Commerçants-gouvernement : La rupture

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Ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko
Ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko

Pour convaincre les commerçants à sursoir à leur menace d’aller en grève après sa décision impopulaire et improvisée d’appliquer les mesures de surtaxes des marchandises mal déclarées au taux de 30%,  le ministre de l’Economie et des Finances, au cours d’une rencontre le lundi 25 août 2014, était revenu sur sa décision en leur accordant une atténuation temporairement de la mesure. Elle consentait à ramener momentanément les taxes en question à 10% au lieu de 30%. Mais, ce n’était qu’une promesse sur le bout  des lèvres. Car, selon le Président du Syndicat national des commerçants détaillants du Mali, Cheick Oumar Sacko, la réalité est tout autre sur le terrain. A l’en croire, les douaniers  continuent de plus belle à surtaxer  les marchandises à  30%. Le pot-rose a été découvert. Et les commerçants détaillants tels un essaim d’abeilles en colère s’engagent à le démanteler à travers une grève de deux jours qu’ils organiseront le lundi 8 et mardi 9 septembre 2014.  De la patate chaude entre les mains des autorités financières.

 

Le gouvernement a-t-il traîné les commerçants importateurs dans un guêpier ? Cette préoccupation  soulevée par notre éditorialiste dans sa livraison du 27 août 2014 s’est malheureusement révélée réelle. Le triste constat est aujourd’hui palpable et irréfutable sur le terrain.  Les commerçants se sont fait piéger par le ministre de l’Economie et des Finances. Car selon le Président du Synacodem, la douane piétine aujourd’hui sa promesse qui avait ramené provisoirement la surtaxe des marchandises non déclarées à 10% au lieu de 30%. A l’en croire, cette promesse du ministre n’a jamais été traduite dans les faits par la douane qui aujourd’hui, en plus de surtaxer les marchandises en question à 30%, procède aussi à un exercice de réévaluation de la valeur des marchandises à travers une fouille minutieuse des containers.  Conséquences : aujourd’hui 97% des camions bondées de marchandises restent bloqués aux postes douaniers. « Un véritable gâchis pour les commerçants qui avaient augmenté leurs commandes  habituelles en misant sur la fête de tabaski pour les vendre », regrette le président des syndicats.  Et à ce rythme, explique-t-il, la perte sera trop énorme pour les commerçants à cause de la lenteur de la procédure.  Ainsi, face à cette violation flagrante de l’accord du lundi 25 août, les commerçants déterrent la hache de guerre et envisagent de battre le pavé le lundi et mardi prochain en fermant leur boutique. Selon M. Sacko, son syndicat y travaille activement aujourd’hui pour cela. Selon lui, une commission a été mise en place pour la circonstance. Et, elle sillonne tout le pays pour mobiliser les militants. Pour la réussite de la grève, précise-t-il, une correspondance a été également envoyée au syndicat des gros importateurs et au syndicat national des travailleurs du Mali.  Le ministre de l’Economie et des Finances parviendra-t-il cette fois-ci à dissiper la grogne des commerçants qui qualifient l’acte des douaniers comme étant une trahison et un mépris à leur endroit. En tout cas, ils sont déterminés cette fois-ci à taper fort sur la table pour ne plus tomber dans le piège d’une autre entente taillée sur mesure.

Youssouf Z KEITA

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