Suite à une demande exprimée au Président de la transition Assimi Goïta, 10 % de la production nationale de graines de coton a été réservé pour être destiné aux éleveurs, afin de diminuer les prix de l’aliment bétail, et par conséquent de la viande et du lait au Mali, ripostant ainsi pour réduire les effets des sanctions économiques de la CEDEAO sur notre pays.
La graine de coton devant subir une transformation pour l’adapter à la consommation du bétail, c’est aussi l’affaire des unités industrielles, qui fabriquent des tourteaux (les résidus solides de l’extraction de l’huile des graines ou des fruits oléagineux. Ce sont les coproduits de la trituration, procédé de fabrication de l’huile. Ils représentent généralement de 50 à 75 % de la masse des graines). Autorisé par le président Assimi Goïta, le ministre de l’Industrie et du Commerce en a fait son affaire.
A la surprise générale des promoteurs d’huilerie dont on compte une centaine d’unités sur le territoire, constituées en association appelée Fédération nationale des producteurs d’huile et de l’aliment bétail (FENAPHAB), la gestion faite par le ministère de l’Industrie et du Commerce, des 32 000 tonnes de graines a créé des frustrations et la discorde au sein de la FENAPHAB pour cause : seulement six unités ont été retenues par le ministère de l’Industrie et du Commerce, sans impliquer, ni la FENAPHAB, ni les éleveurs mettant un doute sur la pertinence et la transparence de la clé de répartition.
Selon nos informations, cette décision qui a provoqué la colère au sein de la Fédération n’est pas une gestion solitaire du ministère, mais tout se serait passé avec la complicité de certains membres de la FENAPHAB qui n’ont pas associé les autres membres du bureau.
Les six huileries bénéficiaires sont reparties comme suit : 02 à Sikasso ; 02 à Koutiala ; 01 à Bougouni et 01 à Bamako (Senou). Cette répartition, dénoncée par le collectif, n’a pas pris en compte la réalité de la carte de l’élevage d’embouche au Mali. Ainsi, certaines zones de concentration d’élevage d’embouche par excellence, comme Nara, Kati, Kayes, Ségou, Mopti, Djenné, Sofara, Koulikoro, dont les éleveurs sont obligés de se déplacer vers les six unités retenues sont plutôt victimes de la décision du ministère.
Pour s’approvisionner, les éleveurs de Nara, Ségou, San, Kayes ou Mopti, par exemple devront se rendre dans les zones de production et payer le transport du tourteau, grevant ainsi, les frais d’approche. Une bonne répartition en permettant d’impliquer le maximum d’unités de fabrique de tourteau dans le pays, aurait pu minimiser les frais d’approche pour les éleveurs, expliquent des producteurs. Ainsi, la répartition qui a mis la FENAPHAB devant les faits accomplis n’a pas seulement créé des problèmes entre les producteurs de tourteau, les mettant dos à dos, elle n’arrange pas en outre les éleveurs, qui devront faire face à des frais d’approche élevés.
Les usines de production de tourteau doivent se situer à des endroits proches des éleveurs et cela n’arrange pas à moins de 90 jours du mois de ramadan. Ce qui fait dire à ces membres de la FENAPHAB, qu’elle n’a pas été professionnelle.
Cette association de producteurs d’huile et d’aliments bétail n’a pas tardé d’exprimer son mécontentement, à travers une réunion d’urgence, qui a décidé de prendre langue avec le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud OULD MOHAMED. La dizaine de membres déléguée par l’association ont rencontré le ministre et ont parlé sans langue de bois. Selon nos informations recueillies dans le milieu proche de la Fédération nationale des producteurs d’huile et d’aliment bétail (FENAPHAB), les excuses présentées par le ministre ne permettront pas de réparer la grave situation créée au sein de leur association. Une pétition avait été ouverte pour recueillir la signature de ¾ des membres du bureau, afin de destituer le président du bureau, mais ce dernier a pris le devant en remettant sa démission signée en bonne et due forme en date du 15 janvier 2023.
Une assemblée générale extraordinaire de la FENAPHAB tenue le jeudi 19 janvier 2023 à la Direction nationale de l’Industrie. Cette réunion a constaté une fracture au sein de l’organisation sur la question des 32 000 tonnes de graines. La division est consommée au sein de la FEMAPHAB, certains membres soutenant le fait accompli (le choix des six huileries), tandis que la majorité trouvant que ce procédé est inacceptable a décidé de poursuivre la bataille. L’Assemblée générale a fait le constat de la division en son sein, la démission du président du bureau (celui-ci faisant partie des six producteurs choisis).
Un bureau transitoire de 11 membres a été mis en place pour une durée d’un an, chargé de gérer les affaires courantes et d’organiser l’élection d’un nouveau bureau. Il est dirigé par Moctar Goïta (membre de l’ancien bureau) et l’ancien secrétaire général, Sidiki Diabaté, ainsi que les six vice-présidents de l’ancien bureau.
B. Daou