Le ministre des Affaires étrangères de la République islamique d’Iran, Dr. Hossein Amir Abdollahian, a séjourné à Bamako du 22 au 23 août 2022. Il a ainsi co-présidé, avec le ministre Abdoulaye Diop, la première session de la commission mixte de coopération entre les deux pays. Une rencontre qui a eu lieu le mardi 23 août dernier. Le choix du Mali pour son premier déplacement officiel en Afrique en dit long sur l’importance que les Iraniens attachent au réchauffement de leurs relations économiques et diplomatiques avec notre pays.
Diversifier et élargir le champ de la coopération et du partenariat entre les deux pays ! Telle est l’ambition clairement affichée par le Mali et l’Iran. Une volonté affichée lors de la première session de leur commission mixte de coopération tenue le 23 août 2022. De nombreux opérateurs économiques iraniens (une trentaine) et maliens ont pris part à cette rencontre.
«La tenue aujourd’hui de la première session de la commission mixte de coopération concrétise les orientations de nos deux dirigeants et constitue une étape essentielle sur la voie de la réalisation des aspirations de nos peuples et de nos autorités à conférer une nouvelle dimension à nos relations bilatérales», s’est réjoui le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop, qui s’était rendu à Téhéran en février dernier. Pour lui cette rencontre est «un moyen pour promouvoir les liens de fraternité, de solidarité, d’amitié et de coopération» entre Maliens et Iraniens dans les différents domaines. Il s’agissait aussi «d’entrevoir des perspectives prometteuses».
Le chef de la diplomatie malienne a exhorté nos opérateurs économiques et ceux d’Iran à nouer un «partenariat gagnant-gagnant» en mettant notamment en place des mécanismes efficaces pour «exploiter à hauteur de souhait les ressources disponibles dans les domaines prioritaires identifiés par nos deux pays». Et d’ajouter, «nos gouvernements doivent créer tous les cadres incitatifs juridiques, légaux et financiers pour pouvoir les accompagner à réaliser leurs rêves au bénéfice de nos deux peuples».
Le directeur adjoint de la Chambre iranienne de commerce, d’industrie, des mines et de l’agriculture, Hossein Selahvarzi, et le ministre malien du Commerce et de l’Industrie, Mohamed Ould Mahamoud, ont mis l’accent sur l’importance de l’expansion des relations économiques entre les deux pays lors d’une réunion d’échange en marge de la tenue de cette commission mixte de coopération.
«Les bonnes relations politiques entre la République islamique d’Iran et la République du Mali ainsi que l’intérêt et l’attitude positive du peuple du Mali envers l’Iran sont des avantages précieux pour les hommes d’affaires et les industriels iraniens pour la coopération et l’implantation d’entreprises au Mali», a reconnu Hossein Selahvarzi. Et de poursuivre, «compte tenu de la qualité appropriée et des prix compétitifs des biens et services iraniens, en particulier dans le domaine des services d’ingénierie, il existe une possibilité de coopération dans divers domaines, y compris l’installation et l’exploitation de lignes de production textile pour une utilisation optimale du coton malien afin de produire des tissus et des vêtements».
A l’issue des travaux, les deux ministres des Affaires étrangères ont procédé à la signature de l’accord instituant le comité de suivi des décisions et recommandations de la commission mixte de coopération Mali-Iran. La 2e session de ladite commission aura lieu en 2024 à Téhéran, en Iran.
Naby
Une belle opportunité de relance industrielle pour le Mali
La santé, l’agriculture, les infrastructures, l’ingénierie, les mines, l’enseignement supérieur… Autant de secteurs à explorer pour booster la coopération entre le Mali et l’Iran. Notre pays a beaucoup à apprendre et à gagner de ce pays du Moyen Orient. Et cela d’autant plus que nos partenaires iraniens sont disposés à faire du transfert de technologies le fer de lance de cette redynamisation de l’axe Bamako-Téhéran.
De l’industrie automobile au machinisme agricole en passant par les aménagements hydro-agricoles, l’Iran est très en avance sur notre pays. Et cela malgré l’embargo que les Etats-Unis lui imposent depuis 1980 pour surtout l’empêcher de devenir une puissance économique et militaire. Comme le Mali, le secteur agricole est le socle de la croissance économique de l’Iran. En plus bien sûr du pétrole. Et ces dernières années sa production agricole n’a cessé d’augmenter.
Ainsi, celle du sucre est passée de 60 000 tonnes en 1957 à récemment 270 000 tonnes. La production de coton, de 46.000 tonnes en 1957, atteint aujourd’hui 140 000 tonnes. Quant au ciment, sa production a grimpé de 65.000 tonnes à 1.200 000 tonnes. Au niveau des textiles, elle est passée de 60 à 350 millions de mètres. De nos jours, l’Iran est ainsi parvenu à se tailler des marchés pour l’exportation de textiles de coton et de laine, d’huile végétale, de ciment, de poêles, de chaussures, de réfrigérateurs et engrais…
Autant de secteurs qui peuvent profiter à notre pays. Et cela d’autant plus que, avec le transfert de technologies, nous pourrions par exemple tirer plus de valeurs ajoutées de notre importante production de coton qui est presque entièrement exportée à l’état brut. C’est donc de bonne guère que la République Islamique d’Iran soit disposée à intervenir au Mali dans les domaines de la transformation du coton, de la viande ; dans le secteur de l’énergie et des infrastructures ainsi que dans la fourniture des produits de première nécessité.
«Les Iraniens sont intéressés par la réalisation d’abattoirs modernes au Mali pour faire des usines de viande. Le Mali étant premier dans le cheptel au niveau de l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et 2e dans l’espace de la Communauté Économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), mais nous ne disposons pas d’usines de transformation de viande et d’usines de lait», a déploré Youssouf Bathily, président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM), après des échanges avec les hommes d’affaires iraniens.
Naby