Rencontres autour du coton : « L’augmentation de la part de transformation du Mali est un défi permanent pour lequel le festival Daoulaba joue un rôle héroïque et essentiel »

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 La 9è édition du Festival Daoulaba s’est déroulée du 18 au 21 mai dernier à Koulikoro dans la cour de la COMANAV, sur les bergers du fleuve Niger.  Le thème de cette édition était « Femmes, Jeunes et migrations : dignité et sécurité humaine. Le rôle du coton dans la recherche d’alternatives ». Durant quatre jours, il a été question de trouver des voies et moyens pour transformer notre coton sur place et créer des emplois et de la richesse pour les jeunes et pour les femmes. L’édition 2017 était parrainée par le Président directeur général de la CMDT, Pr Baba Berthé. Il était représenté à cette cérémonie par Mohamed Coulibaly. En plus de la directrice du festival, Van Til Awa Meité, on pouvait noter la présence des femmes de Shô, un village-laboratoire du coton appuyé par la direction du festival et du grand marionnettiste Yaya Coulibaly et l’écrivain malienne Aminata Dramane Traoré. Cette œuvre est une initiative de l’association « Route du Sud » et a pour parrain, le ministre du développement industriel, Mohamed Aly Ag Ibrahim.

« L’augmentation de la part de transformation du Mali est un défi permanent pour lequel le festival DAOULABA joue un rôle héroïque et essentiel », a affirmé le représentant du PDG de la Compagnie malienne pour le développement du textile au Mali (CMDT), Mohamed Lamine Coulibaly, dans son discours inaugural au festival Daoulaba. Un festival qui se veut une randonnée autour du coton dont la 9ème édition a vécu dans la cité du Méguetan le week-end dernier.

Selon la directrice et promotrice du festival, Awa Meité Van Til, Daoulaba est dédié à la promotion du coton malien. Depuis neuf ans, en effet, le festival Daoulaba veut contribuer à la réflexion et à la recherche d’alternatives locales pour faire la promotion du coton au Mali et ailleurs dans l’optique de créer de la richesse et pour fixer les jeunes sur place.

De nos jours, le coton fait partie des principales cultures sur lesquelles le Mali a fondé son développement rural. Il est considéré à juste titre comme un poumon de l’économie du pays en procurant aux producteurs des revenus pour la satisfaction de leurs besoins économiques et la réalisation de la sécurité alimentaire à travers la production céréalière qui profite des arrières-effets de la cotonculture.

Le coton contribue aussi à la politique socio-sanitaire à travers la construction d’écoles, de centres d’alphabétisation et de centres de santé par les populations rurales elles-mêmes, la réalisation de pistes, l’approvisionnement en eau potable à travers la réalisation de points d’eau, l’aménagement et la mise en valeur de bas-fonds et plaines. Mais le constat est alarmant du fait du faible taux de transformation du coton malien au niveau local, regrette M. Coulibaly. Qui estime que « si le coton est la locomotive du développement tout court, il reste que la transformation locale du produit ne représente que 1,5 à 2% de la production de coton fibre totale. Tout le reste de la fibre est exporté. »

Le coton génère en année normale, 85 à 160 milliards FCFA en termes de revenus bruts pour le monde rural, 160 à 230 milliards FCFA par an de recettes d’exportation, 5 à 10 milliards F CFA de recettes fiscales (taxes) pour l’Etat.

Il représente environ 8% du PIB national. Si 20 % de ce coton brut est transformé sur place ce que cela va apporter à notre économie sera fort conséquent.

C’est pourquoi de nos jours, l’UEMOA a fixé à ses pays membres l’objectif de passer de 2% à 25% de transformation du produit local environ en 10 ans à travers un vaste programme qui prend en charge la transformation artisanale. Or, notre pays peine à atteindre 2% de la transformation de son coton. Raison pour laquelle le représentant de Baba Berthé, PDG de la CMDT, a salué l’initiative de Awa Meité et son équipe d’interpeller autour du coton qui, depuis des années a regroupé les femmes d’un village qui s’appelle Shô, situé à quelques kilomètres de la ville de Koulikoro. « Nous sommes heureux d’être proches de ce village qui s’appelle Sho. Qui est si cher à nous et à toutes les femmes qui travaillent avec nous depuis la production du coton jusqu’à sa transformation à travers le filage, le tissage pour avoir de la matière. Donc c’est vraiment un travail de longue haleine qui n’est pas du tout facile, mais nous tenons bon malgré les nombreux défis à relever. Parce que nous voulons montrer que le Mali est riche de ses hommes, de ses femmes et de sa jeunesse. Mais malheureusement cette jeunesse, qui s’exile de plus en plus à la recherche d’un Eldorado, n’existe pas. Ces défis nous forgent aussi et c’est ce qui symbolise cette 9ème Edition du festival Daoualaba. », a laissé entendre Mme Van Til.

Mme Diamako Diarra, animatrice et productrice de coton au village de Shô, abonde dans le même sens : « à travers ce festival, les femmes de Shô ont pu créer des activités à travers la production, la transformation et la valorisation du coton que nous produisons sur place. Cela grâce aux initiatives et à l’appui de Awa Meité, promotrice de du festival Daoulaba ».

 

Pour Dr Amadou Aly Yattara, chef département Programme coton de l’Institut d’Economie Rural, un des conférenciers à ce festival, ce festival qui parle du coton, de sa transformation et sa valorisation est vraiment stratégique. Il est une opportunité pour parler du coton dont la place dans notre société et dans notre économie est importante. La transformation est certainement la voie à explorer pour améliorer la rentabilité de notre production parce que si nous ne transformons pas cela veut dire que nous exportons du coton brut qui va créer des emplois et des richesses ailleurs. « Avec 1 kg de fibre de coton, c’est une quantité énorme de mètres de fil qu’on fait. C’est des emplois que vous donnez. C’est vraiment une richesse que vous créez. Ce n’est pas les acteurs seuls qui peuvent faire ça. L’Etat est interpellé pour jouer son rôle en mettant tous les acteurs ensemble pour créer de la richesse pour notre pays. » insistera-t-il.

Quant à Dr Awa S. Doumbia, Directrice générale du Centre de recherche et de formation pour l’industrie textile (CERFITEX), une structure sous régionale basée à Ségou et spécialisée dans la formation en industrie textile, elle est venue parler du rôle que peut jouer la structure qu’elle dirige. « Nous sommes présents à ce festival pour faire connaitre au grand public notre structure. Nous appuyons toutes les initiatives allant dans le sens de la promotion et de la transformation du coton. Avec la création des industries, notre pays pourra produire beaucoup de tissus industriels avec notre coton et aussi réduire le taux de chômage. »

Durant cette randonnée artisanale, culturelle, commerciale et festive, parrainée par le ministre malien de la promotion des Industries, Mohamed Aly Ag Ibrahim, plusieurs activités ont agrémenté le séjour des festivaliers entre autres une foire d’exposition, un concert géant, un défilé de mode, un forum populaire et des pièces de théâtre sur la paix et la réconciliation, mais aussi la projection de films, des spectacles de masques et marionnettes entre autres.    Vivement la prochaine édition !

ABD

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