Après expulsion de son ambassadeur : Qu’attend la France pour plier bagages

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Après plusieurs mois d’échanges tendus entre les autorités des deux pays, l’inévitable a fini par arriver. En effet, le 31 janvier dernier, les autorités maliennes de Transition donnaient trois jours à l’ambassadeur de France pour quitter le Mali. Ce départ inattendu de Joël Meyer laisse planer d’immenses doutes sur la suite des relations entre la France et le Mali. Alors que Paris peine à se décider, Hervé Morin et Marine Lepen, respectivement ex ministre de la défense et candidate à la présidence française, ont montré la voie aux autorités françaises.

Sur la matinale de la chaîne Public Sénat, le premier a estimé que la France n’a d’autre solution que de se retirer. En cause, selon lui, elle se rapproche chaque jour du schéma de ce qu’elle a connu en Afghanistan. «On est arrivés pour combattre le terrorisme et reconstruire un Etat sur un accord politique et on apparaît de plus en plus comme une force d’occupation», a-t-il expliqué, ajoutant que la situation politique interne au Mali oblige à mettre fin à l’opération Barkhane. « …On ne peut pas installer quelque chose de durable et de stable si les conditions ne sont pas réunies dans le pays », martèle Monsieur Morin.

Quant à Marine LePen, depuis sa page Twitter, elle a demandé à la présidence française de faire respecter la France et son armée, après 10 ans de sacrifices consentis le sauvetage du Sahel des islamistes. Elle en a profité pour tancer encore les militaires maliens, en les qualifiant d’incapables de protéger leur propre pays et d’avoir osé chasser l’ambassadeur de la France.

La question est maintenant de savoir si la France va suivre ces voix en retirant ses forces du sol malien. C’est l’option la plus plausible quand on sait que la présence des forces françaises a été au cœur de plusieurs manifestations dans les grandes villes du Mali et que l’opinion publique française est de plus en plus défavorable au maintien des soldats français au Mali. Et ce n’est pas tout. La France avait récemment mis en garde les autorités maliennes de sa ferme volonté de ne pas cohabiter avec Wagner qu’elle elle qualifié de mercenaires.

 

Amidou Keita

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Renvoi de l’ambassadeur de France : Les Bamakois se prononcent

Lundi 31 janvier, le gouvernement malien a annoncé le renvoi de l’ambassadeur de France, Joël Meyer, dans un communiqué lu au journal télévisé de la chaîne nationale, ORTM. Cette décision est survenue en représailles des nombreux manquements du ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian et des autorités françaises à l’encontre du gouvernement de Transition. Après cette expulsion, nous avons recueilli quelques témoignages à travers Bamako.

Issouf Cissé, un commerçant au Grand Marché de Bamako confie que la « mesure est à saluer de la part des autorités de la transition. « Il y a bien longtemps que nous aurions dû rompre ces chaînes avec le colonisateur qui est la France. Aujourd’hui nous sommes dans une ère de grand changement ‘’Mali koura’’ » a-t-il indiqué.

Mahalmoud Maïga, informaticien au Ministère des Finances, estime quant à lui que le Mali est souverain et libre de prendre des décisions sans en référer à quelqu’un. Or «la France continue chaque de manquer de respect aux autorités de Transition », s’est indigné avant d’afficher un soutien total au gouvernement.

Pour le taximan Mohamed Magassouba, dire que quelqu’un est irresponsable et illégitime signifie ne pas le reconnaître et qu’aucun accord ne le lie à vous par conséquent. «Si vous êtes un État légal, vous ne devez pas collaborer avec un État illégal », explique-t-il, en soulignant que la collaboration avec la France n’est possible après clarification de sa position et d’une reconnaissance de la légalité et de la légitimité des autorités maliennes. Et pour que, «Les nations se doivent du respect et se traiter d’égale à égale».

Beaucoup de sceptiques estiment en revanche que la décision des autorités de Transition est irréfléchie au regard de la posture actuelle du Mali vis-à-vis de la Cedeao et de sa position sur la scène internationale. Y figure Amadou Sylla, vendeur ambulant, selon qui la décision met le Mali dans une position inconfortable. «En prenant ces mesures le gouvernement de Transition n’aura réussi qu’à unir tout monde contre lui et ils n’ont pas pensé aux ressortissants maliens vivant en France qui pourraient en subir les conséquences», argumente-t-il

De son côté, un autre interlocuteur, Mme Cissé Assan Togo suggère aux autorités maliennes et françaises de revenir au dialogue et de trouver un terrain d’entente dans la diplomatie.

Aly Poudiougou

 

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