L’heure est grave à la direction régionale de la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) de Bougouni, qui est éclaboussée par une affaire de vente de graines de coton. Le chef d’expédition, M. Daou et son commis en sont les premières victimes. Arrêtés en fin de semaine dernière, ils ont été déférés devant le parquet de Bougouni.
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Le chef d’expédition de la CMDT de Bougouni et son commis croupissent depuis le week-end dernier à la Maison d’arrêt de Bougouni. Ils sont, en effet, inculpés pour vente frauduleuse de graines de coton en direction de l’étranger.
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Ils avaient tenté de faire sortir deux camions remorques, remplis de graines au nom d’un certain Yaya Konaté. Alors qu’en réalité, précisent nos sources, ces chargements étaient destinés au Port de Dakar. Ils auraient été dénoncés par des agents du service commercial de la CMDT au directeur régional.
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C’est ce dernier, sans autre forme de procès, qui aurait fait appel à la police pour les arrêter. Selon toujours nos sources, ces deux agents ne sont que des petits bonnets d’une affaire qui impliquerait de grosses pointures à Bougouni et à Bamako.
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Autant dire que d’autres arrestations devront suivre dans les prochains jours. Car, la question des graines est devenue un sujet de préoccupation nationale depuis un certain temps, non seulement du côté des usines de production d’huile et d’aliment bétail, mais également de la CMDT. Les deux parties s’accusent mutuellement d’exporter en catimini les graines de coton destinées à la production locale.
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A la direction générale de la CMDT, où nous nous sommes rendus hier, l’heure n’est pas aux commentaires, même si on parle d’« indiscipline dans la gestion des graines ». En tout cas, l’on se garde d’aborder le sujet de l’arrestation des deux agents de Bougouni. « L’affaire est entre les mains de la justice qui devra prouver leur culpabilité ou non. En attendant, nous ne pouvons pas faire de commentaires sur la question. Laissons la justice faire son travail comme il se doit », nous a-t-on dit.
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De l’eau au moulin d’Huicoma
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Ce qui est sûr, c’est que cette histoire, à l’image de celle de vente de coton malien au Burkina en 2001-2002, risque de coûter très cher à la Compagnie qui se débat depuis belle lurette dans des problèmes à n’en pas finir.
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Déjà, informent nos sources, le chef d’expédition qui n’a pas digéré sa dénonciation et son incarcération, promet d’en faire de même, c’est-à-dire de dévoiler ses complices. La quantité de graines attendue par la CMDT est estimée à environ 100 000 tonnes cette année, 30 000 tonnes sont déjà achetées. Ils ne restent que 70 000 tonnes pour l’ensemble des industries demandeurs. Les besoins pour les seules usines de Tomota dépassent largement cette production. Malgré tout, des agents avaient pris le risque de vendre à l’extérieur ces maigres graines au détriment des entreprises nationales.
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Voilà de quoi blanchir l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma) d’Alou Tomota, toujours soupçonnée d’exporter les graines de ses usines. Une bonne nouvelle également pour les autres unités de production d’huile, à l’image de l’Huilerie Abou Woro de Sikasso, qui avaient fermé boutique en juin dernier, pour manque de matières premières.
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A suivre
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Sidiki Y. Dembélé
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