Think tank : Transformer sur place le coton malien pour lutter contre le chômage et la pauvreté

2

Campagne de commercialisation du coton à SiguimelaLe dernier Conseil d’Administration de la Compagnie Malienne de Développement des Textiles (CMDT) aura donné l’occasion de confirmer la bonne santé retrouvée du géant malien du textile, qui était, il y a peu, sous perfusion.

 

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: la Compagnie, qui a acheté aux cotonculteurs pour 140 milliards de FCFA de coton graine, affiche allègrement un résultat excédentaire de 8 milliards de FCFA et un total de bilan de 250 milliards de FCFA.

 

 

Toujours dans le registre des performances, la Compagnie a produit 410 000 tonnes de coton graine, sur un objectif de 500 000 tonnes. Requinquée par ces  résultats, pour le moins réconfortants, la CMDT projette de produire pour la prochaine campagne 600 000 tonnes. Des ambitions qui propulsent notre pays dans le peloton de tête des pays africains producteurs d’or blanc.

 

 

Seulement voilà: la CMDT revient de très loin. De vache laitière pour l’Etat, la Compagnie était devenue, jusqu’à récemment, un fardeau pour celui-ci, qui la portera pendant de longues années pratiquement à bout de bras. Les subventions dont font profiter les pays développés leurs cotonculteurs étaient montrées du doigt comme  la principale cause de l’effondrement des cours de l’or blanc sur le marché international.

 

 

Une situation qui est la source de tous les malheurs des producteurs africains de coton, qui ne peuvent nullement tenir pareille concurrence. C’est en somme le pot de terre contre le pot de fer. Pour échapper au diktat des pays développés et à la détérioration des termes de l’échange, une solution toute simple tombe sous le sens: transformer sur place le coton malien. Avec pour avantages la création de la valeur ajoutée et de dizaines de milliers d’emplois.

 

 

Malgré ce constat, cela fait des décennies que le Mali n’arrive pas à transformer au moins 2 % de sa production de coton graine. Suprême paradoxe. Un paradoxe parmi tant d’autres au Mali. Au lieu de s’étriper dans des combats politiques douteux, nos responsables devraient chercher à lever ces paradoxes, pour que notre pays puisse, enfin, s’extirper des affres du sous-développement et de la misère.

 

 

En transformant ne serait-ce que 15% de son coton – qui fait partie, pour la petite histoire, des meilleurs cotons du monde, à cause de la longueur de sa fibre – le Mali aura ainsi résolu un important pan de ses problèmes de développement. Ce faisant, il pourra saisir la chance inespérée que lui offre l’AGOA, la loi sur les opportunités et le développement en Afrique, votée en 2 000 sous Clinton, qui permet aux pays africains d’exporter sur le marché américain 6 000 produits sans droits de douane ni contingentement.

 

 

Au nombre de ces produits figure, en bonne place, avec le coton, la seule exigence qu’il ait subi une transformation. Pourquoi ne pas produire, par exemple, des T-shirts affichant l’effigie stylisée d’une caravane ou de tout autre symbole de Tombouctou, avec la mention «I love Timbuktu» ou «Bon souvenir de Tombouctou» ? Le gouvernement Moussa Mara devrait se faire un point d’honneur de s’attaquer à ces problèmes, si tant est qu’il veuille marquer la rupture avec le passé.

 

 

Avec une population très jeune, plus de 60% de ses nationaux ont moins de 30 ans, le Mali est condamné à trouver des solutions hardies au problème du chômage des jeunes, une bombe sociale à retardement.

 

Yaya Sidibé

Commentaires via Facebook :

2 COMMENTAIRES

  1. Ca ne demande meme pas de reflexion pour savoir que le Mali devait, depuis fort longtemps etre capable de transformer ses produits sur place. On est parmi les 3 premiers du continent en production de conton, d’arrachide de mangue et d’OR.

  2. C’est là tout le problème de l’Afrique : transformer ses matières premières..

    Des études ont-elles été faites et des chiffres ont-ils été calculés ?

    Transformer d’accord mais jusqu’à quel niveau ?

    On reste sur notre faim ..

Comments are closed.