Pénurie d’engrais dans la commune rurale de Dio : Le maire Daouda Koné et des responsables des services agricoles soupçonnés de favoritisme et de fraude

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Pénurie d’engrais dans la commune rurale de Dio : Le maire Daouda Koné et des responsables des services agricoles soupçonnés de favoritisme et de fraudeNous sommes vendredi 31 juillet, à 8h du matin devant le Service Local des Productions et des Industries Animales de Kati, chargé de la distribution des intrants agricoles. A la porte une foule de paysans venus des villages de Dio, KomiKomi, Dio-Gare, Kambila et autres villages du cercle de Kati à la recherche de la caution (reçu permettant d’acheter l’engrais subventionné par l’Etat à 11 000 FCFA le sac au lieu de 16 000 ou 15 000 FCFA ndlr). Un véritable parcours de combattant. Certains d’entre eux disent s’être réveillé très tôt pour parcourir de longues distances afin d’être au rendez-vous. Pendant que les paysans attendaient désespérément l’ouverture des bureaux ou du moins l’arrivée des fonctionnaires pour pouvoir avoir le précieux sésame (la caution), un homme surgit des locaux du service agricole pour leur faire le point de la situation. Lui c’est le maire de la commune rurale de Dio, Daouda Koné, qui est aussi un agent agricole et commerçant. « Aujourd’hui, les cautions d’engrais disponibles sont celles pour le maïs hybride et pour le riz NERIKA. Il n’y a pas de cautions  d’engrais disponibles pour le maïs local et le mil », a-t-il laissé entendre. Avant d’ajouter « Nous allons vous fournir ces cautions, mais lorsque les superviseurs se rendront sur le terrain, soyez sincères, et dites leurs que vous n’avons pas eu suffisamment d’engrais pour le maïs et le mil. Et que vous avez dû les compenser avec d’autres types d’engrais ». A défaut de sa maman on tète sa grand-mère, dit-il. Ainsi n’ayant pas d’autres recours, les paysans présents ce jour acceptent la proposition faite par le maire.  Et ce bien qu’ils  avaient besoin de l’engrais pour le mil et le maïs local et non de celui pour le riz NERIKA et le maïs hybride qu’un seul paysan cultive dans le cercle de Kati et ses environs, selon les explications du maire. Mais les paysans ne sont  pas encore arrivés au bout de leur peine. Après plus d’une heure d’attente, le maire réapparait à nouveau, et encore avec une autre mauvaise nouvelle. « Il n’y a que trente cautions disponibles en raison de cinq sacs par personne », dit-il. L’information a été reçue comme une douche froide par les paysans qui s’étaient inscrit sur une longue liste d’attente. Et certains obligés de retourner les mains vides pour  une énième fois. Interrogés, certains paysans témoignent être à leur troisième fois et d’autres à leur quatrième fois.

Les responsables du service agricole de Kati et le maire de Dio indexés par les paysans !

Ibrahim Maïga, chef service sous-secteur agricole de Kati, Demba Sangaré, le chef service agricole de Kati et le maire de Dio, Daouda Koné sont accusés par les paysans d’être à l’origine de leur malheur. Selon eux, la pénurie est expressément créée et entretenue  par  les deux responsables des services agricoles cités et le maire de Dio qui sont en train de s’enrichir sur leur dos.  «  Il y a belle et bien des cautions disponibles. Ils refusent de les donner aux paysans, parce qu’ils ont des réseaux de vente d’engrais subventionné. Or, sans caution nous sommes soit obligés d’acheter de l’engrais non subventionné ou de rester sans engrais », fulmine un paysan. Qui ajoute que le maire de  Dio, Daouda Koné qui est aussi agent agricole, a une boutique de vente d’engrais où il opère en complicité avec le chef de service sous- secteur agricole de Kati, Ibrahim Maïga et son collègue Demba Sangaré. Selon plusieurs habitants de Dio gare, Komi Komi et d’autres villages que nous avons interrogé au cours de nos investigations, les paysans sont servis en fonction de leur bord politique. « Le maire de Dio dispose d’une liste sur la quelle sont inscrits les paysans favorables à lui. C’est-à-dire qui militent dans le même parti (URD) que lui ou accepteraient de voter pour lui lors des élections communales à venir » nous a confié une de nos sources. Contacté par nos soins, le maire, Daouda Koné, nous confirme qu’il est agent agricole et dispose d’une boutique de vente d’engrais dont l’agrément a été signé par un ministre. Selon lui, dans sa boutique, il vend l’engrais subventionné à 11 000 FCFA le sac. Mais rejette en bloc les autres reproches qui lui sont faits par les populations. Mieux, le maire, Daouda Koné, celui-là même que nous avons vu le vendredi dernier au service agricole de Kati, jure la main sur le cœur qu’il n’a rien à voir dans la distribution d’engrais. « La pénurie d’engrais dans notre localité est une réalité, elle est même nationale. Mais je ne peux absolument rien vous dire là-dessus » dit-il.  Avant de nous demander de nous rendre à Kati au service agricole pour voir le chef de service sous secteur agricole, tout en nous donnant son nom avec précision (Ibrahim Maïga). « C’est une histoire politique » a-t-il clamé. Mais curieusement, le maire Daouda Koné, qui selon nos informations a quitté la CODEM pour l’URD a catégoriquement refusé de nous révéler le nom de son parti.

A suivre …

Lassina NIANGALY

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