Ce jeudi, ATT séjournait en Guinée pour la troisième fois en deux ans : une fois en 2009 à l’occasion du quarantième jour du décès de Lansana Conté et la seconde fois en transit pour le Brésil. Il aura rencontré une fois Dadis dont il ne commentera jamais publiquement les volte-face, et quatre fois Sékouba Konaté durant les deux séjours bamakois de ce dernier (en tant qu’envoyé spécial de Dadis puis en tant que chef de la transition), à Nice en mai cette année et à Conakry jeudi dernier.
Une visite de dix heures occasionnée pour aller parler aux parties prenantes de la transition guinéenne qui aurait connu sa crise la plus sérieuse si le Général Sékouba Konaté, excédé par les accusations de parti pris dont il fut l’objet de la part des militants de Sidya Touré arrivé troisième au scrutin du 27 juin avait démissionné comme on le craignait. A Conakry, ATT a rencontré la presse, le corps diplomatique, les vingt quatre candidats à la présidentielle, la Ceni, la société civile et bien sûr le Général Sékouba lui-même auquel il a intimé l’ordre de « rester en poste » jusqu’à la fin de la transition.
Ordre d’aîné – en Afrique c’est comme ça – et de supérieur hiérarchique car si tous les deux sont généraux, ATT l’a été avant Konaté et cela compte beaucoup dans l’armée. Aux uns et aux autres, le président du Mali qui avait géré une transition réussie de quatorze mois de 1991 à 1992 avant de revenir président démocratiquement élu du Mali depuis 2002, a prodigué deux conseils : acceptez qu’il n’y ait qu’un élu, mais gérez ensemble la Guinée car une seule personne, souligna t-il ne peut pas régler tous les problèmes d’un pays. Même si avant le séjour guinéen du président malien, et sous diverses pressions dont celle téléphonique, entre autres, de ATT lui-même, le Général de Conakry était revenu sur sa décision de jeter l’éponge, cette visite a été hautement appréciée.
En Guinée, du président de la transition au premier ministre en passant par la présidente du CNT et les candidats à la présidentielle, dont Sidya Touré, l’hommage est unanime. Au Mali, même concert de compliments. Ibrahim Boubacar Keita, président du RPM ira même jusqu’à téléphoner au chef de l’Etat pour lui dire : « vous avez fait ce qu’il y avait à faire et félicitations ». Younoussi Touré, président de l’URD, assure également avoir fait part de ses encouragements à ATT qui était parti « prêcher la bonne parole. » avant d’ajouter « c’est un pays voisin, ce sont nos frères. ‘Si l’expérience du Mali, peut servir pour amener l’apaisement, c’est une bonne chose et ‘’ je le lui ai dit, a-t-il assuré. Alassane Abba, chef du groupe parlementaire de Codem va même plus loin : ATT doit « faire le médiateur, car la Guinée est notre voisin. Il faut tenir compte de notre continentalité »
Médiateur, ATT ne l’a pas entendu de cette oreille. D’ailleurs, à Conakry, il a tenu à lever toute équivoque. En saluant le travail du médiateur Blaise Compaoré sur la Guinée, il insinue qu’il n’a agi qu’en pompier protégeant d’abord sa case, lui qui a l’habitude de dire que la Guinée commence à Djicoroni Para, le quartier où se situe le camp des parachutistes où il a servi plus d’une dizaine d’années.
A. Thiam et B. Dembélé