Mesures incitatives pour la relance de la culture du coton en 2011-2012 :La CMDT ambitionne une production de 500 000 tonnes – – Le kilo du coton graine de premier choix fixé à 255 FCFA

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Après plusieurs années de crise suite à la chute du cours mondial du coton et un processus de privatisation qui tarde à aboutir, la CMDT entend relancer cette année à tout prix la culture du coton. Ainsi, une série de mesures viennent d’être prises par la Direction général dirigée par Tiénan Coulibaly. Il s’agit d’une augmentation sensible (70 FCFA de plus) des prix d’achat des différentes qualités de coton graine ainsi que la suppression de la caution solidaire.

Lors de la campagne 2003-2004, le Mali avait produit 600 000 tonnes de coton graine et se classait du coup au premier rang des pays producteurs de l’or blanc en Afrique au sud du Sahara. Un rang qui lui avait échappé depuis lors. Pour cette campagne, la Direction générale est décidée à remettre ça. Elle s’est fixé comme objectif d’atteindre pour la campagne 2011 -2012 une production de 500 000 tonnes de coton graine, soit le double de  la production prévisionnelle de cette année qui était de 260 000 tonnes. Pour cette campagne dont la commercialisation est en cours, tout se passe bien pour le moment.

Pour atteindre cet ambitieux objectif, la Direction générale de la Holding CMDT a pris certaines mesures incitatives comme l’augmentation sensible des prix d’achat des différentes qualités de coton graine aux producteurs. Ainsi, le coton de premier choix sera acheté à 255 FCFA le kilogramme, soit une augmentation de 70 FCFA  par rapport à la campagne précédente au cours de laquelle la même qualité était achetée à 185 FCFA. Le 2ème choix à 230 et le troisième choix à 210 FCFA le kilo. Outre cette augmentation des prix d’achat du coton graine la CMDT a changé certaines pratiques comme la caution solidaire. En effet, dans le passé, les crédits agricoles de campagne était attribués aux coopératives villageoises. Ainsi, les paysans qui produisaient plus de coton remboursaient à la place de ceux qui en produisaient moins même s’ils avaient le même niveau de crédit. Cette pratique avait encouragé certains producteurs à utiliser les engrais et intrants destinés au coton à d’autres cultures céréalières. Conséquence : les producteurs qui misaient beaucoup plus sur le coton ont peu à peu abandonné cette culture ou diminué leur production  car leurs efforts n’était pas récompensés.  Une injustice que la compagnie a désormais décidé de corriger. Ainsi, les crédits seront désormais individuels. Tout producteur remboursera le crédit qu’il a pris pour sa culture. A côté de ces mesures incitatives, la CMDT entend poursuivre la fourniture à temps des semences, engrains et intrants aux producteurs pour qu’ils puissent travailler suivant le planning de campagne des techniciens agricoles, lequel planning est fonction de l’évolution de la saison des pluies.

Aussi, la CMDT entend tout mettre en œuvre pour payer à temps les producteurs. Toutes ces mesures interviennent dans un contexte mondial favorable où le cours de l’or blanc est en nette progression.

"Aujourd’hui, la filière est soutenue par les plus hautes autorités du pays, les problèmes de paiements sont terminés. L’approvisionnement se fait dans les conditions idéales. Le marché est porteur. Donc, rien n’empêche le Mali de chercher à rattraper son niveau d’antan, qui était celui de premier producteur en Afrique au sud du Sahara avec ses 600 000 tonnes de coton graine produites en 2003-2004. Le coton est une culture très importante dans notre système de production agricole. Il est un moteur de l’économie de ce pays. C’est pourquoi, nous pensons que tout le monde doit se donner la main pour relancer cette culture " indiquait récemment le Directeur général adjoint de la CMDT, Salif Cissoko lors d’une interview accordée à notre journal.

La relance va-t-elle accélérer la privatisation ?

Réclamée depuis plusieurs années par la Banque mondiale, la privatisation de la CMDT traine encore. La Holding a été certes créée mais les quatre nouvelles sociétés tardent à voir le jour.

En effet, dans le cadre de la réforme du secteur coton, le gouvernement a adopté en 2001 la lettre de politique de développement du secteur coton qui prévoit à terme, la privatisation de la CMDT.  Le schéma prévoit la création de quatre filiales distinctes dont le capital de chacune devrait être cédé à hauteur de 61% à un opérateur privé de référence, 20% aux producteurs, 2% au personnel, la part de l’Etat devant être limitée à 17% dans chaque filiale.

Avec cette privatisation, la filière coton évoluera dans un nouvel environnement dans lequel l’Etat devra veiller au respect par tous les acteurs des nouvelles règles du jeu fondées sur la concurrence et la compétitivité. Pour faire face à ce nouveau contexte, le gouvernement prévoit la création de l’Autorité de Régulation du Secteur Coton.

Cette Autorité de Régulation du Secteur Coton aura pour mission d’assurer la régulation du secteur coton notamment veiller au respect des règles régissant les activités du secteur, proposer toute mesure visant à améliorer le fonctionnement de la filière, prononcer des sanctions contre les auteurs de pratiques entravant le bon fonctionnement du secteur et contribuer au règlement des différends entre les acteurs du secteur.

 La grande interrogation est alors de savoir si cette relance de la production cotonnière va inciter les éventuels repreneurs à se manifester et accélérer du coup le processus de privatisation ? 

Youssouf CAMARA

 

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