Ne bénéficiant plus de la confiance des bailleurs de fonds ni de celle du président de la République, le ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, voit, de jour en jour, ses marges de manœuvre se rétrécir comme une peau de chagrin. En effet, la présence, la semaine dernière, du ministre intérimaire de la Santé, Madame Maïga Sina Damba, aux côtés d’ATT à la rencontre de New York, prouve à suffisance que les jours de Oumar Ibrahima Touré au sein du gouvernement de Modibo Sidibé sont désormais comptés. Il reste à savoir quel jour et à quelle heure sa sortie sera décidée. Cette décision ne dépendant que du président de la République, seul maître à bord.
Pressenti, un moment, comme devant remplacer le très discret et efficace Modibo Sidibé à la Primature, le ministre de la Santé, Oumar Ibrahima Touré, est aujourd’hui dans une très mauvaise posture. En effet, la calamiteuse gestion dont a été l’objet le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au niveau de son département a été le plus gros scandale des cinquante ans du Mali indépendant.
Jamais notre pays ne s’est retrouvé dans une telle situation d’humiliation face à des bailleurs de fonds qui cherchent toujours à évaluer le montant des sommes détournées et qui sont estimées à des milliards F CFA. Après le Fonds mondial, c’est maintenant le Fonds GAVI, destiné au financement des vaccins et à la vaccination, qui est dans l’œil de mire des enquêteurs dudit fonds attendus, le lundi 18 octobre, dans notre capitale. Suivront également ceux chargés d’éplucher les comptes du Fonds de l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE) où les détournements opérés seraient sans commune mesure avec ceux concernant le Fonds mondial et le Fonds GAVI réunis. En effet, l’initiative pays pauvres très endettés (PPTE, HIPC Heavily Indebted Poor Countries, en anglais), est une initiative qui vise à assister les pays les plus pauvres du monde en rendant leurs dettes internationales "soutenables".
Ce programme fut lancé par l’action conjointe du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en 1996. Il a subi une révision et une réforme en 1999 (Initiative PPTE renforcée). La réduction de la dette est normalement fonction des efforts fournis dans la lutte contre la pauvreté des pays concernés. Le programme PPTE concernait 42 pays en septembre 2006, dont les trois quarts sont situés en Afrique subsaharienne (40 pays fin août 2006).
La gestion des ressources de ce fonds au niveau du ministère de la Santé du Mali serait calamiteuse. D’où cette réaction des partenaires qui ont décidé de passer au peigne fin cette gestion au département de la Santé où ce fonds devait servir notamment à l’achat de moustiquaires imprégnées d’insecticide qui n’auraient jamais été achetées ou auraient été tout simplement détournées pour être revendues, au marché noir, dans des pays voisins.
ATT prend les choses en main
Devant tous ces cas de malversations et de détournement, le ministre de la Santé est resté muet comme une carpe.
C’est le président de la République qui a été, jusqu’à présent, l’unique personnalité officielle à parler publiquement des détournements au niveau du Fonds mondial. Après son retour de New York, le vendredi dernier, où il a eu à faire un vibrant et fructueux plaidoyer pour le refinancement du Fonds mondial, le président Amadou Toumani Touré, dans une interview accordée à la télévision nationale, a stigmatisé le comportement des cadres et agents qui ont détourné les subventions dudit fonds au niveau du département de la Santé ; tout en ajoutant que ces malversations concernent également la part du budget de l’Etat mis à la disposition du même ministère dans le cadre de la lutte contre les trois pandémies que sont le sida, la tuberculose et le paludisme. Maintenant que le président de la République a pris, lui-même, le dossier Fonds mondial en main, il est évident qu’il va procéder au réaménagement ministériel tant attendu par l’ensemble des Maliens afin de redorer l’image de notre pays. Mais surtout permettre aux malades, aux femmes enceintes et aux enfants de bénéficier amplement et totalement des subventions des partenaires au développement destinées à leur bien-être et à la promotion de la santé à l’échelle nationale.
Ce n’est donc pas exclu, que le président de la République confie la gestion du département de la Santé à Madame Maïga Sina Damba, ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, qui est également ministre intérimaire de la Santé.
Mamadou FOFANA