Dr Nango Dembélé sur le plateau de l’Ortm : « On a de beaux jours pour le coton malien »

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Le Président-directeur général de la Compagnie malienne pour le développement des textiles, Dr Nango Dembélé, était l’invité de la semaine de l’Ortm, dimanche dernier. Sur le plateau de la télévision nationale, il a donné plus d’informations sur le protocole d’accord signé entre le Mali et la Chine pour la construction des deux usines de filature de coton dans notre pays.

«Je suis l’un des PDG les plus chanceux. L’initiative était toujours là à la Cmdt avec mes prédécesseurs. C’est probablement avec moi qu’on a la chance de pouvoir concrétiser ça. C’est lié à la forte volonté des autorités de la transition de sortir des chantiers battus, c’est-à-dire l’export du fil pour aller directement à une sorte de valeur ajoutée qui devrait nous permettre de créer plus d’emplois », se réjouit le patron de la Cmdt.

Selon lui, c’est important que « nous passions à une phase supérieure qui est la filature. Selon notre partenaire chinois, c’est le nœud le plus important dans la chaine de valeur. Ça donne l’ouverture à plusieurs possibilités de tissage et de confection d’habits. Quand on réussit cette phase, c’est le processus d’industrialisation du coton qui démarre immédiatement ».

En effet, à travers cette opération, la volonté politique s’est manifestée. « Ces temps-ci nous a permis de démarrer très rapidement. Nous avons eu notre premier contact avec la société il y a plus de 4 à 6 mois à Bamako. On a eu des séances de travail d’abord, ensuite des protocoles d’accord entre nous avec un appui fort de la présidence », expliquait le PDG de la Cmdt.

Pratiquement, dira-t-il, c’est un projet présidentiel. Au niveau de la Cmdt, « ça nous donne un atout majeur qui est la stabilisation de l’ensemble de la filière coton au Mali. C’est un produit de matière première dont les courts subtilisent du jour au jour, avec une étape importante avec la filature, le fil, les prix sont beaucoup plus stables que la fibre ».

En plus, ajoute Dr Nango Dembélé, c’est les filets qui donnent à peu près 30 pour cent de la valeur ajoutée depuis le paysan jusqu’à l’habit que nous portons. « C’était important que nous, nous demandions une part de cette partie pour nous même, pour nos producteurs et pour l’économie nationale. Donc, c’est une étape très décisive dans l’industrialisation du coton au Mali aujourd’hui et comme nos amis chinois l’ont dit, la plupart des pays qui se sont industrialisés à partir du textile sont passés par cette étape importante. Si on arrive à la maitriser, je pense qu’on a de beaux jours pour le coton malien », souligne-t-il.

Pour lui, le coton est important pour l’économie malienne et stratégique parce que son effet d’entrainement sur l’économie est énorme. Quelques exemples. Le système bancaire est fortement lié au secteur coton par la taille des crédits qu’il nous donne d’abord pour la commercialisation par an pas moins de 300 milliards de FCFA de crédits à la filière coton. Ensuite, les fournisseurs qui donnent les engrais, c’est encore les banques qui préfinancent l’achat des engrais. Les huileries qui traitent les graines de coton pour extraire le tourteau, c’est encore les banques qui financent. Donc, son impact sur l’économie bancaire est énorme. Ensuite, les unités industrielles de la graine de coton : combien d’emplois ! Dans la plupart des huileries du Mali aujourd’hui, c’est important.

C’est pour dire que c’est un des moteurs qui va tirer un des secteurs stratégiques. Cela est fondamental si on réussit ce passage à l’industrialisation du coton, les effets sur le reste de l’économie en termes d’emplois qui vont être crées, unités de transformation de coton en termes de tissage de serviettes et tout ce qui vont s’en suivent.

« Ne l’oublions pas, avec cette filature, nous allons faire la demande de chaque type d’utilisateur. Des habits de hautes gammes et des bas de gammes. Nous serons en capacité de répondre à toutes ces demandes. Nous allons travailler pratiquement sur commande et un circuit normal de distribution, c’est l’avantage de notre partenariat avec la société chinoise qui est déjà inséré dans le circuit international de distribution du fil. Ce n’est pas exclu pour la société de venir installer des unités de tissage au Mali. D’ailleurs, je pense qu’ils ne sont pas loin de faire un clin d’œil pour la reprise de la Cmdt. Mais pour eux, il faut commencer d’abord à réussir cette étape majeure qui est la filature. C’est très économique », précisait le patron de la Cmdt.

A noter que la « Société malienne de la filature (Somafil) », c’est désormais le nom de la nouvelle société qui filera bientôt le coton malien sur le sol malien. Avec 200 milliards de FCFA d’investissement pour une consommation de coton de 45 000 tonnes sur les 300 000 tonnes que produit le Mali, l’ambition des autorités de la transition à travers la Cmdt pose les jalons de la souveraineté économique.

Adama DAO

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