Après la disparition d’un groupe de civils mauritaniens les 5 et 6 mars 2022 sur le territoire malien à la lisière de la Mauritanie, plusieurs voix accusent à tort ou à raison l’armée malienne. Faut-il le rappeler, ce n’est pas une première. En janvier dernier, dans la même zone, d’autres mauritaniens ont perdu la vie. Cela avait conduit le gouvernement malien à ouvrir une enquête dont les résultats ne sont pas connus à ce jour.
En effet, depuis les évènements des 5 et 6 mars, les contacts ont été multipliés entre les autorités des deux pays. Le Président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, a même dépêché une mission de haut niveau à Nouakchott conduite par le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale. Les échanges entre la délégation malienne et les autorités mauritaniennes ont abouti à la signature d’un communiqué conjoint qui met l’accent sur la nécessité de diligenter les enquêtes en vue de faire la lumière sur les évènements sus indiqués, la mise en place d’un cadre conjoint de concertation et de partage d’informations, et enfin l’organisation des patrouilles conjointes le long de la bande frontalière.
C’est surtout cette dernière qui a attiré notre attention. En effet, si l’organisation des patrouilles conjointes est une bonne initiative, elle serait tardive en ce sens que pour lutter efficacement contre le terrorisme dans les zones frontalières, des opérations militaires conjointes sont nécessaires. D’autant plus que, au-delàs du cadre bilatéral, le Mali et la Mauritanie sont membres du G5 Sahel qui leur permet de mener ces genres d’opération. Alors pourquoi tout ce temps perdu ? Les autorités mauritaniennes étaient-elles de mauvaise foi ou bien ce sont les autorités maliennes qui n’ont jamais voulu une telle initiative ou encore le moment n’était-il pas propice ?
Nous n’avons certainement pas de réponses à toutes ces questions, mais le constat est qu’il était nécessaire de le faire bien avant. Il a fallu donc que des citoyens mauritaniens perdent la vie dans cette zone sous l’emprise des groupes armés terroristes (GAT) pour que l’on pense à organiser des patrouilles conjointes. Or, depuis plusieurs années, la zone frontalière entre les deux pays est la cible d’activités terroristes intenses, notamment dans la forêt de Wagadu. La clairvoyance voudrait donc que des patrouilles conjointes soient organisées, périodiquement, depuis les premières attaques dans la zone.
Seul un partenariat fiable et sincère permettrait, non seulement, d’éviter des assassinats des personnes civiles, mais aussi de venir à bout des bandits armés qui opèrent dans la zone. De toute façon, les contraintes du terrain conduisent toujours à une prise de conscience des plus Hautes autorités gouvernementales pour impulser de nouvelles dynamiques. Donc mieux vaut tard que jamais. Que ces patrouilles conjointes se passent dans le plus grand professionnalisme pour le bien-être des populations en sauvant la vie aux civils innocents quelle que soit leur nationalité.
Ouattara Bouakary