La campagne cotonnière 2022-2023 a mal démarré à cause d’un manque criard d’engrais. Pour autant, le monde paysan n’avait pas perdu l’espoir d’une année prometteuse, en raison de sa détermination à vaincre l’adversité. Un optimisme vite ravagé par l’apparition, en fin de cycle du coton, des insectes nuisibles qui ont détruit les cultures. Dans l’impuissante totale d’une Cmdt qui n’a pu rien faire face au fléau ; prise qu’elle est au piège du manque d’anticipation. Etat des lieux sur une campagne cotonnière sinistrée…
Plombée par de nombreux problèmes, dont l’un des plus récurrents concernait le manque criard d’intrants agricoles, la présente campagne s’annonçait déjà compliquée. Si dans l’ensemble, reconnaissons-le, les nouvelles ne sont pas très bonnes pour le coton (les autres pays ont été affectés par le phénomène d’infection des plantes), au Mali, tels que les échos sur les champs de culture nous parviennent, il faudrait s’attendre au pire.
Et pour cause ? Ici, dans les champs, outre cette dangereuse infection des plantes par les insectes, s’y ajoute l’impréparation des structures étatiques d’encadrement, voire l’absence totale d’anticipation, à accompagner les paysans sur le déroulement du cycle de maturation du coton.
Ces derniers, on le sait, ont pourtant déployé de gros efforts pour minimiser les nombreux facteurs négatifs du démarrage, quelque peu chaotique, de la campagne cotonnière, et qui redoutent, cette année, malgré eux, les pires conséquences d’une piètre production du coton.
En tout cas, les premières cueillettes de coton, dans de nombreuses zones de culture, laissent entrevoir une telle désolation dans le monde paysan.
A Fana, l’un des gros bastions cotonniers, c’est loin d’être l’optimisme. Face à la contreperformance chronique de la production cotonnière, les paysans expriment déjà leur désespoir et leur inquiétude. Nul doute là-dessus, ils aborderont la traite de coton avec la peur dans le ventre.
« Dans les champs de 6 hectares, rares sont ceux qui arrivent à avoir 1,5 tonne. Chez nous, dans la commune de Massigui, plus de 97% des champs de cette superficie ne dépassent pas ce résultat. Dans les champs de 10 hectares, on ne dépasse pas 3,5 à 4 tonnes. Tout cela dénote de la fin précoce de la cueillette de coton dans plusieurs localités. A calculer le prix de vente de ces quantités, on se rend compte qu’on ne pourra aucunement faire face aux charges liées aux intrants. L’argent généré de la production ne pourra pas supporter plus de 40% des frais d’intrants », s’alarment déjà les responsables des sections de la filiale coton de cette filiale.
Désemparés qu’ils sont, les cotonculteurs, quant à eux, tablent sur la prise en charge des frais d’intrants par l’Etat pour pouvoir au moins sortir la tête de l’eau. Déjà, dans cette optique, plusieurs associations de cotonculteurs, et non des moindres, ont saisi la Compagnie malienne pour le développement du textile (Cmdt), holding chargé de la gestion du secteur, pour espérer retrouver un début de solution, ne serait-ce que fortuite.
A l’évidence, le collectif des producteurs du coton est dans l’offensive. Selon plusieurs de ses responsables contactés par nos soins, une correspondance en bonne et due forme a même été adressée à la Cmdt, avec ampliation au président de la transition ; histoire d’alerter les plus hautes autorités du pays sur la crise inévitable du secteur du coton.
Dans ladite lettre, nous a-t-on rapporté de sources concordantes, il est très spécifiquement demandé au président de la transition, le colonel Assimi Goïta, de s’impliquer de toutes ses forces afin que l’Etat puisse renoncer à tous les frais d’intrants. Et cela, pour la simple raison qu’en plus du manque d’anticipation des structures d’encadrement sur le couvert végétal, il est bien indiqué que la contreperformance de la production est liée à une calamité naturelle.
En attendant une réponse favorable à cette requête des paysans, expressément formulée à l’endroit du président Assimi Goïta, c’est l’angoisse qui hante les millions de Maliens qui vivent directement du coton. Vivant d’autant plus dans la hantise des lendemains qui déchantent, les paysans sont d’ores et déjà conscients qu’à défaut d’une telle renonciation de la part de l’Etat sur les frais d’intrants, la situation du monde rural, déjà insoutenable, connaîtra un bien mauvais sort avec son lot de pauvreté qui s’aggravera sans doute avec la vente démesurée, voire le bradage, du bétail, seconde source financière dans les zones Cmdt.
Pourtant, tel un signe prémonitoire, votre journal « La Preuve » avait tiré la sonnette d’alerte, il y a juste quelques mois, sur l’éventualité d’un tel scénario catastrophe, à travers ce titre accrocheur : « Pénurie d’engrais au Mali : Péril sur la campagne agricole ».
Un danger aujourd’hui réel qui guette les paysans.
Malheureusement, pendant ce temps, plutôt que de prendre la menace très au sérieux et d’accentuer la vigilance sur le terrain, en anticipant sur les facteurs de déroulement de la campagne agricole, certains responsables, en charge de l’encadrement agricole, se lançaient dans de sordides opérations de séduction, visant à rassurer les acteurs du secteur cotonnier sur « l’engagement de l’Etat à tout mettre en œuvre pour satisfaire les besoins exprimés ». Rien de plus en termes de mesures concrètes d’assistance et d’anticipation sur l’état de développement des champs de culture.
Aujourd’hui, dans les zones de la Cmdt, si le coton est dans la tourmente des jours sombres ; cela ne semble surprendre aucun observateur averti du secteur cotonnier, pouvant anticiper, en fonction de l’accumulation des ratés du démarrage de la dite campagne, sur un tel résultat catastrophique, pour le pays, en fin de cycle du coton.
Nul n’en doute : avec le péril sur le coton, rien de bon ne s’annonce sur le Mali.
Peut-on encore éviter le pire dans les zones de Cmdt ?
Affaire à suivre donc….
Oumar KONATE
un kilogramme de coton=220f
un kilogramme de riz 620f
mali importe du riz
Attendons le rapport final des spécialistes de la CMDT sur la situation.
Et puis le coton ça ne se bouffe pas.
Le peu de coton qu’on aura on a que le transformer pour avoir la valeur ajoutée.Tout l’argent restera au Mali.
Le plus important c’est ce qu’on peut bouffer, les céréales….je n’oublie pas le haricot pour les Keita, Toure, Konate, Ouattara, Camara….eux, sans haricot ne survivraient point.
vive le Mali.
Comments are closed.