Depuis des générations, l’Afrique n’a subi que des défaites économiques et stratégiques. Il était grand temps que nos gouvernants se montrent ambitieux et à la hauteur de la situation que traverse notre sous-région. En effet, les gouvernements du Burkina Faso, de la République du Mali et de la République du Niger ont reconnu le potentiel inexploité de l’intégration économique comme moyen de croissance économique. Il faut donc les féliciter pour leur leadership en décidant d’impulser une nouvelle dynamique de coopération stratégique à travers la signature de la Charte instituant l’Alliance des États du Sahel (AES).
Nous espérons vivement que cette alliance permettra à nos pays de ne plus se retrouver marginalisés et sans voix dans un monde bouleversé et dominé par les autres et leurs institutions avec des intentions claires, nettes et fermes. La question du développement et de l’intégration économique donne souvent lieu à des débats passionnés. Les facteurs explicatifs du développement ou de la croissance sont considérables. Le développement n’est jamais le fait d’un seul élément, mais il serait plutôt par l’existence d’un bon leadership avec une vision claire et d’institutions bien structurées avec des hommes valables et compétents.
Ce qui a freiné les pays du Sahel jusque-là dans leur développement économique sont en partie des facteurs d’héritage historique, tels que les vestiges des politiques économiques coloniales et néocoloniales, une base productive relativement limitée qui doit désormais être entretenue et les conflits sociaux qui ont affecté le commerce régional. Toutefois, les politiques et les institutions jouent un rôle clé, et beaucoup peut être fait pour les améliorer. Cette alliance des États du Sahel est particulièrement importante pour les économies de ces pays, qui restent en deçà des niveaux de revenus atteints par d’autres économies de taille similaire, mais généralement plus intégrées, dans d’autres régions du monde.
Les enjeux sont importants, mais l’intégration des économies des pays du Sahel pourrait être la clé de l’amélioration du niveau de vie auquel aspirent nos peuples. Forts d’une vision commune visant à garantir la stabilité macroéconomique, à mener des réformes audacieuses au-delà des frontières et à renforcer l’intégration des économies, nos pays ont sûrement une chance d’accélérer leur croissance, d’améliorer leur niveau de vie et de récolter les fruits de la nouvelle économie mondiale se structurant.
Donc, il est crucial que nos gouvernants élargissent l’alliance pour inclure d’autres pays comme la Guinée et poursuivent la mise en œuvre décisive de la Charte s’ils veulent réaliser des progrès. Il faut cependant noter que malgré ses avantages, l’intégration économique a des coûts. Ces coûts sont souvent une source de divergence dans les faits. Aussi, au-delà de la réduction ou de l’élimination des barrières commerciales et il est important de pouvoir coordonner les politiques monétaires et fiscales.
En tout état de cause, face aux changements drastiques de la situation internationale, nous devons œuvrer davantage en faveur d’une intégration économique et sociale totale afin de devenir des acteurs forts dans ce monde qui devient multipolaire.
Cheick Boucadry TRAORÉ