus catégorique du président Ahmed Sékou Toure. Il a été le Premier leader de l’Afrique de l’ouest francophone à dire non au général de Gaulle, le 28 septembre 1958. Le libérateur de la France n’en croyait pas ses yeux  quand la Guinée a  voté en faveur du non pour la communauté. En effet, le syndicaliste Sekou Toure avait déjà mené une intense campagne pour convaincre le peuple Guinéen de l’escroquerie qui se cache derrière cette communauté dont la seule locomotive restera  la métropole. Sékou Toure n’a pas manqué de lâcher cette phrase : « Nous préférons la pauvreté dans la dignité que l’esclave dans l’opulence ».   Il faut le dire sans risque de se compromettre l’objectif de de  Gaulle n’était pas compliqué , il s’agissait de maintenir un empire qui ne disait pas son nom avec des dehors de liberté pour mieux asseoir la grandeur de la France dans le monde qui était partagé entre le bloc occidental et le bloc communiste. Mieux l’autre objectif visé était sans doute l’exploitation des ressources naturelles des anciennes colonies. Le but  de cette forfaiture assuré aux industries de l’hexagone, un accès aux matières premières et à moindre coup. On n’avait pas besoin de consulter l’oracle de Siwa pour savoir cela. Partant même les leaders qui avaient opté pour le oui en faveur du référendum  ont fini par comprendre le stratagème du président de      Gaulle. Craignant que le Cameroun ne devienne une autre Indochine et pour que le leader de l’Union des populations du Cameroun (UPC) Ruben Um Nyobe  ne propage l’idée d’indépendance totale en Afrique centrale, il est pris en chasse par les troupes coloniales françaises qui finiront par avoir sa peau. Son cas et celui du président Sékou Toure ont achevé de convaincre la France de partir pour mieux rester. Ce faisant, l’heure des coups d’Etat sera inauguré. Celui qui sera chargé de cette basse besogne n’est autre que Jacques Foccart, le président Toure disait de lui qu’il n’est pas faux au quart mais qu’il est faut entier. Dans cette tragédie qui va accompagner le continent africain, la France et ses réseaux africains veilleront     à ce que les chefs d’Etat fidèles soient à l’abri de ces coups de force. Aussi  des pays comme le Gabon seront protégés par les forces françaises. Quand des militaires décident de déposer Léon Mba dans ce que certains ont qualifié de vrai faux coup d’état des parachutistes français sont dépêchés depuis Brazzaville capitale de la République du Congo pour le remettre sur le trône. La Côte d’Ivoire de Félix Houphouët Boigny  bénéficiera des mêmes avantages avec la présence permanente du 43 eme  bataillon de marines le fameux 43 eme BIMA. Idem pour Léopold Sedar Senghor qui ne faisait pas confiance aux soudanais qu’il soupçonnait de velléité impérialiste. Pour le rassurer, la France maintiendra dans le pays de la Teranga une certaine présence militaire.  Mais Paris ne tardera pas à abandonner en plein vol certains de ses amis  comme Hamani Diori  dont le pays, le Niger occupait une position stratégique grâce à l’uranium indispensable   au fonctionnement des centrales nucléaires  françaises. Initiateur du sommet France-Afrique, il sera renversé en 1974 par le général Seiny Kountche. Quand au président Jean Bedel Bokassa tombeur de son cousin président David Dacko, il sera porté à bout de bras par la France pour le meilleur et dans certains cas pour le pire. Partant, Paris sera complice de son sacre comme empereur avec le sabre de l’empereur Napoléon Bonaparte en main et en présence de l’ambassadeur de France à Bangui. Agacé  par ses frasques,  Valéry Giscard d’Estaing finira par le  laisser tomber   mais  en subira les conséquences lors du face à face avec Mitterrand lors de la présidentielle  de 1981.  Pour se venger de Valery qui l’a débarqué à la faveur de l’opération Barracuda, il révélera  que Valery a bénéficié de plusieurs carats de Diamants.  Pour expliquer la bassesse de Giscard, Bokassa fera une autre révélation qui va surprendre le monde, les aventures de son épouse avec ce dernier. Dans ce que les historiens ont appelé la Françafrique, c’était la loi de la jungle en faveur de la métropole. Dans cette jungle les moins chanceux comme Sylvanus Olympio ont été purement et simplement  liquidés, il est vrai que la République démocratique du Congo était une ancienne colonie belge mais la France gardait un œil  sur ce pays à l’échelle d’un sous-continent. Dans une complicité ourdit par l’occident le leader qui voulait rompre les chaines de ce vaste pays,  Patrice Emery Lumumba finira diluer dans de l’acide. Quand au président Modibo Keita, il meurt  en détention à Bamako dans des conditions   troubles en 1977.  L’Abbé Fulbert Youlou président du Congo Brazzaville  qui était méprisé par le couple de Gaulle n’avait d’autres choix que de sauver sa peau. Mais pour  les chefs d’Etat  qui n’hésitaient pas  à vendre leurs âmes au diable c’était la bamboula. Le président Oumar Bongo né Albert Bernard Bongo sera au cœur de la Françafrique en ouvrant les vannes du pétrole gabonais exploité par ELF qui a fondu dans l’entreprise Total l’une des plus grandes sociétés d’hydrocarbures au monde. Homme à tout faire de Paris selon les historiens, il aurait joué un grand rôle dans la tentative de sécession du Biafra  dans les années 1970.  Il avait même son mot à dire pendant les conseils des ministres en France parce que bailleur des présidents pendant les campagnes présidentielles. Sauf que son fils Aly Bongo a oublié que les époques ne sont plus les mêmes  et aucun pouvoir n’est eternel.

Badou S. Koba

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5 COMMENTAIRES

  1. 1- Thèse de Macron:
    « Si la France n’était pas intervenue, si nos militaires n’étaient pas tombés au champ d’honneur en Afrique, si (les opérations militaires) Serval puis Barkhane n’avaient pas été décidées, nous ne parlerions aujourd’hui ni de Mali, ni de Burkina Faso, ni de Niger », a déclaré le président français devant les ambassadeurs français réunis à Paris pour leur conférence annuelle…

    2-Anti-Thèse de F. Hollande:
    “Nous nous battons en fraternité, Maliens, Français, Africains parce que moi je n’oublie pas que lorsque la France a été elle-même attaquée, lorsqu’elle cherchait des soutiens, des alliés, lorsqu’elle était menacée pour son unité territoriale, qui est venu alors? C’est l’Afrique, c’est le Mali. Merci, merci au Mali. Nous payons aujourd’hui notre dette à votre égard…” (Holland: Bamako, 2 Février 2013)

  2. Nouveau clip d’Ali Bongo: “Make noise”…!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

    Tell them to make noise!
    Make noise! Make noise!
    I’m calling you!
    My son, make noise!
    My wife, make noise!
    All friends, make noise!
    Make noise! Really!
    Noise, noise, make noise!

    A noter que déjà en 1977 il enregistre son premier album de Disco-Funk produit par l’ex-manager de James Brown……………………!Alain Bongo – “I Wanna Stay With You” (1978)

  3. Sans vraie démocratie, tant que les présidents auront tous les pouvoirs à l’assemblée, au conseil constitutionnel, sur les procureurs de la République, il n’est pas sûr que les coups d’état cessent.

  4. 1- Jacques Chirac réveillez-vous pour 1mn de votre tombe:
    – “Nous avons saigné l’Afrique pendant quatre siècles et demi”…
    – “Qu’on rende aux Africains ce qu’on leur a pris”…(FranceInfo, Le Monde, Libé… Sept 2019)

    2- Resumons:
    “On oublie seulement une chose. C’est qu’une grande partie de l’argent qui est dans notre porte-monnaie vient précisément de l’exploitation, depuis des siècles, de l’Afrique. Pas uniquement. Mais beaucoup vient de l’exploitation de l’Afrique. Alors, il faut avoir un petit peu de bon sens. Je ne dis pas de générosité. De bon sens, de justice, pour rendre aux Africains, je dirais, ce qu’on leur a pris. D’autant que c’est nécessaire, si on veut éviter les pires convulsions ou difficultés, avec les conséquences politiques que ça comporte dans un proche avenir.”

    3- M Chirac, vous pouvez allez vous recoucher!!!!!!!!!!!!!!!

  5. Les coup d’Etat,c’est en AFRIQUE FRANCOPHONE victime du NEO-COLONIALISME FRANÇAIS.
    Dire que le temps a donné raison à JACQUES CHIRAC,c’est affirmer qu’en dehors de l’AFRIQUE FRANCOPHONE,la démocratie ne marche pas.
    Le CAP VERT est incontestablement une démocratie ainsi que le BOTSWANA.
    Ces deux pays sont cités pour leurs MATURITÉS DÉMOCRATIQUES comparables aux grandes démocraties de deux siècles.
    Cette déclaration de JACQUES CHIRAC est raciste.
    Ça veut dire que l’africain n’a pas l’intelligence de comprendre qu’il faut suivre un processus pendant des années avant d’avoir une certaine MATURITÉ DÉMOCRATIQUE.
    Il se trouve des journalistes pour la valider.
    JACQUES CHIRAC avait comme amis des fossoyeurs d’Afrique tels MOUSSA TRAORE, OUMAR BONGO et EYADEMA qui étaient contre l’ouverture démocratique.
    Cette déclaration malencontreuse et raciste a été faite pour les soutenir.
    Les COUPS D’ETAT sont plus liés à la qualité de nos armées qu’à l’incapacité de nos peuples à s’adapter à l’ère démocratique.
    Nos PROCESSUS DÉMOCRATIQUES ne sont pas corrigés au fil des avancées démocratiques du fait de la concentration des pouvoirs entre les mains d’une seule personne qui refuse toute réforme structurelle permettant de faciter la SOUVERAINETÉ DU PEUPLE.
    Il s’agit de s’engager à rendre réel la SÉPARATION DES POUVOIRS.
    Tant qu’elle n’est pas effective,nos armées vont intervenir car conçues à s’ingerer dans l’espace politique.
    La SÉPARATION DES POUVOIRS consiste à définir les prérogatives de chaque structure de l’Etat afin qu’elle soit indépendante l’une de l’autre.
    Concentrer les POUVOIRS ENTRE LES MAINS D’UNE SEULE PERSONNE comme constater dans tous les pays francophones,c’est encourager les activités politiques perverses conduisant à discréditer la classe politique.
    Les pays africains qui ont favorisé la SÉPARATION DES POUVOIRS ont une activité démocratique enviée permettant de démentir JACQUES CHIRAC.

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