Dans cette interview accordée à notre rédaction quelques jours après la tenue du 14e Conseil Supérieur de l’Agriculture, le Président de la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton, Yacouba Traoré, rassure sur les objectifs de campagne de la CMDT. Il coupe court en même temps aux rumeurs selon lesquelles les paiements des cotonculteurs sont en souffrance et persiste que seuls 16% des paysans se trouvent dans le cas. Yacouba Traoré promet par ailleurs de les payer avant le début de l’hivernage.
Le Témoin : Comment le monde des cotonculteurs a-t-il accueilli les faveurs récemment accordées par le Conseil Supérieur de l’Agriculture quant à l’accès des producteurs aux engrais : 14 000 francs CFA pour le sac de 50 kg d’engrais minéral et 3 000 FCFA pour l’engrais organique et le prix du kilo du coton-graine premier choix porté à 300 FCFA ?
Yacouba Traoré : Tout d’abord, je tiens à remercier l’ensemble des cotonculteurs pour leur engagement, ce malgré la crise que traverse le Mali. Contrairement aux autres pays de la sous-région, le Mali est seul qui subventionne les intrants agricoles. Les cotonculteurs ont accueilli les conclusions du 14e CSA avec beaucoup d’espoir. Nos préoccupations ont été prises en compte. Les mesures prises par le gouvernement vont motiver les paysans et, j’en suis sûr, permettront d’améliorer la production.
Parlant de production, la CMDT vient de reconduire son plan de campagne de la campagne précédente et table sur 780 000 tonnes de coton graine. Les cotonculteurs sont-ils prêts à relever ce défi ?
Avec la maîtrise totale des jassides, le maintien de la subvention des intrants et l’augmentation du prix du kilogramme du coton graine, nous (cotonculteurs) sommes pressés de retourner au champ avec l’ambition de produire le coton. Et sous réserve de bonne pluviométrie, je n’ai aucun doute, les cotonculteurs vont atteindre les 780000 tonnes prévues par la CMDT.
Quid de la campagne finissante et des murmures selon lesquels la CMDT n’a toujours pas payé les cotonculteurs ?
Il est vrai que certains cotonculteurs n’ont pas été payés. Mais contrairement aux rumeurs véhiculées, à la date d’aujourd’hui, seuls 16% des paysans n’ont pas été payés. Ce retard est lié au problème de liquidité lié à la conjoncture mondiale que connaissent des banques de la place. Toutefois, le paiement suit son cours normal et je rassure les paysans qu’ils seront réglés d’ici le début de l’hivernage. Cependant, nous comprenons la frustration de nos parents paysans encore non payés. Nous leur disons de patienter juste deux à trois semaines.
Qu’en est-il de la manne de 9,938 milliards que le chef de l’Etat a mise à la disposition des cotonculteurs ?
Ce dossier a effectivement fait beaucoup de bruits. Mais à la date d’aujourd’hui, il est clos. C’est la clé de répartition qui posait problème. Si l’idée originale était de venir en aide aux cotonculteurs plongés dans l’insolvabilité et l’incapacité de solder leurs dettes après l’invasion précoce des champs par les Jassides, lors de la campagne cotonnière 2022/2023, des paysans ont réclamé à ce que le contenu de l’enveloppe soit partagé entre tous les cotonculteurs. Nous avons trouvé une solution idoine en laissant la prérogative à chaque coopérative de déterminer sa clé de répartition. Sauf que le paiement est adossé à celui du coton. Seuls les cotonculteurs des coopératives n’ayant pas reçu l’argent de leur coton n’ont encore reçu leur part des 9 milliards.
Comment se porte l’instance suprême des cotonculteurs après 4 ans de guéguerre sur de renouvellement de son équipe dirigeante ?
Je peux, aujourd’hui, sans me tromper, vous affirmer que la Confédération des Sociétés Coopératives des Producteurs de Coton du Mali se porte très bien. La cohésion est de retour de la base au sommet. D’ailleurs je suis à la tête d’un bureau consensus qui a mis fin à la saga judiciaire. Nous avons décidé d’enterrer la hache de guerre pour faire faire à l’essentiel. Et aujourd’hui le président de tous les cotonculteurs et non d’un clan ou d’une filiale. Et je compte les servir au mieux de mes capacités.
Propos recueillis par Amidou Keita