C’est aujourd’hui vendredi 22 juin que l’Ambassadeur d’Allemagne au Mali, Karl Flittner organise une réception d’adieu au peuple malien. Le cadre retenu pour cette cérémonie solennelle est l’hôtel Azalai Salam.
Après sa prise en fonction en août 2008, Flittner n’a ménagé aucun effort pour raffermir davantage les liens de coopération entre l’Allemagne et le Mali. C’est ainsi qu’il a parcouru presque l’ensemble du territoire malien en apportant la contribution du pays de Goethe au processus de développement du Mali. Premier pays au monde à reconnaitre le Mali indépendant, le 22 septembre 1960, l’Allemagne appuie beaucoup notre pays à travers la coopération militaire, décentralisée et culturelle.
L’Ambassadeur Flittner connait bien l’Afrique pour avoir été, pendant des années, Chef de la division Afrique de l’ouest et du centre au niveau du ministère fédéral des affaires étrangères basé à Berlin. Dans cette capitale allemande, nous avons eu l’honneur et le privilège de faire la connaissance de l’homme à ce poste et d’apprécier son intérêt pour l’Afrique. C’était en 2006 au cours d’un déjeuner de travail dans le restaurant dudit ministère.
Après quatre ans de bons et loyaux services accomplis au Mali, Karl Flittner quitte notre pays avec le sentiment d’avoir accompli pleinement sa mission, même si son départ coïncide avec la suspension de la coopération existant entre nos deux pays à cause du coup d’Etat du 22 mars 2012 jugé.
Sa seule déception reste l’affaire Waic-BHM qui a mis aux prises les investisseurs allemands et la Banque de Habitat du Mali (BHM) autour de la construction d’une cité dénommée “Mangueraie de Sébénicoro“. Cette affaire a failli créer un incident diplomatique entre le Mali et la République Fédérale d’Allemagne.
Affaire Waic-BHM, un mauvais souvenir pour Flittner
Dans cette affaire, le diplomate allemand a dénoncé le comportement de la justice malienne estimant que celle-ci n’a pas dit tout le droit concernant le conflit d’intérêts qui oppose la Banque de l’Habitat du Mali (BHM) à WAIC, une société allemande qui participait à la construction de la “Mangueraie de Sébénicoro. C’était au cours d’un dîner, le 2 octobre 2009, à la faveur des festivités du 3 octobre, date de l’unification allemande.
Dans son adresse aux invités, l’Ambassadeur avait déclaré : “l’expropriation par des méthodes plus que douteuses, sans compensation aucune, d’une société d’investisseurs allemands, à l’initiative et au profit de la Banque de l’Habitat du Mali, n’est pas de nature à nous conforter dans notre confiance dans la bonne gouvernance en général et dans le système judiciaire en particulier et encore moins à encourager le secteur privé à s’engager dans des initiatives et partenariats au Mali”.
Ces propos de Flittner ont choqué, en leur temps, certaines autorités maliennes dont le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale d’alors, Moctar Ouane, qui s’est permis de “convoquer” (le terme est du cabinet du ministre Moctar Ouane), le lundi 5 octobre 2009, tôt le matin, le diplomate allemand dans son bureau pour lui signifier que ses propos portent atteinte à l’image de marque de la coopération entre le Mali et l’Allemagne qui a été le premier pays dans le monde occidental à reconnaitre le Mali indépendant en 1960. Un acte que le diplomate allemand n’a pas, non plus, apprécié en son temps.
Il a fallu l’intervention du président de la République d’alors, Amadou Toumani Touré pour calmer les ardeurs. Pour la petite histoire, le président ATT a, une fois, évoqué la question devant les parlementaires allemands en mission au Mali en soutenant qu'”il faut que le Mali et l’Allemagne trouvent une solution fraternelle à cette affaire entre la WAIC et la BHM“.
Aussi, en marge des festivités commémoratives du 14 juillet 2010 à Paris auxquelles il avait pris part, le président ATT avait reçu les hommes d’affaire allemands en question en compagnie de Louis Michel de l’UE et les avait invités à venir à Bamako pour que l’affaire soit tirée au clair, afin d’éviter que la coopération exemplaire entre le Mali et l’Allemagne n’en souffre pas trop.
Nous espérons que cela n’a pas été le cas.
Alassane DIARRA
