Le torchon brûle entre Bamako et Paris depuis le retrait des forces spéciales danoises au Mali, le 27 janvier, à la demande du gouvernement malien de Transition. En effet, quelques heures seulement après l’annonce, deux ministres français, notamment ministre des Armées, Florence Parly et celui des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ont sévèrement critiqué la décision des autorités maliennes. Alors que Florence Parly accuse la junte militaire de multiplier « les provocations », son collègue des affaires étrangères a critiqué une junte « illégitime », qui prend des « mesures irresponsables ».
Par un communiqué, le colonel Maïga s’en est pris à son tour avec virulence à la ministre française des Armées, en l’invitant « à plus de retenue et à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État ». Quant au ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, il a eu une passe d’armes avec son homologue français, Jean-Yves Le Drian, qui avait qualifié les mesures des autorités maliennes «d’irresponsables » et de la junte militaire «d’illégitime ».
Sur la chaîne française France 24, le chef de la diplomatie malienne s’est dit surpris d’apprendre ces déclarations d’un diplomate de la trempe de Le Drian qui parle au nom d’un pays comme la France. «Ces insultes et ces propos empreints de mépris sont inacceptables et ne sont pas une preuve de grandeur», a répliqué Diop avant de dénoncer l’accord de défense conclu entre la France et le Mali. Selon lui, certaines dispositions de cet accord sont contraires à la Constitution et à la souveraineté du Mali et nécessitent une révision. Une demande a été adressée à Paris dans ce sens et «attend une réponse rapide de Paris», a-t-il précisé. Sur un éventuel départ des troupes françaises du Mali, Abdoulaye Diop a précisé que « Si une présence à un moment donné est jugée contraire aux intérêts du Mali, nous n’hésiterons pas à nous assumer ».
Amidou Keita