Un certain conformisme est particulièrement mis à rude épreuve en Afrique. Les cartes sur les plans économique et diplomatique seraient en cours de redistribution et les affinités se joueraient aussi dans d’autres domaines, assez insolites. L’Occident, aux mœurs totalement aux antipodes des valeurs traditionnelles africaines, est perçu comme une menace. Tandis que, de l’autre côté, des États gagnent du terrain sur le continent, perçus eux, comme plus en phases avec les valeurs africaines. Mais au-delà, c’est peut-être une reconfiguration du monde qui se prépare vers un certain repli socio-économique.
En Afrique francophone, l’ex puissance colonisatrice perd de son aura. Coup sur coup, son influence militaire s’estompe, sa diplomatie vacille et sa culture y bat de l’aile. D’autres pays tels que la Chine, la Russie ou encore la Turquie renforcent leur présence. Mais c’est surtout dans l’esprit que la France perd du terrain. Considérée comme une grande puissance, notamment parce qu’elle a son pré-carré, aujourd’hui, avec la création de l’AES et son départ quasi-forcé sur le plan militaire de pays pourtant considérés comme des fidèles partenaires, elle est dans une posture peu confortable. Tchad, Côte d’Ivoire et Sénégal ne veulent pas rester en marge de la vague de demande croissante des populations africaines de plus de souveraineté. Cette demande est devenue plus qu’un slogan, un discours politique de plus pour les gouvernants en place afin de gagner en popularité.
Aussi, il faut comprendre une exaspération forte de l’opinion publique africaine de manière générale qui ne comprend pas cet Occident qui appelle au respect de valeurs dans lesquelles elle ne se reconnait pas. A titre d’exemple, le mouvement LGBTQ qui est devenu une évidence et un droit consacré dans de nombreux instruments internationaux des Droits Humains, est une notion totalement incongrue pour le noyau de la société africaine. L’exaspération est d’autant présente que cet Occident est moins donneuse de leçons, voire pas du tout, envers d’autres puissances partageant un spectre de valeurs semblable à la majorité des pays africains. Les monarchies pétrolières du Golfe en sont la parfaite illustration.
Et dans ce cas de figure, lorsque d’autres partenaires émergent, ils ne peuvent qu’avoir le vent en poupe.
Sauf que l’équation n’est pas si simple. Une autre puissance dont le Premier ministre se définit comme le poste avancé de la civilisation occidentale, appuie sur cette fibre sensible aux Africains et au Sud global de manière générale, afin d’engranger sympathie et manne économique. Israël, dans nombre de pays africains, parvient à tirer son épingle du jeu, dans un marché qui devient de plus en plus rude. Les relations inter-étatiques sont loin d’être simples et obéissent plus à des logiques d’affinité et d’intérêts économiques. Cependant, pour les régimes en place, l’octroi du caractère stratégique à un partenaire, obéit à des logiques de maintien de pouvoir et d’assise politique légitime. Les USA font d’Israël un partenaire importantissime au point de fermer les yeux sur de possibles crimes de guerre.
Toutefois, ce qui se passe dans les couloirs de la Maison Blanche est aussi insolite. Le souverainisme et le populisme peuvent bien prendre dans une Démocratie. Quoi de plus normal puisqu’étant la matérialisation de l’expression populaire. Les USA sont aujourd’hui la capitale mondiale de ces deux courants et donnent des idées à d’autres puissances quant à des velléités hégémoniques qu’elles peinent à matérialiser. Faire du Canada le 51ème État des USA, annexer le Groenland, faire du canal de Panama propriété de l’Amérique, autant de déclarations à coup de virilité médiatique. Des coups de projecteur qui accroissent la popularité à l’interne mais qui ternissent l’image de l’Amérique à l’international et qui influe négativement de facto sur le plan économique. À titre d’exemple, dans l’autre versant de la planète, la Chine peut bien faire de même avec Hong-Kong ou Taïwan, Israël perdure dans sa politique de colonie sur les terres palestiniennes.
En définitive, l’échiquier international se fissure encore et encore en blocs éparses, et l’Afrique gagnerait à tirer de manière intelligente et avec habileté profit de cet état de fait. Se fédérer surement, mais aussi, une bonne dose de moralisation des politiques publiques et aussi en favorisant l’émergence de sociétés civiles fortes à même de porter haut les aspirations profondes du peuple.
Ahmed M. Thiam
Thiam l’analyse de l’évolution des relations de la geo-politique se ramenant aux traditions et mœurs est tres superficielle! Souviens-toi que les humains n’oublient pas et c’est pourquoi nous n’oublierons jamais ceux qui nous ont enchaîne et vendu sur les marches de St Domingue, de Point-a-Pitre, de la Caroline du Nord et de la Caroline du Sud et de Louisiane, ceux qui nous ont colonises et exploites pendant des siecles et aujourd’hui nous les rejetons completement et totalement, c’est un éveil de conscience, une deuxième independance plus qu’une lutte entre traditions et mœurs!