Coopération Mali-Libye : Le drapeau du CNT flotte sur Bamako

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Au moment  où nos autorités se fendent derrière un communiqué laconique pour demander aux rebelles et loyalistes d’arrêter les hostilités, au niveau de la représentation diplomatique de la grande Jammariya populaire de la Libye dans notre pays, flotte le drapeau du Conseil National de la Transition au vent de l’ACI 2000.Plus grave, sans présentation de ses lettres de créance un nouvel ambassadeur siège désormais dans le fauteuil laissé par Ali Mohamed Ramadan El Mangouri.

Finalement, la réticence du Mali à ne pas reconnaître les nouveaux maîtres de la Libye, à savoir les membres du Conseil National de la Transition, dirigé par Mustafa Abdeljalil  n’a servi à rien. Car, depuis le jeudi 25 Août 2011 sur instruction du nouvel ambassadeur, parachuté de nulle part, les anciens drapeaux (tout vert) au niveau de cette chancellerie ont été un à un remplacés par ceux du CNT. Aussi, pour sécuriser les nouveaux symboles du désormais ancien pays de Kadhafi, un bataillon de la police malienne monte la garde 24H/24 au niveau de cette représentation diplomatique. Lorsque nous avons voulu rencontrer le nouvel ambassadeur le vendredi 26 août dernier, l’on nous a signalés à la réception que « son excellence » est monté à Koulouba.

S’agissait-il de Koulouba des Affaires étrangères ou celui de la Présidence ?

Quel qu’en soit l’un ou l’autre, en réalité ce représentant du CNT ne devait pas être reçu par nos autorités si les principes diplomatiques, conformément au droit international  ont vraiment un sens dans notre pays. Cela, d’autant plus que le concerné n’a aucunement présenté sa lettre d’accréditation (autrement appelée lettres de créance) au Président de la République pour être légalement habilité à exercer ses fonctions d’ambassadeur dans notre pays. Ou, a-t-il été imposé par les puissances étrangères ? Comme cela a été le cas dans de nombreux pays, même pendant que le guide libyen Mohamar Kadhafi exerçait la plénitude de ses pouvoirs.

Ne pas reconnaître un drapeau qui flotte sur son pays ! 

Dans le concert des Nations, la ligne de conduite adoptée par la République du Mali par rapport à la crise libyenne est diversement appréciée. Cette ligne de conduite se justifie par plusieurs facteurs.

D’abord la position de son Président. En effet, au sein de l’Union Africaine, le Chef de l’Etat malien, Amadou Toumani Touré est membre du conseil de médiation mandaté par cette organisation panafricaine pour la résolution de la crise. Cette mission de médiation, pilotée par le Président sud Africain, Jacob Zuma est composée en plus du président malien de ceux d’Ouganda,  de la Mauritanie et du Congo, elle s’est donnée pour objectif d’établir le contact avec toutes les parties libyennes et de faciliter le dialogue.

 Ensuite, au regard des relations bilatérales entre les deux Etats. La Libye partage avec le Mali des liens historiques de coopération, et dans des différents domaines. Le précurseur cette bonne amitié n’est autre que le guide de la révolution libyenne, Mouhamar Kadhafi. Le concernant, d’aucuns affirment  même, être originaire de la région de Tombouctou.

Au-delà de toutes ces considérations d’ordre diplomatique et de principe panafricain, la ligne de conduite de l’Etat malien, quand il se réserve de reconnaître le CNT, trouve son fondement dans l’esprit démocratique qui a toujours caractérisé la politique étrangère du Mali. Partout, et à tout moment le Mali a condamné l’emploi de force comme mode d’acquisition du pouvoir, c’est pourquoi dans son communiqué du 24 Août dernier, le gouvernement malien a invité les « rebelles et les loyalistes » à l’arrêt des hostilités et l’instauration d’un processus de transition impliquant tous les Libyens.

Toute chose qui démontre à suffisance qu’à la différence des Etats qui ont reconnu le CNT en tour de rôle comme la Gambie (22 avril), Sénégal (28 mai), Maroc , Botswana (11 août), Gabon (12 août), Tunisie (21 août), Égypte (22 août), Nigeria et Tchad (23 août), Burkina Faso et Éthiopie (24 août) ,la Côte d’Ivoire (25 août) et curieusement le Niger et le Togo(27 août), le Mali n’est pas encore dans les ordres d’accorder son quitus à une organisation montée au pouvoir par force par des pays occidentaux amassés au sein de l’OTAN.

Alors, étant donné que cette position du Mali soit connue et souvent largement critiquée par de nombreux observateurs, comment au vu et au su de tous, les hommes du leader Mustafa Abdeljalil ont implanté leur symbole au centre même de la capitale malienne ?

Une offense à la souveraineté nationale !

Il y’a de cela trois mois la presse malienne avait fait état des actions de trahison  de certains diplomates libyens et hauts fonctionnaires dans notre pays, notamment l’ambassadeur sortant Ali Mohamed Ramadan El Mangouri, le directeur du centre islamique M. Fardj et celui de l’Association de l’Appel Islamique Mondial, Ahmad Abdou Nabi. Lesquels auraient, par la suite rejoint les rebelles pour combattre Kadhafi avec l’OTAN. Cela se comprenait, car relevait de la volonté de ceux-ci d’aller soutenir à Libye un contingent dont ils ont préféré. Cependant ; aller jusqu’à implanter le drapeau du CNT sur le territoire malien, relève en toute franchise de la provocation et de l’offense vis-à-vis du choix souverain adopté par notre pays. Car le drapeau a une signification hautement important  dans les liens interétatiques.

En effet, le drapeau officiel est l’objet matérialisant les trois éléments fondamentaux de l’Etat : la population, le territoire et la souveraineté. Or, au-delà même de la situation figée du Mali, l’acceptation par notre pays du drapeau du CNT peut  donner une interprétation bien profonde. Cela, sous entend que le Mali reconnait à ce conseil l’appropriation par lui de toute la population libyenne, de tout le territoire libyen et de la  totalité de la souveraineté de ce pays. Ce qui est d’ailleurs loin d’être le cas.

Ou nos autorités sont entrain de faire marche arrière par rapport à leur option initiale ?

Moustapha Diawara

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