[Le Monde.fr] Abdoulaye wade, président du Sénégal, a demandé à Nicolas Sarkozy de pouvoir racheter la holding publique de sociétés de coton et d”oléagineux Dagris en cours de privatisation, lors d”un entretien à l”Elysée, lundi 11 juin. Il s”exprimait au nom du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal.
M. Wade a justifié cette demande en déclarant que Dagris "est à nous, les Africains", puisqu”une vingtaine de millions de personnes vivent du coton en Afrique de l”Ouest.
Cette prise de position vient encore compliquer la minuscule, mais laborieuse privatisation de Dagris, ex-Compagnie française pour le développement des fibres textiles (CFDT).
Le 27 février, Thierry Breton, alors ministre de l”économie, avait choisi de vendre les 64,7 % du capital de Dagris appartenant à l”Etat au consortium Sodaco, formé par Sofiprotéol (45 %), la société d”investissement IDI (45 %), Antoine Gendry (5 %) et Patrick Leydet (5 %).
Le prix de vente (7,7 millions d”euros) de ce paquet d”actions avait indigné les actionnaires minoritaires et le personnel qui a placé une partie de son épargne salariale dans l”entreprise.
Les élus du comité d”entreprise ont jugé que ce prix, validé par la commission des participations et transferts de l”Etat, "s”apparentait à une manoeuvre frauduleuse", les capitaux propres de Dagris ayant été estimés à 105 millions d”euros, fin 2005.
Le comité a refusé de se prononcer sur cette vente, faute d”informations sur la raison de cette dépréciation étonnante, puisque le prix du siège social parisien de Dagris est estimé valoir, à lui seul, de 35 à 50 millions d”euros.
La direction ayant passé outre son refus, il a saisi le juge des référés, qui a suspendu la privatisation, le 3 mai, et ordonné à la direction de fournir les informations demandées. Un deuxième référé sera jugé, jeudi 14 juin, pour les mêmes motifs.
Alain Faujas
(Le Monde – Article paru dans l”édition du 13.06.07 )
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