L’importante délégation iranienne qui a séjourné dans notre pays, du 6 au 7 juillet 2010, est retournée comme elle était venue, du moins pour les opérateurs économiques. Ces derniers qui attendaient impatiemment une occasion pour exprimer «une vérité» à la partie iranienne ont vu leur entrevue annulée.
«Nous, on s’attendait à une séance de travail pour savoir comment les engagements iraniens seront honorés.» C’est en ces termes que Sanou Sarr, opérateur économique, a exprimé son scepticisme face à la situation qui caractérise la coopération économique entre le Mali et la République islamique d’Iran. La volonté politique, nous dira notre interlocuteur, n’est pas en cause, mais la stratégie adoptée pour la mobilisation des ressources annoncés a montré ses limités. En 2005, l’Iran de Mahmoud Ahmadinedjad a volontairement mis à la disposition des opérateurs économiques maliens deux lignes de crédit d’un montant de 15 milliards de F Cfa. La volonté politique des chefs d’Etat a fait espérer les opérateurs économiques maliens.
Mais la concrétisation semble se buter à la réalité de la préservation des intérêts privés de part et d’autre. La gestion de ce pactole pose un véritable problème. L’Iran ne veut pas prendre de risque en injectant directement le financement aux projets des opérateurs économiques et les opérateurs économiques maliens disent manquer de collaboration avec leurs homologues iraniens. Aussi, les banques maliennes (BHM et BDM) qui s’étaient engagées à loger ces lignes de crédits n’ont pas su mobiliser. Ces lignes de crédits étaient destinées à assurer à hauteur de 60 % les produits et services iraniens importés au Mali ainsi que des produits maliens exportables en Iran. Renégociées à multiples reprises en augmentant le taux, ces lignes sont devenues caduques.
Plusieurs autres promesses de financement de projets maliens tels qu’une unité de production d’huile moteur, d’équipement du parc d’exposition de Bamako, un abattoir frigorifique, une cimenterie, un projet de salubrité de la ville de Bamako ont été faites par les Iraniens. Sans succès. Ce qui fait dire aux opérateurs économiques maliens que les initiatives iraniennes manquent de pragmatisme et restent seulement au stade des intentions.
A l’occasion de la récente visite d’Etat du président iranien, une rencontre d’échanges était prévue entre opérateurs économiques des deux pays. Les Maliens misaient sur cette rencontre pour exprimer aux Iraniens la nécessité de traduire les engagements en actions concrètes. Mais la rencontre a été avortée. Toujours est-il que le Mali tient toujours à l’exécution de ces lignes de crédits qui sont restées statiques pendant 5 ans. Le ministre de l’industrie, des investissements et du commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, se serait résolu à rendre visite dans les prochains mois pour un plaidoyer en faveur des opérateurs économiques maliens.
Seydou Coulibaly