C’est autour d’un cocktail que l’ambassadeur de la République de Turquie au Mali a célébré lundi dernier (31 août 2015) la Fête de la Victoire (Zafer Bayramı). Commémorée le 30 août de chaque année en Turquie, cet événement marque la fin de la Guerre d’Indépendance qui vit, en 1922, l’armée de Mustafa Kemal l’emporter sur les Grecs et reconquérir l’Anatolie. Un an plus tard, en 1923, la République de la Turquie a été fondée.
En Turquie, la Victoire du 30 août 1922 marque donc la fin de la guerre d’indépendance, menée sous le commandement de Mustafa Kemal Atatürk.
En effet, à l’issue de la guerre de libération nationale et de la signature du Traité de paix de Lausanne (Suisse), Mustafa Kemal décide de réunir sous un même toit les associations pour la défense des droits de l’Anatolie et de la Roumélie. Il les transforme en un parti politique, le Parti républicain du peuple (CHP), dont il prend la direction avec l’ambition de moderniser le pays.
Le développement le plus important qui survient à cette époque a été la proclamation de la République le 29 octobre 1923. Mustafa Kemal, le dirigeant de la lutte nationale, est alors élu président de la République à l’unanimité des voix. Quatre mois après la proclamation de la République, la GANT abolit le califat, institution incompatible avec les principes républicains et les réformes entreprises. Elle décide ensuite d’exiler les membres de la dynastie ottomane le 3 mars 1924.
Si à partir de cette date ce pays situé aux confins de l’Asie occidentale et de l’Europe, a pu renaitre de ses cendres pour bâtir un Etat moderne ainsi qu’une puissance économique et militaire, sa stabilité est aujourd’hui menacée.
«Cette victoire a annoncé la création de notre nouvel Etat, la République de Turquie. Depuis cette date, nous avons su préserver l’unité de notre pays…», a déclaré le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, dans un message lu lors du cocktail organisé lundi dernier.
Faisant allusion au conflit syrien et à l’organisation terroriste Etat islamique (EI), le Chef de l’Etat Turc a rappelé que, «aujourd’hui, notre fraternité, notre solidarité et notre unité sont menacées l’instabilité dans notre région menace notre sécurité nationale».
En effet, le conflit syrien déborde de plus en plus sur la Turquie accentuant la menace des terroristes de l’Etat islamique. Ainsi, au moins 32 personnes ont été tuées le 21 juillet dernier lorsqu’un kamikaze présumé de l’EI s’est fait exploser à un rassemblement de jeunes dans la ville turque de Suruç, près de la frontière avec la Syrie en guerre depuis plus de quatre ans.
«Ce climat d’instabilité provoquée par le conflit à nos frontières sud suscite de sérieux problèmes de sécurité pour notre pays», reconnaît le président de la République de Turquie
Mais, a-t-il rappelé, «notre grand peuple qui a vaincu d’innombrables ennemis et qui a aboli plusieurs groupes de trahison sur ces terres depuis mille ans, vaincra sans aucun doute l’organisation terroriste séparatiste et les structures parallèles d’Etat qui sont devenues leurs pions».
Une coopération appelée à se fructifier dans tous les domaines
Le président Recep Tayyip Erdogan a exhorté ses compatriotes à l’unité face à ces nouvelles menaces. Pour ce faire, «la seule chose dont nous avons besoin pour cela, c’est de renforcer notre unité, notre solidarité, notre coopération et d’affronter tous les ennemis en faisant corps», a-t-il souhaité dans son message.
«La terre ne devient patrie que quand on est prêt à mourir pour elle», a conclu le président Erdogan.
Après avoir situé l’événement dans son contexte historique, sociopolitique et géopolitique, l’ambassadeur de Turquie au Mali, M. Hikmet Renan Sekeroglu a souligné que cette Fête de la Victoire se célébre pour la première fois cette année au Mali.
Le diplomate a profité de l’occasion pour mettre en évidence l’importance que son pays accorde à ses relations avec notre pays.
«Nous sommes disposés à développer une riche et fructueuse coopération avec le Mali dans tous les domaines», a précisé M. Hikmet Renan Sekeroglu en informant l’assistance de l’arrivée de deux experts militaires pour étoffer le personnel de la représentation diplomatique au Mali et ainsi élargir le partenariat vers de nouveaux horizons.
Economiquement influente, la Turquie est aussi une puissance militaire crainte avec une grande expérience dans les domaines de la formation et des renseignements. Une expertise qui peut être aujourd’hui très utile au Mali engagée dans une guerre de longue haleine contre le terrorisme salafiste.
Le diplomate turque a aussi réaffirmé le soutien de son pays au processus de paix et de réconciliation au Mali. «Notre souhait est que le Mali, pays ami et frère, retrouve vite la paix et la stabilité dans le respect de sa souveraineté nationale», a-t-il déclaré face à l’assistance composée de diplomates de pays de divers horizons, des attachés militaires, des opérateurs économiques maliens et turcs…
Le gouvernement du Mali était représenté à la cérémonie par le ministre des Affaires religieuses et du Culte, Tierno Amadou Omar Hass Diallo.
La Fête de la victoire est célébrée dans la capitale et les 81 provinces du pays que compte la Turquie, ainsi que partout où vit une importante communauté turque. La cérémonie de Bamako avait commencé par l’exécution des hymnes nationaux du Mali et de la Turquie.
Moussa Bolly