La loi de Finances 2018 votée par les députés le samedi 23 décembre 2017 porte un budget-programme, conformément à la Loi n°2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de finances. Les prévisions des recettes s’élèvent à 1957 milliards 625 millions de francs Cfa contre 1 811 milliards 494 millions de francs Cfa dans le budget rectifié de 2017, soit une augmentation de 8,07% imputable à l’accroissement des recettes du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor. Comme à l’accoutumée, la Direction générale des impôts et la Direction générale des douanes portent le plus lourd fardeau de contribution aux ressources financières de l’Etat.
L’originalité de la loi de finances 2018 est qu’elle consacre désormais l’adaptation du système de gestion budgétaire du Mali aux meilleurs standards internationaux, avec notamment sa présentation en mode programmes, conformément à la Loi n°2013-028 du 11 juillet 2013, modifiée, relative aux lois de finances. En s’inscrivant ainsi dans les principes de la mise en œuvre du cadre harmonisé de la gestion des finances publiques au sein des pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) le Mali devient ainsi le 2è pays de l’espace communautaire à franchir ce pas, après le Burkina Faso.
Avec un produit intérieur brut (Pib) nominal de 8 322 milliards Fcfa en 2016, 8 868 milliards Fcfa en 2017 et pour 2018 9 445 milliards de nos francs, le taux de croissance réelle du Pib est estimé à 5,8% sur les trois dernières années. Ces hypothèses macroéconomiques du cadrage budgétaire 2018 ont été utilisées principalement pour projeter le niveau des recettes fiscales et non fiscales.
Il faut noter que le taux de croissance économique projeté pour 2018 s’établit à 5,0%, contre 5,3% en 2017 et un taux d’inflation de 1,8% contre 1,0% en 2017. C’est dire que malgré un tout léger repli, le taux de croissance reste solide, soutenu par des investissements publics et surtout ceux destinés aux secteurs agricole et tertiaire qui sont porteurs de croissance. Rappelons que dans l’espace Uemoa, la croissance de l’activité économique projetée en 2018 devrait s’établir à 6,4%, augmentant ainsi de 0,3 point de pourcentage par rapport à 2017. Pendant ce temps, en Afrique subsaharienne, la croissance devrait passer de 2,6% en 2017 à 3,5% en 2018, portée principalement par le redressement de la production pétrolière, l’amélioration de la situation sur le plan de la sécheresse ainsi que l’expansion des capacités de production d’électricité.
Dans ce contexte international favorable, les perspectives macroéconomiques 2018 du Mali suivent la tendance, nonobstant les chocs exogènes et le contexte sécuritaire fragile. L’économie malienne fait montre de résilience. L’inflation en fin de période devrait être de 1,4% en 2018 contre 1,0% en 2017, ce qui permet de rester dans la norme communautaire de 3% par an, pourvu que la campagne agricole soit favorable (Ah, l’agriculture inchallah !).
Les dépenses s’établissent à 2 330 milliards 778 millions de francs Cfa
Au titre des dépenses pour l’exercice 2018, la politique budgétaire s’inscrit dans le cadre de la poursuite de la relance de l’économie nationale et de l’accélération de la croissance, soutenue par des actions de politiques publiques identifiées par les départements dans le Cadre stratégique pour la relance économique et le développement durable (Credd) 2016-2018, ainsi que les actions annoncées dans la Déclaration de politique générale (Dpg). A ce titre, le budget d’Etat pour l’exercice 2018 met l’accent notamment sur la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, de la Loi d’orientation et de programmation militaire (Lopm), et de la Loi de Programmation relative à la sécurité intérieure (Lpsi).
Les dépenses programmées au titre du budget 2018 s’établissent à 2 330 milliards 778 millions de francs Cfa contre 2 167 milliards 677 millions de francs Cfa dans le budget rectifié de 2017, soit une augmentation de 7,52%.
Au titre des ressources du budget pour l’exercice 2018, la politique fiscale sera fondée sur l’accroissement de la mobilisation des recettes intérieures, à travers notamment l’élargissement de l’assiette fiscale, la maîtrise des exonérations et la lutte contre la fraude.
1 957 milliards 625 millions de prévisions de recettes budgétaires
Les recettes budgétaires pour l’exercice 2018 s’élèvent à 1 957,625 milliards de Fcfa contre 1 811,494 milliards de Fcfa dans le budget rectifié de 2017, soit une augmentation de 146,131 milliards de Fcfa ou un taux de progression de 8,07%, imputable à l’accroissement des recettes du budget général, des budgets annexes et des comptes spéciaux du Trésor.
Le plus gros contributeur aux recettes budgétaires demeure la Direction générale des impôts qui doit remplir les caisses du Trésor public à hauteur de 845 milliards 602 millions de nos francs (46,89% des recettes budgétaires). Ce qui fait une augmentation de 54 milliards 662 millions de Fcfa par rapport à la loi de Finances rectifiée de 2017 où la contribution de la Direction générale des impôts s’établit à 790 milliards 940 millions Fcfa. Une hausse en valeur relative de près de 6,5%.
La Direction générale des douanes, qui vient en deuxième position avec 35,55% des recettes budgétaires, devra contribuer pour 641 milliards 100 millions Fcfa contre 585 milliards de nos francs l’année dernière. Des efforts supplémentaires de 56 milliards 100 millions de plus sont donc demandés aux soldats de l’économie, soit une croissance d’un peu plus de 9,5% par rapport à l’année dernière.
Viennent par ordre d’importance les autres contributeurs aux recettes du budget 2018 : Direction nationale des Domaines avec 253 milliards 339 millions Fcfa (14,05%) contre 177 milliards 800 millions en 2017 ; la Direction nationale du Trésor et de la Comptabilité publique avec 47 milliards 23 millions Fcfa (2,61%) contre 30 milliards de nos francs en 2017 ; la Direction générale de la Dette publique avec 10 milliards 371 millions Fcfa (0,58%) contre 9 milliards 223 millions de nos francs et la Direction générale de l’administration des biens de l’Etat avec 6 milliards de nos francs (0,33%) contre 7 milliards 847 millions Fcfa en 2017.
Amadou Bamba NIANG