La France, après avoir essuyé le tir du gouvernement de la transition qui n’a pas hésité à expulser les troupes danoises, s’est concertée avec ses partenaires européens membre du groupement de forces spéciales Takuba au Mali, pour adopter une position commune vis-à-vis des autorités de Bamako. L’une des réponses à cette humiliation infligée à la France et à ses alliés européens a été la sanction de cinq personnalités du régime, notamment le PM Choguel, le Président du CNT le Colonel Diaw, le Ministre de la réconciliation Wagué, le virevoltant Ben le Cerveau et le Ministre des réformes Ikassa Maïga.
Comme une réponse du berger à la bergère l’Union Européenne a répondu à ce qu’elle a qualifié de provocation de plus et de trop de la part de la junte au pouvoir au Mali, en faisant sienne les sanctions individuelles de la CEDEAO à l’encontre des personnalités maliennes. Elle vient d’adopter des nouvelles sanctions contre cinq personnalités en les considérant comme étant des obstacles à la paix. Comme pour dire que la junte au pouvoir, est en plein bras de fer avec Paris. Pour rappel elle a exigé le départ des soldats danois dès leur arrivés pour nopn autorisation de fouler le sol malien. Les autorités de la transition ont demandé au Danemark de retirer lundi le 24 janvier “immédiatement” le contingent d’hommes qui avait été déployé au Mali pour participer à Takuba, une task force spéciale de plusieurs pays de l’union Européenne initiée par la France et destinée à accompagner les soldats maliens au combat face aux djihadistes.
Cette action de la junte malienne mettra-t-il fin à la présence de Takuba au nord du Mali ?
Le gouvernement de la transition malienne justifie son action par le non-respect des clauses des accords existant entre le Mali et la France et ses alliés. Donc ce déploiement est intervenu sans son consentement. La junte multiplie les pressions sur paris, qui résiste et multiplie ses réactions. En effet, le mardi 25 janvier, la ministre française des Armées, Florence Parly, s’est insurgé contre l’expulsion des forces danoises en affirmant sa solidarité avec ses partenaires danois, dont le déploiement a été fait sur une base juridique légale, contrairement à ce qu’affirmait la junte malienne. « Nous sommes présents via une invitation claire du gouvernement de transition malien (…) avec nos alliés européens, la France notamment », a de son côté fait valoir le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod, durant un déplacement à Bruxelles. Le Mali affirme de son côté qu’il n’a pas été informé de l’arrivée des troupes danoise. Le ministre Français des armées et le ministre des affaires étrangères du Danemark disent avoir reçu une invitation de la part des autorités maliennes.
Ces connotations entre les deux chefs de la diplomatie, ne vont –elles pas aggraver le différend existant déjà entre le Mali et la France ?
En effet, après des restrictions posées dans l’espace aérien malien et la remise en cause des accords de défense qui lient Bamako à Paris, cette demande de retrait du contingent danois constitue une nouvelle difficulté à l’action militaire française et européenne au Mali obligeant la France à s’interroger sur le chemin à suivre avec les autorités maliennes depuis plusieurs mois, qui sont accusées d’avoir ouvert les portes du pays aux mercenaires russes de la société privée Wagner. Dans les pays du Sahel où est étalée la force anti-djihadiste Barkhane, le Tchad et le Mali sont désormais dirigés par des militaires. Le coup d’Etat du lundi 24 janvier passé au Burkina Faso complique aussi la tâche à Paris.
Takuba, aujourd’hui forte, de plus de 500 militaires, risque de disparaître, alors que l’objectif de neuf ans d’intervention inscrit dans le plan d’action est loin d’être satisfaisant.
Ainsi, l’existence de Takuba, qui a été lancée en mars 2020 par la France pour partager le fardeau du Mali avec ses partenaires européens, se trouve aujourd’hui menacé, même si, le gouvernement de la transition du Mali multiplie les messages d’hostilité à l’égard de Paris et de ses partenaires.
Assitan DIAKITE