Pacte de défense mutuelle conclu entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso le 16 septembre 2023, l’Alliance des États du Sahel (AES) marque petit à petit son espace. En marge du séjour du président nigérien et du premier ministre du Faso à Bamako, dans le cadre d’une visite d’amitié et de travail, s’est tenue une réunion interministérielle des ministres de l’économie et des Finances. Par-delà le renforcement de l’unité des trois aux destins similaires, ladite rencontre de deux jours aura permis d’évaluer les forces, faiblesses, opportunités, menaces et potentialités économiques majeures de l’alliance des États du Sahel. Le conclave a également été l’occasion «d’identifier les contraintes et difficultés économiques majeures et d’envisager des solutions aux entraves à la libre circulation, à la sécurisation des biens et personnes à l’intérieur de l’AES ». Les deux jours de travaux ont été par ailleurs sanctionnés par une série de recommandations en rapport avec les échanges commerciaux, la libre circulation des personnes et des biens, ainsi qu’à la sécurité alimentaire et énergétique en plus de concerner la transformation industrielle, les potentialités et perspectives de l’Alliance. Pour ce faire, les conclusions ouvrent la voie à l’accélération du processus de mise en place de l’architecture juridico-institutionnelle et des mécanismes de financement des instances de l’AES et de renforcement de fluidité des corridors d’approvisionnement en luttant notamment contre les pratiques anormales et les tracasseries dans l’espace commun.
Les trois délégations se sont également accordées sur la mise en œuvre de projets et programmes énergétiques, agricoles, hydrauliques, de réseaux de transport (routier, aérien, ferroviaire et fluvial) dans les États de l’AES dont la création d’une compagnie aérienne commune, le développement d’aménagements hydro-agricoles d’intérêt commun pour booster la production agricole (bassins agricoles notamment ceux du fleuve Sourou, plaine de l’office Niger, bassin du lac Tchad, etc.) sans compter la construction et le renforcement des projets d’infrastructures (barrages, pistes rurales, routes, périmètres pastoraux, parc de vaccination des animaux, etc.). Sur l’insécurité alimentaire, les trois ministres ont formulé la mise en place d’un dispositif commun aux trois Etats de l’AES à travers des organes dédiés (stocks de sécurité alimentaire, Systèmes d’Alerte Précoce, observatoires des marchés agricoles).
En donnant ainsi un coup d’accélérateur à l’opérationnalisation de l’AES, les ministres des Affaires étrangères des trois pays projettent une autre réunion, ce 30 novembre, pour se pencher sur les questions politiques et diplomatiques en prélude à une future rencontre des ministres de la Défense des trois pays.
Amidou Keita