Coopération turco-malienne : Coup d’Etat à Ankara, coup de froid à Bamako

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Nina Wallet Intallou, le meilleur ambassadeur de la cause touareg

La démocratie en Turquie, un pays à cheval entre l’Europe et l’Asie, peut connaitre aussi des tribulations bananières, comme en atteste la tentative de coup de force dont le président Erdogan s’est sortie avec beaucoup de réussite. En effet, une frange de l’armée en marge des rangs s’était illustrée, dans la soirée du vendredi 15 juillet, par une prise du pouvoir par la force pendant au moins quelques heures et obligé le président à s’exprimer sur des réseaux de fortune pour donner un signe de vie. C’est d’ailleurs un appel à travers lesdits réseaux qui sera déterminant pour faire échec à la tentative de coup d’Etat trop vite revendiquée par des militaires, qui ont dû faire face à une forte résistance des civils.

Le putsch s’est finalement conclu par des arrestations massives aux allures de purge à Ankara où le nombre des interpellations le dispute à celui des partisans ayant accueilli la réapparition d’Erdogan. Requinquées néanmoins par un soutien massif à l’ordre républicain, les autorités turques ont aussitôt trouvé un bouc émissaire en la personne de l’opposant Fetullah Gülen, ancien allié de Tyyip Erdogan exilé aux Etats-Unis depuis près d’une vingtaine d’années et dont les ramifications et l’influence au pays d’origine ne font l’ombre d’un doute.

Très éprouvés par le coup raté, les pouvoirs en place ne paraissent pas se suffire des simples condamnations qu’il a inspirées à la communauté internationale ainsi qu’à ses partenaires extérieurs. Elles ont donc réchauffé auprès  des autorités américaines une demande longtemps sur la table d’extrader l’opposant Fetullah Gülen.  Au nombre des partenaires figurent le Mali, qui entretient avec la Turquie une coopération bilatérale très dynamique  que traduit la fréquence des visites officielles et officieuses de hautes autorités parmi lesquelles le chef de l’Etat et le président de l’Assemblée nationale. Le président turc est même attendu à Bamako, selon les promesses données aux hautes autorités maliennes lors d’une récente visite du président IBK. Il n’est point étonnant dès lors que notre pays figure en peloton de tête des pays africains ayant condamné la tentative de putsch. Pour ce faire, un communiqué a été rendu public dans lequel le gouvernement malien rassure les autorités turques de son «soutien indéfectible». Seulement voilà : on peut logiquement se demander jusqu’où peut aller leur collaboration, d’autant que le principal mis en cause par Ankara s’illustre par une présence plus ou moins prononcé au Mali à travers certaines excroissances du Mouvement Gülen que symbolisent par les écoles ‘Collège Horizon’ dans la capitale ainsi que de nombreuses actions humanitaires d’assistance et d’accès des plus démunis aux services sociaux de base.

L’embarrassante solidité de la branche malienne de Gülen avait d’ailleurs fait tache d’huile dans les relations turco-maliennes au point d’avoir emporté un ministre de la République coupable de s’être  rendue en Turquie pour des soins médicaux sur invitation des  adversaires d’Erdogan confortablement installés au Mali. L’incident, selon nos sources, a manqué de justesse de faire disparaitre le projet scolaire ‘Collège Horizon’, malgré sa place indéniable dans le système éducatif malien.

Avec la nouvelle guerre ouvertement déclarée aux opposants, il y a lieu de se demander pour combien de temps pourra durer la cohabitation à Bamako entre la coopération turque et l’acceptation des adversaires déclarés du président Tayyip Erdogan.

A KEITA

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