Commerce Extérieur du Mali en 2003 : L’or détrône le coton

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Les données sur le commerce extérieur sont peu accessibles, mais un regard rétrospectif sur les données statistiques de 2003 met en évidence le recul de la filière coton dans la balance commerciale du Mali.

 

Le Mali participe peu au commerce mondial. Et si l’année 2002 a été placée sous le signe de la réduction du déficit commercial, 2003 par contre a été marquée par son aggravation. En effet, la baisse des exportations, du fait des crises qui secouent la sous-région, mais aussi du manque d’infrastructures, s’est conjuguée avec une augmentation des importations.

L’or, en dépit de la baisse de sa production, est resté le premier poste d’exportation du pays devant le coton. De plus, le gouvernement malien a témoigné de sa volonté de diversifier ses sources d’approvisionnement et les destinations pour ses produits.

Les importations sont tirées par les besoins en produits pétroliers et le développement des infrastructures et des équipements : agroalimentaire 33,85 %, produits pétroliers 31,96 %, produits chimiques 4,29 %, produits pharmaceutiques 17,63 %, biens de consommation 7,01 %.

En 2003, les exportations ont porté le coton (34 %), l’or (57 %) et bétail (4 %). Les autres produits d’exportation se sont partagés les 5 % restants. De façon générale, les exportations ont baissé de 4,2 % par rapport au résultat de 2002.

Le Mali a exporté pour 577,5 milliards F CFA en 2003 contre 603,1 milliards F CFA l’année précédente. Cette baisse s’explique par l’évolution des exportations d’or. L’année 2002 fut une année exceptionnelle par la découverte d’un gisement dans la mine d’or de Morila. Le pays a pu exporter 51,2 tonnes d’or pour un montant de 433,3 milliards de F CFA.

L’année suivante, la production a baissé du fait des grèves dans plusieurs sites d’exploration, entraînant la suspension de la production et le retour à la normale pour d’autres gisements. Les exportations sont revenues à 330,1 milliards de F CFA en recul de 23,7 % par rapport à 2002 (433,3 milliards de F CFA). Mais, même si nous n’avons pas encore les chiffres, il est évident que l’ouverture en juillet 2005 des mines de Syama, Loulo, Tabakoto et Kalana a eu un impact positif sur les exportations du pays.

Ainsi, notre pays est resté 3e producteur africain d’or derrière l’Afrique du Sud et le Ghana. Le secteur aurifère est demeuré tout de même le premier poste des exportations avec 57,1 %, devant le coton dont le montant des exportations a augmenté de 81 % pour atteindre 194,8 milliards de F CFA contre 107,6 milliards de F CFA en 2002.

Le faible niveau des pluies et l’invasion des criquets ont engendré des mauvaises récoltes. Cette situation a entraîné le pays à augmenter ses importations. La volonté du chef de l’Etat à assurer l’autosuffisance alimentaire avait amené le gouvernement à supprimer certaines taxes (TVA) dans un souci de limiter la répercussion de l’inflation sur les biens de consommation. La conséquence sera une hausse du déficit budgétaire et un alourdissement de la dette du pays.

C’est dans ce sens que le Mali souhaite augmenter les exportations par différentes mesures structurelles. D’une part, le pays espère une croissance des exportations du coton, produit jugé à long terme plus stable que l’or. Cette hausse sera accompagnée d’une mise en place d’unités de transformation du coton dans le pays. Malheureusement, les attentes n’ont pas été comblées à ce niveau à cause de la crise à laquelle la filière est confrontée.

D’autre part, le gouvernement souhaite développer un marché sous-régional pour le riz afin d’augmenter la production nationale et ainsi restreindre les importations. Une stratégie qui ne dépend pas forcément de sa seule volonté politique, mais l’adhésion de tous les autres Etats membres de l’Uémoa ou de la Cédéao parce que toute politique d’intégration à mettre en œuvre, n’est pas gagnée d’avance.

Concernant les fruits et légumes, le Mali entend améliorer la qualité afin  de résoudre le problème lié aux mesures sanitaires imposées par l’Union Européenne. La construction d’une usine de production de mangues à Yanfolila est l’une des concrétisations de cette ambition. De même, les autorités maliennes souhaitent améliorer les circuits de transport pour la viande avec la construction d’un nouvel Abattoir à Bamako.

Ainsi, pour éviter de s’endetter d’avantage, le Mali semble prendre des mesures structurelles afin de freiner la hausse continue des importations et alléger son déficit commercial.

Idrissa Sako

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