Clin d’œil : Macron apaise, Assimi attend

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Jeune Afrique a annoncé que le président Emmanuel Macron se rendra à Bamako le 20 décembre prochain. Une information que RFI affirme avoir pu confirmer auprès de l’Elysée.

Ce voyage se présente d’office comme un dégel entre la France et le Mali. Il permettra à Macron de fortement baisser la tension, qu’il avait, quelque part, contribué à intensifier.

En effet, sa réaction, peu diplomatique, concernant le discours prononcé par le Premier ministre Choguel K. Maïga à la tribune des Nations unies, ses ripostes contre l’affaire Wagner, jamais confirmée par Bamako, la déclaration unilatérale de retrait des troupes françaises du Mali, et même concernant l’organisation du prétendu sommet France-Afrique, qui a impliqué des jeunes activistes maliens sans passer par les voies adéquates, avaient fini par complètement brouiller les rapports entre les deux capitales. *

Sa visite ainsi annoncée pourrait apporter une certaine accalmie dans les relations entre les autorités françaises et maliennes, ce qui pourrait relancer, sous des auspices plus sereins, un partenariat plus efficace.

Il est pourtant une évidence que le président français va tenter plusieurs coups par ce voyage. Bien sûr, il va, comme nous l’avons évoqué, apaiser la tension entre lui et les autorités maliennes, mais il va aussi soulager son armée dans l’incertitude au nord du Mali en passant Noël avec les troupes, et par cela redorer son image en France, en cette période de campagne pré-électorale.

En ce qui concerne le président de la transition malienne, la venue du président français va, à coup sûr, lui offrir l’occasion de mieux discuter des problèmes qui ont causé des incompréhensions. Et puis, il ne faut pas du tout occulter le fait que les deux hommes se soient préalablement assez entretenus en off avant de se mettre d’accord sur une telle rencontre, qui va être surtout une opération de communication et de finalisation. Ce sont les coulisses d’un tel événement qui restent plus intéressants.

Dans le cas d’espèce elles rendront possible au président de la transition du Mali de prendre la perche au vol afin de mieux expliquer au président Macron la nécessité des assises nationales de la refondation dans le processus de la relance de notre pays.

Aussi, il pourra le rassurer sur l’élaboration d’un calendrier fiable concernant l’organisation d’élections crédibles. Et enfin, ce serait un moment de peaufinage pour la reprise de relations diplomatiques mieux restructurées entre les deux pays. N’oublions pas que nous n’avons toujours pas de représentant en France.

D’un autre côté, il serait important que les hommes de médias, les activistes et autres leaders d’opinion s’engagent à aider le président Assimi Goïta dans les discussions qu’il va tenir avec le président français en maintenant une posture de confiance en son endroit. Que l’on sache que s’il a accepté d’accueillir Macron dans les convenances, c’est qu’il sait que la situation du Mali actuel, en a sérieusement besoin pour sa quiétude.

Ouvrir beaucoup de fronts affaiblit grandement. En rétablissant le dialogue avec la France, il pourra faire bouger les lignes jusqu’au sein de la CEDEAO. Il est clair que le Mali d’Assimi Goïta doit se faire plus de partenaires que d’adversaires. Et si les occasions lui permettent de le réaliser, sans perdre la face, il doit les saisir.

Enfin, cette visite va renforcer les deux chefs d’État, s’ils arrivent véritablement à bien s’y prendre. Macron va rassurer son armée, qui a la réalité du pouvoir aujourd’hui en France. Et en même temps, il va se positionner comme le plus présidentiable des candidats.

Quant à Assimi Goïta, il va acquérir une grande légitimité internationale ; ce qui lui donnera le poids nécessaire pour mieux rassembler autour du Mali, surtout localement, parce que chaque camp politique du pays saura qu’il va falloir compter sur lui pour pouvoir se maintenir. Alors, les jeux sont bien ouverts.

Moussa Sey Diallo/élu URD

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