Accusées par la Minusma et l’Etat de « crimes récurrents » contre des ressortissants mauritaniens, les autorités maliennes ont brisé le silence, mercredi dernier, dans un communiqué. Tout en rejetant la responsabilité de ces tueries, qui ont fait au moins 35 civils dans les villes de Bassikounou et Fassala, le gouvernement de Transition a également annoncé l’ouverture d’une enquête afin d’élucider la situation », précisant au passage qu’aucune preuve ne met en cause les forces armées maliennes. Sous la pression de son opinion publique, très choquée de ces incidents sécuritaires, le gouvernement mauritanien a demandé des comptes à coups de fortes pressions comme le sit-in organisé mardi dernier à Nouakchott, en plus de la grogne portée par des associations des droits de l’homme.
Décidé à préserver les relations amicales avec le voisin mauritanien, les autorités maliennes ne se sont pas contentées de simples manifestations de regret. Elles ont en outre condamné sans réserve ce qu’elles présentent comme des actes criminels destinés à porter atteinte à l’excellente qualité des relations entre les deux pays. Et de soutenir par ailleurs qu’aucune preuve ne met en évidence la responsabilité de forces armées maliennes (FAMa) «respectueuses» du des droits humains et «professionnelles» dans le combat du terrorisme. Les autorités de Transition s’engagent néanmoins à rechercher, retrouver et traduire tous les coupables du crime concerné devant les juridictions compétentes.
C’est dans le sillage de ces engagements qu’elles ont multiplié les démarches afin de trouver un terrain d’entente dans le cadre d’échanges bipartites. Ceux-ci ont pu se dérouler, en fin de semaine dernière, suite à l’envoi comme promis d’une délégation malienne de haut niveau conduite par le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, et comprenant entre autres le colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et porte-parole du gouvernement, le général Oumar Diarra, chef d’état-major des Armées, le colonel Modibo Koné, chef de l’Agence Nationale de la Sécurité d’Etat. Arrivée, le 12 mars à Nouakchoot, la mission a effectivement eu des échanges houleux avec les autorités mauritaniennes représentées par leur ministre de la Défense et qui se sont conclus par une série de mesures qui dégagent les relents d’un ultimatum du pays d’accueil. En effet, selon le communiqué final de la rencontre apparemment boudé par l’homologue d’Abdoulaye – dont le département a pourtant accueilli la rencontre -, le Mali ne dispose que d’un délai très réduit pour finaliser les enquêtes promises sur les tueries des 5 et 6 Mars derniers à El Attaye, dont les faits seront du reste conjointement reconstitués rétablis avec par la partie malienne. La préservation des liens stratégiques avec la Mauritanie, seul corridor d’exportation du coton malien, sera également tributaire du respect des engagements du Mali à sanctionner les coupables qui seront identifiées dans toute la rigueur de la législation malienne en la matière.
Les discussions ont aussi accouché de mesures préventives d’incidents similaires, qui consistent à veiller à la frontière par des patrouilles conjointes et à partager les informations.
Amidou Keita