Accusée d’avoir fourgué, près de 40.000 tonnes d’engrais frelaté aux paysans, lors de la précédente campagne agricole, la SOMADECO n’a pas été retenue par la commission des appels d’offres du GIE pour la fourniture de l’engrais, appelé « complexe céréales » pour la campagne agricole 2016-2017. Chat échaudé craignant l’eau froide, l’entreprise de Souragata Diaby aurait reçu zéro pointé à l’issue de l’ouverture des offres.
D’une valeur de 78,6 milliards CFA, ce nouveau marché d’engrais, lancé par la CMDT, se décline en trois offres. Intitulé « appel d’offres 01/2015/GIE », le premier a été lancé pour la fourniture de complexe coton ; tandis que le second, « l’appel d’offres 02/2015/GIE », concerne le « complexe céréales » ; quant au troisième, plus connus sous le numéro « O3/2015/GIE » est destiné à la fourniture de l’urée.
D’un montant de 15, 8 milliards CFA, l’appel d’offres pour la fourniture de 45.100 tonnes d’engrais, appelé « complexe céréales », a enregistré la participation de plusieurs fournisseurs de la place , dont la SOMADECO. Il s’agit d’Alfarouk Service, S/Total, Arc-en- ciel, DPA, GDCM, Gnoumani, Millenuim Banico, SAD, Sangoye, SMIAS, SODRAF, Sogefert, SOPAM, Toguna-Agro, Yara-Agro Chimie…
A l’issue du dépouillement, l’offre de la SOMADECO a été rejetée par la commission des appels d’offres pour, dit-on, « non-conformité ». En clair, l’engrais proposé par SOMADECO ne serait pas loin de celle qu’elle avait proposée lors de la campagne précédente.
Le scénario-catastrophe de la précédente campagne évité de justesse
Selon une source proche de la commission des appels d’offres, la SOMADECO aurait reçu « zéro pointé » à l’issue du dépouillement .L’engrais qu’elle avait proposé n’était pas conforme aux normes. Aussi, le GIE redoutait un nouveau scandale autour de l’engrais. Comme ce fût le cas lors de la précédente campagne agricole.
« Il faut que nous soyons sérieux. La question des engrais m’importe énormément. Il s’agit d’une question de santé publique, de morale et d’éthique. Ceux qui se cachent dans ce secteur-là, et qui pensent pouvoir se jouer de nous, se jouent d’eux-mêmes. Ils auront le sort qu’ils méritent… », avertissait IBK en colère. C’était le 26 mai 2015, à l’ouverture du Conseil supérieur de l’Agriculture, tenu au Palais de Koulouba. La SOMADECO a-t-elle fait les frais de l’engrais frelaté dans ce nouvel appel d’offres ? S’est –elle « joué d’elle-même », comme l’avait indiqué plus haut le président de la République ?
Selon les experts, l’engrais livré, l’année dernière par la SOMADECO, « manque jusqu’à 21 nutriments sur les 50 que doit compter la tonne d’engrais livré ».
Et les mêmes experts d’ajouter : « cet engrais n’a aucune solubilité, ne répond en rien aux normes et ne pourrait que tuer la production nationale ».
De son côté, le ministre du Développement Rural, Dr Bocari Tréta va plus loin. Interpellé à l’assemblée nationale par le député RPM, Bafotigui Diallo, élu en commune VI du district de Bamako, il précise que : « les plantes ne profiteront pas des 41%, qui ne dissoudront pas. Les rendements pourront diminuer de 40%. Les parties qui ne seront pas solubles sont, généralement, les métaux lourds (chrome, plomb et cadmuim). Ils constituent même une menace pour la vie humaine et animale, si jamais ils sont drainés par les cours d’eau et sur la nappe phréatique. Parce que la quantité de ces métaux sera dépassée dans l’eau avec tous ces 40.000 tonnes d’engrais, qui seront utilisés », confessait-il sous le feu roulant des questions des députés.
C’est, peut-être, pour éviter le scénario-catastrophe de l’année dernière, que l’offre de Souragata Diaby pour la campagne 2016-2017 a été rejetée, par la commission de dépouillement, pour « non-conformité ».
Mais de là à vouloir demander l’annulation de cet appel d’offres, il n’y qu’un pas que Mr Diaby a franchi. Allègrement.
Oumar Babi