Construction des locaux de l’Autorité de Taoussa : Les Chinois jouent au chantage

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Programmés depuis plusieurs mois, les travaux de construction des locaux de l’Autorité du Barrage de Taoussa connaissent un sérieux retard. Et pour cause, selon des sources concordantes, c’est l’entreprise chinoise qui serait en train de prolonger les négociations en voulant proposer une modification de son contrat. Motifs invoqués par l’entreprise, les difficultés d’accès au site.

Il y a quelques semaines, des informations circulaient selon lesquelles les chantiers de construction des locaux de l’Autorité de Taoussa seraient vides. De plus, ces mêmes informations rapportaient la «vente du ciment par les Chinois». Pire, le Préfet aurait recruté un gardien pour sécuriser l’endroit, qui, il faut le signaler, dispose déjà d’un détachement de l’armée malienne.

Après recoupement, il s’est avéré que les négociations entre l’entreprise chinoise et l’autorité du barrage piétinent. Raison invoquée par les responsables de l’Autorité : les Chinois proposent un prix qui dépasse tout entendement. Par ailleurs, la société chinoise avance «qu’il est difficile, voire impossible de construire dans cette zone, l’accès étant difficile».

Une autre raison, et non des moindres, qui retarde les travaux est le statut des travailleurs embauché par les chinois. Selon des indiscrétions, les Chinois ne respectent pas la législation du travail en République du Mali. En d’autres termes, ils ne veulent pas ou font ignorer que les travailleurs doivent être immatriculés à l’INPS, par exemple. D’ailleurs, selon toujours nos sources, la société chinoise s’est fait taper sur les doigts, à ce sujet.

Concernant la vente du ciment, «les informations sont vraies», nous a confié une source proche de la direction de l’autorité de Taoussa. «Dans un premier temps, les Chinois ont nié avoir vendu le ciment. Mais nous avons envoyé des collaborateurs sur place et ils ont constaté que le ciment a été bel et bien vendu. En tout cas, cela n’engage que les Chinois», nous a soufflé un cadre de l’Autorité de Taoussa. Ce cadre d’ajouter que «les Chinois ont compris qu’ils sont très important dans la construction des structures rattachées au barrage de Taoussa. C’est pourquoi ils veulent mettre la pression sur nous. Mais nous n’allons pas céder au chantage. Nous ne pouvons pas donner l’argent dont nous ne disposons pas. En tout cas, il faut que l’entreprise revienne à de meilleurs sentiments pour que les travaux continuent». En attendant, les Chinois sont partis en vacances. En tout cas pour la plupart.

Pendant ce temps, d’autres entreprises, surtout maliennes, qui doivent exécuter certains marchés sur le terrain se préparent activement. Question de montrer certainement aux Chinois que l’accès à Taoussa n’est certainement pas le plus dur au Mali.

Rappelons que c’est le samedi 6 février que le président de la République a procédé au lancement des travaux du barrage de Taoussa. Ce projet, d’un coût estimatif d’environ 142 milliards de francs CFA, a pour composantes principales un barrage et ses ouvrages annexes; une route d’accès de 130 km entre le site du barrage et Gao, via Bourem; un système électrique comprenant une centrale de 25 MW; un réseau de transport d’énergie électrique devant desservir les villes de Bourem, Gao et Bamba et des aménagements hydro-agricoles offrant la possibilité de disposer de 185 000 hectares de terres aménagées.

Par ailleurs, Taoussa, c’est l’aménagement à court terme de 3 500 ha de périmètres irrigués, la construction de routes, et, sur le plan énergétique, la production de 25 MW pour alimenter la région de Gao. Taoussa, c’est également la production de 118 GW/an d’énergie hydroélectrique, soit 87% des 135 GW de la demande totale d’énergie dans la zone du projet.

Le projet de Taoussa prévoit aussi des routes d’accès. Celles-ci seront longues de 130 km et comprendront trois tronçons distincts: le premier, de Gao à Bourem par la route nationale 18; le second, de Bourem au point de bifurcation de Taoussa, sur la route régionale 32 débouchant sur la route de Bamba, et le troisième, du point de bifurcation de Taoussa, sur la route régionale 32 (Bourem – Bamba), au site du barrage.

La route, telle que conçue, servira non seulement d’accès au site du barrage, mais assurera aussi le relais avec le bief fluvial navigable entre Tombouctou et Taoussa. Ce qui permettra une continuité et une grande fluidité du trafic entre Tombouctou et Gao. Les ouvrages annexes du barrage sont, entre autres, une digue en enrochement, une route d’accès au site du barrage, une centrale hydroélectrique de 25 MW de puissance installée, une ligne électrique aérienne haute tension, sur 120 km, de 90 KV.

Pour terminer, il faut rappeler que plusieurs bailleurs de fonds ont participé à la mobilisation des 142 milliards de nos francs nécessaires à la réalisation du projet de Taoussa. Il s’agit, entre autres, de la BID, de l’OPEP, de la BADEA, de la BOAD, de la BIDC, de la Banque Mondiale, du Fonds d’Abu Dhabi, du Fonds saoudien et, bien sûr, du gouvernement du Mali.

Paul Mben

    

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